Un spécialiste de la Chine britannique : l’Occident doit trouver une autre façon de traiter avec la Chine

RCI 2019-05-08 17:17:15
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Martin Jacques, célèbre spécialiste britannique de la Chine et chercheur en chef à l’Université de Cambridge, a indiqué récemment dans l’un de ses articles que, l’Occident, notamment les Etats-Unis, devront trouver un autre moyen de traiter avec la Chine et arrêter d’être prétentieux et de faire preuve de complaisance. Les Etats-Unis devront apprendre à s’adapter au nouveau monde, tout en acceptant la Chine comme un concurrent comparable et en définissant de nouvelles formes de coopération et de confrontation avec la Chine.

Dans son article intitulé “What China Will Be Like as a Great Power”, il a indiqué ceci : « Le problème le plus mortel de l’Occident est qu’il n’y a pas de compréhension de la Chine au fond de notre esprit, et notre paradigme de pensée considère les valeurs de l’Occident comme universelles, c’est-à-dire qu’il n’y a qu’une modernité dans le monde, et c’est la modernité occidentale. » Mais cette formulation n’est plus valable. Comme la Chine n’est pas la seule à avoir connu des changements radicaux dans le monde, de nombreux pays en développement ont des racines historiques, politiques et culturelles différentes de celles de l’Occident. Dans ce contexte, l’occident doit commencer à essayer de comprendre les différences entre la Chine et l’Occident.

Il a, dans son article, évoqué quatre différences entre la Chine et l’Occident. Premièrement, la Chine ne doit pas être simplement classée comme un état-nation. La Chine est à la fois un pays civilisé et un Etat-nation. Deuxièmement, au cours de sa longue histoire, la Chine a dressé un bilan d'expériences, selon lequel, le seul moyen permettant de maintenir l’unité et de garantir le bon fonctionnement de la machine de l’Etat est de respecter suffisamment les différences régionales, c’est-à-dire "une civilisation et un système multilatéral ". Troisièmement, Malgré les grandes différences entre le système social chinois et le système social occidental, celui de la Chine bénéficie toujours d’un soutien considérable et d’une légitimité suffisante. Quatrièmement, les valeurs universelles de la Chine sont de type résident, c’est-à-dire qu'elles prônent le développement dans son propre pays, tandis que celles de l’Occident se dirigent vers l’étranger.

Il a fait remarquer que si l’on se penche sur l’histoire de la Chine et celle de l’Occident, on constate une différence significative, à savoir que la tradition chinoise ne consiste pas à envoyer des troupes à l’étranger, et que les Chinois attachent réellement une grande importance à la force culturelle. La tradition occidentale et la tradition chinoise incarnent en fait deux voies. L’Occident accorde une grande importance à la puissance militaire, tandis que la Chine accorde une grande importance à la force culturelle.

Martin Jacques a également souligné qu’en tant que puissance mondiale, la Chine dispose de plusieurs caractéristiques principales. Premièrement, la transition économique est remarquable. En 2030 ou 2035, le PIB de la Chine atteindrait un tiers du total mondial et l’économie chinoise serait plus importante que le total des États-Unis et de l’Europe. Deuxièmement, La priorité stratégique du plus haut niveau dans les relations extérieures de la Chine est celle des relations avec les pays en développement. La Chine a une certaine affinité avec les pays en développement et peut comprendre les différents problèmes auxquels ils sont confrontés. Troisièmement, l’initiative « la Ceinture et la Route » peut apporter de grands changements au mode de gouvernance. L’importance de la monnaie chinoise, RMB, sera de plus en plus évidente dans les pays participant à l’initiative. La Chine jouera un rôle de plus en plus important dans le domaine juridique. Il a indiqué que c’est une erreur que les Etats-Unis adoptent une attitude de non-engagement à ladite initiative. Quatrièmement, les relations sino-américaines. Le problème fondamental de la concurrence sino-américaine ne réside pas dans le commerce, mais dans l’innovation. La Chine a maintenant une capacité d’innovation extrêmement forte et est devenue une puissance mondiale innovante. L’ascension économique de la Chine représenterait un défi sérieux pour les États-Unis, mais il serait erroné de recourir au protectionnisme. Il est, en effet, très important que les entreprises américaines s’engagent à y adhérer et à apprendre de la Chine, alors que l’économie chinoise est fortement compétitive et en pleine expansion.

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