Tibet: La conservation du patrimoine pour que l’histoire continue de vivre

RCI 2017-10-12 09:48:51
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Le Palais du Potala

Le Palais du Potala

Les voyageurs du Tibet peuvent admirer ses paysages grandioses, être surpris par sa culture singulière et ses incroyables reliques historiques. Le Tibet, l’une des régions chinoises où la protection du patrimoine culturel occupe une place très importante, abrite des milliers de reliques historiques dont la plus célèbre est sans doute le Palais du Potala. Pour préserver le patrimoine culturel unique du Tibet, les autorités locales ont pris diverses mesures pour conserver dans le meilleur état l’héritage transmis des ancêtres et présenter une histoire vivante aux touristes venant du monde entier.

Le Palais du Potala, situé au coeur de la Vallée de Lhassa, représente la quintessence des constructions combinant temple bouddhiste et palais, c’est le plus grand et le plus complet ensemble de palais datant de l’antiquité. Imprimé sur le billet de 50 yuans, le Palais est bien connu des Chinois. En 1994, le Palais du Potala est inscrit sur la liste du Patrimoine culturel mondial, rejoignant le Temple de Jokhang et le Jardin de Norbulingka. Pour protéger efficacement le palais, à partir du 14 juillet 2008, le gouvernement de la Région autonome du Tibet a imposé une limitation du temps et du nombre de visites. Les touristes doivent  réserver leur billet d’entrée une journée à l’avance et visiter le site pour une durée prédéfinie.

L’été est la haute saison touristique, le Palais du Potala fixe une limitation d’entrée à 5 000 personnes par jour, il est donc très difficile d’obtenir un billet d’entrée. Selon Jorden, vice-directeur du Service d’Administration du Palais du Potala, pour bien protéger cette carte de visite du Tibet qu’est le Palais, le système de limitation d’entrée est un entre-deux qui garantit à la fois la visite des touristes et la préservation des reliques historiques:

 «Nous avons beaucoup réfléchi sur ce dossier, mais les conditions du Palais sont très réelles: les corridors, les escaliers, et les temples sont tous très étroits, en outre les édifices sont bâtis avec des éléments en bois et risquent de s’effondrer en cas d’afflux. La limitation du nombre d’entrées est fixée selon des calculs faits pour que les constructions restent en bon état. Les pièces en bois nécessitent assez de temps pour se régénérer et ainsi accueillir les visiteurs du lendemain, si les gens marchent dessus tous les jours, cela endommagerait le bois et les constructions risqueraient de s’effondrer. »

Le Palais du Potala

Le Palais du Potala

Jorden affirme qu’il comprend l’attrait des visiteurs pour visiter le Palais du Potala, le service d’administration a envisagé de prolonger l’ouverture pour faciliter les visites, mais les données de surveillances scientifiques montrent que si les gens peuvent travailler en heures supplémentaire, ce n’est pas le cas des objets historiques. Les premières constructions du Palais du Potala remontent à la dynastie des Tang, sous  le règne du roi Songtsen Gampo, qui date de 1 300 ans. Les édifices de cette époque ont pour la plupart été détruits au cours des guerres, ceux que l’on voit aujourd’hui sont issus de leur reconstruction au 17e siècle. Aujourd’hui on peut constater des fissures sur sol et l’absence de certains murs. Jorden affirme que le gouvernement attache une grande importance à la protection du Palais, depuis 1949 l’Etat a investi dans deux réparations à grande échelle:

 «La première réparation a eu lieu entre 1989 et 1994, l’Etat a investi 55 millions de yuans, il s’agissait du plus important investissement en terme de conservation du patrimoine à cet époque-là. En 1994, le Palais du Potala a été inscrit sur la liste du Patrimoine culturel de l’Unesco. Après 7 ans, en 2001 la deuxième réparation a été lancée, l’Etat a investi 2,3 milliards de yuans, les travaux se sont focalisés sur l’intérieur et la façade du bâtiment. Le Palais a des centaines d’années, l’endommagement des sols et des murs fondateurs est très grave, causé par les fréquents séismes qui font trembler le Tibet. Ça entraine des risques, donc le gouvernement a investi dans la réparation des murs fondateurs et pour la prévention des fuites d’eaux.»

En parallèle des réparations, le Palais du Potala a mis l’accent sur la conservation préventive. Le vice-directeur du Service d’Administration du Palais du Potala, Jorden, indique que les mesures de protection sont de meilleur qualité et les moyens adoptés plus modernes:

 «La protection auparavant était plus traditionnelle, c’est-à-dire que si un endroit était endommagé ou qu’il y a vait une fuite d’eau, on le réparait. Depuis cinq ans que nous adoptons des mesures plus scientifiques, avec une surveillance de la structure architecturale du Palais du Potala. La première surveillance est effectuée sur les éléments en bois, comme l’afflux du Palais est énorme, cela provoque un dégât important sur les pièces en bois. On a fixé une limite d’entrée à 5 000 personnes, cette décision vient des données scientifiques. Pour le moment nous sommes en train d’appliquer un traitement imperméable. Et puis prochainement, nous allons établir un plan précis du bâtiment, représentant tous les corridors, espaces et dégâts tels que les fissures et les affaissements. Une fois ces données collectées, nous serons capables de comparer les fissures et les dégâts et de contrôler la réparation en avance.»

Le Jardin de Norbulingka

Le Jardin de Norbulingka

Le Jardin de Norbulingka, est également considéré comme un patrimoine culturel au même niveau que le Palais du Potala. Situé en banlieue ouest de Lhassa, le Jardin de Norbulingka a été mis en construction au 18e siècle. Son nom signifie «Jardin des trésors», le Jardin de Norbulingka est un jardin typiquement tibétain. Après son élargissement pendant plus de 200 ans, Norbulingka dispose du plus grand nombre de reliques anciennes et des plus beaux paysages parmi les jardins artificiels du Tibet avec des verdures luxuriantes, des plantes diverses et son architecture raffinée.

Lhapa Tsering, directeur du Service d’Administration du Jardin de Norbulingka affirme que le gouvernement central attache toujours une grande importance à la conservation, au développement et à l’administration du jardin. Avec le fort soutien du gouvernement central et de la région autonome, la protection du patrimoine avance avec le temps :

 «Après avoir présenté une demande au Fond national spécial, nous avons effectué des travaux de conservation ces dernières années. On a créé le premier centre de surveillance du patrimoine culturel du Tibet à Norbulingka, l’Etat y a investi 10 millions de yuans. La surveillance couvre l’architecture, les fresque, les plantations, les plans d’eau, la billetterie et l’afflux des touristes.»

Le Jardin de Norbulingka

Le Jardin de Norbulingka

Selon Lhapa Tsering, à part les constructions architecturales, le jardin de Norbulingka dispose de plus de 30 000 objets historiques, dont la plupart sont des Thanka, statues de Bouddha et soutras. Grâce au climat sec du Tibet, 80% des objets historiques sont maintenus en bon état. Le plus inquiétant est la protection des soutras, en cas d’humidité et de température défavorable, les couches externes des soutras risquent de tomber. Lhapa Tsering affirme que le but de la surveillance scientifique est de réduire au maximum les dégâts potentiels. Le Centre de surveillance effectue des veilles diverses sur des objets historiques de différentes catégories en s’adaptant à chaque relique:

 « On installe des capteurs et des indicateurs d’humidité et de température, les données captées sont calculées et analysées pour connaître en direct l’état du patrimoine. La trop grande sècheresse ou l’humidité des fresques peut ainsi être surveillé par ce système. »


La conservation du patrimoine est un projet de grande ampleur, la prévention consiste à livrer des efforts pour des résultats doubles. En novembre 2015, la Règlementation sur la conservation du patrimoine du Palais du Potala du Tibet est entrée officiellement en vigueur. Ce document législatif, premier du genre dans la région, place la protection du patrimoine du Palais du Potala sur une voie d’administration législative plus sévère.  Jorden, vice-directeur du Service d’Administration du Palais du Potala:

«La Règlementation vise en principe les zones aux alentours du Palais du Potala. Il est interdit de bâtir de hautes constructions dans ces zones, on a fixé aussi les activités commerciales du Palais. Il s’agit du premier document élaboré par la région du Tibet sur la protection du patrimoine. Dans les zones de protection, toute rénovation sur l’environnement devait recevoir une autorisation afin de mettre en œuvre une protection préventive autour de la zone du Palais du Potala. »

Outre le Palais du Potala, le Temple de Jokhang et le Jardin de Norbulingka, tous deux inscrits sur la liste du patrimoine mondial, on décompte en outre 4 277 sites historique au Tibet. Depuis cinq ans, la protection du patrimoine au Tibet a mis l’accent sur l’usage de la science et la transmission du savoir-faire traditionnel.

Selon Lhapa Tsering, directeur du service d’administration du Jardin de Norbulingka, les Grottes de Mogao, monuments historiques du nord-ouest de la Chine, ont fait resurgir des trésors d’art dans les grottes grâce à des techniques numériques comme la réalité virtuelle, l’animation et l’interractivité. En suivant l’exemple des Grottes de Mogao, le Jardin de Norbulingka s’est aussi lancé dans la numérisation du patrimoine:

   « La numérisation est la tendance de conservation du patrimoine pour le futur. Prochainement nous choisirons un palais comme essai et puis nous numériserons les fresques de plus de 2 000 km2. Toutes les constructions seront également numérisées, le Jardin de Norbulingka sera présenté en réalité virtuelle. L’essai sera lancé à la fin de l’année. »

Pour sa part, Jorden du Service d’Administration du Palais du Potala affirme que le site compte aussi mettre en œuvre ce projet de numérisation. Pour les touristes et amateurs de culture et d’art, ce serait une très bonne nouvelle. 

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