« The Lancet » appelle à « raviver le rôle du CDC américain »

RCI 2020-05-17 22:50:47
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Dans son éditorial du 16 mai «Raviver le rôle du Centre américain de contrôle et de prévention des maladies (CDC)», le magazine britannique The Lancet appelle à laisser libre cours à ce centre de manière à jouer librement et professionnellement son rôle.

Cet éditorial a aussi rappelé que la pandémie de COVID-19 continuait sa progression aux Etats-Unis, et que les statistiques du 12 mai dénombraient 1,3 millions de cas de contaminations et 80 684 morts. Après deux mois de confinement, les états les plus durement touchés aux Etats-Unis, notamment le New York et le New Jersey, ont vu le rythme de nouvelles infections et des décès ralentir. Mais, dans le Minnesota où le confinement devait prendre fin à la mi-mai, de nouvelles contaminations sont de plus en plus nombreuses. A l’Iowa, état où aucune mesure de restriction n’a été imposée, la vague de contaminations suscite des inquiétudes et soulèvent déjà des questions. Du coup, c’est l’incohérence constatée dans la manière inappropriée du gouvernement américain de lutter contre le COVID-19 qui est mise en cause.

Le CDC des Etats-Unis, un organisme important de la santé publique, a vu ses marges de manœuvres réduites. Les experts de ce centre ressemblent désormais à des conseillers dont les orientations n’ont aucune efficacité dans la lutte contre le COVID-19. Les relations tendues actuellement entre le CDC et le gouvernement fédéral sont apparues visibles lorsque «Washington Post» a relayé les commentaires de Deborah Birx, chef du groupe de travail américain sur le COVID-19 et ancienne directrice de la division mondiale du CDC sur le VIH / SIDA, qui a douté des statistiques sur le nombre de morts et de personnes infectées par le COVID-19 telles que rapportées par le CDC. « Il n'y a rien du CDC qui puisse m’inspirer confiance », a-t-elle dit. Il s'agit d'une déclaration inutile, mais aussi d'un acte d'accusation choquant d'une agence autrefois considérée comme référence en matière de détection et de contrôle des maladies dans le monde. Comment une agence, qui a été le premier point de contact de nombreuses autorités sanitaires nationales confrontées à une menace pour la santé publique, peut-elle aussi briller par l’impréparation au point de ne pas garantir la protection de la santé publique ?

Dans les décennies qui ont suivi sa fondation en 1946, le CDC est devenu un pilier national de la santé publique et mondialement respecté. Il a formé des épidémiologistes dont certains travaillent sur place aux Etats-Unis et d’autres à l’étranger. Les scientifiques du CDC sont à la base des découvertes de nouveaux virus et du développement des tests précis sur ces virus. Le CDC a également aidé l’OMS dans l’éradication de la variole. Cependant, le financement du CDC a longtemps été soumis à une politique conservatrice qui a de plus en plus érodé la capacité de l'agence à monter des réponses de santé publique efficaces et fondées sur des preuves. Dans les années 1980, l'administration Reagan a refusé d’accorder un budget important dont le CDC avait besoin pour lutter contre le VIH/SIDA. L'administration George W. Bush a imposé des restrictions aux programmes mondiaux et nationaux de prévention du VIH et de santé génésique.

L'administration Trump a encore réduit la capacité du CDC à lutter contre les maladies infectieuses. Le dernier officier du CDC américain en Chine a été rappelé en juillet 2019, laissant un vide en termes d’échanges d’information, surtout lorsque le COVID-19 a fait ses premières apparitions. Lors d’une conférence de presse le 25 février, Nancy Messonnier, directrice du Centre national du CDC pour la vaccination et les maladies respiratoires, a averti les citoyens américains de se préparer aux perturbations majeures liées aux déplacements et à la vie quotidienne. Depuis lors, Messonnier n'a plus réapparu dans les briefings de la Maison Blanche sur le COVID-19. Très récemment, l'administration Trump a remis en question les directives du CDC. Ces actions ont sapé le leadership du CDC et son travail pendant la pandémie de COVID-19.

Evidemment, le CDC américain a commis des erreurs, notamment sur les tests qu’il a effectués dans les premières heures de l’épidémie, a indiqué l’éditorial. Mais punir l'agence en la marginalisant et en l'entravant n'est pas la solution. L'administration Trump est obsédée par les balles magiques - vaccins, nouveaux médicaments ou espère que le virus disparaîtra tout simplement. Mais seule une confiance constante dans les principes de base de la santé publique, comme le test, le traçage et l'isolement, permettra de mettre fin à l'urgence, ce qui nécessite une agence nationale de santé publique efficace. Le CDC a besoin d'un directeur qui peut assurer le leadership fort, loin de toutes les menaces, et qui soit également techniquement capable de diriger les efforts complexes actuels.

L'érosion supplémentaire du CDC par l'administration Trump nuira à la coopération mondiale dans les domaines de la science et de la santé publique, comme elle essaie de le faire en suspension de ses contributions à l'OMS. Un CDC solide est nécessaire pour répondre aux menaces de santé publique, tant nationales qu'internationales, et pour aider à prévenir la prochaine pandémie. Les Américains doivent mettre un président à la Maison Blanche en janvier 2021, capable de comprendre que la santé publique ne devrait pas être guidée par une politique partisane, a conclu l’article.

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