Guerre commerciale : Donald Trump se contredit en subventionnant des agriculteurs américains

RCI 2018-07-25 20:26:41
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Le président américain Donald Trump a déclaré le 24 juillet qu'une subvention agricole à la hauteur de 12 milliards de dollars serait donnée aux agriculteurs américains pour qu’ils survivent à la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, l'Union européenne et d'autres pays. Si sa mémoire est bonne, il n’oubliera pas que l'une des ses accusations lorsqu’il a déclenché cette guerre, les subventions gouvernementales dont bénéficient les produits exportés vers les États-Unis. La Maison Blanche est prête à subventionner. N'est-ce pas un geste contradictoire ? 


La décision de Trump, une fois de plus, donne raison aux économistes qui ont crié haut et fort devant la Maison Blanche que dans une guerre commerciale, tout le monde sort perdant. Le commerce est une situation gagnant-gagnant. Cependant, l’Administration Trump croît paranoïaquement que le commerce est un jeu à somme nulle.


Tous les contribuables américains au secours aux agriculteurs. Tel est le scénario inévitable de cette guerre commerciale, car les tarifs punitifs imposés par les Etats-Unis entraînent surement des représailles des pays partenaires commerciaux, dont le secteur agricole constitue une cible formidable. Les agriculteurs américains, victimes de la guerre commerciale de Trump essuient les revers de cette guerre peu glorieuse. 


Les Etats-Unis sont le premier exportateur mondial des produits agricoles. Ses exportations agricoles ont atteint un niveau record en 2017, avec un excédent commercial de 21,3 milliards de dollars. Pour contre-attaquer les Etats-Unis, l'Union européenne, le Canada, le Mexique et la Chine ont imposé des droits de douane sur les produits agricoles américaines. Selon l’estimation de son département de l'Agriculture, ces mesures coûteront à l'industrie agricole environ 11 milliards de dollars.


L’Administration Trump critique la politique de subvention des autres pays, estimant que ces pratiques vont à l’encontre des règles de l'OMC. Maintenant, elle fait ce qu’elle juge illégal, et ce au détriment de ses contribuables. On comprend bien que dans cette décision joue l’enjeu des élections de mi-mandat en novembre prochain. Cela montre bel et bien l’arrogance américaine et sa doctrine de « deux poids deux mesures ».


Pourtant, la Maison Blanche peut-elle résoudre son problème ? A cette question, le directeur du Bureau de l'Agriculture du Missouri, Blake Hurst a déclaré qu'à moins que la politique de la Maison Blanche ne change, l'agriculture américaine sera toujours sous les pressions. Les recours à court terme ou temporaires ne résolvent pas le vrai problème. 


Le président américain avait cru que la guerre commerciale profiterait aux États-Unis, et la victoire serait bientôt au rendez-vous. Le scénario est plus sinueux qu'il ne l'imaginait. Les subventions en faveur du secteur agricole soulèveront d’autres problèmes. Le sénateur de l'Alaska, Lisa Murkowski a posé la question suivante : qu'en est-il du secteur manufacturier et de l’énergie ? Quel est le critère pour être subventionné ? Le New York Times a posé d’autres questions dans un éditorial : les fabricants qui doivent payer plus pour l'acier et l'aluminium importé ont-ils besoin de subventions ? Et les travailleurs qui perdront l’emploi suite à la délocalisation du producteur de motocyclette Harley et le fabricant de la liqueur Bourbon dont la vente a chuté à cause de la guerre commerciale ?


En effet, la clé pour dénouer la situation est dans les mains de l’hôte de la Maison Blanche. Selon le sénateur républicain Ben Sasse, la guerre commerciale était une opération qui a amputé la jambe d'un agriculteur, tandis que la subvention était une prothèse « en or », car elle coûte 12 milliards de dollars. Dans le tweet du sénateur Rand Paul, on lit sa proposition : si les tarifs punissent les agriculteurs, la solution n'est pas la subvention, mais l'élimination des droits de douane.

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