Si les Etats-Unis ne renonçaient pas à l’hégémonisme et l’unilatéralisme, n’importe combien de rencontres « Trump et Poutine » ne pourront pas dégeler les relations russo-américaines

RCI 2018-07-17 22:59:10
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Le président américain Donald Trump et son homologue russe Vladimir Poutine ont eu leur premier entretien le 16 juillet à Helsinki, capitale finlandaise. Les deux parties ont eu un entretien à huis clos de plusieurs heures dans la résidence présidentielle finlandaise. Ce premier entretien est « constructif ».

Après tout, rester hostile l’un à l’autre ne correspond aux intérêts d’aucune partie, ni les Etats-Unis, ni la Russie. 

Juste deux jours avant cette rencontre, l’enquête sur la « Russiagate », les ingérences russes dans les élections présidentielles américaines, a pris l’ampleur soudainement. Le Ministère américain de la Justice a déclaré qu’il déposerait une plainte en justice contre 12 agents de renseignements russes en les accusant d’avoir envahi dans le système informatique du Parti démocrate à la veille des élections présidentielles américaines. De nombreux fonctionnaires américains en ont profité pour protester contre la rencontre entre Trump et Poutine. Malgré tout cela, face aux pressions, Trump est parti pour la Finlande. La passion de Trump pour sa rencontre avec Poutine ont plusieurs raisons : d’une part, c’est la campagne pour les élections à mi-temps prévues en novembre ; d’autre part, une rencontre avec Poutine pourrait presser les pays de l’OTAN en vue d’avoir plus de contrepoids pour les Américains dans les négociations sur les problèmes comme la dépense militaire.

De la part de Poutine, la rencontre avec Trump, quoi que ce soit le résultat, ce serait absolument une démarche diplomatique importante pour la Russie cette année. Dans un contexte que les relations avec l’Occident sont tombées au plus bas niveau à cause de la crise de l’Ukraine, le sommet russo-américain est en effet une occasion de briser l’impasse. En mai dernier, Poutine, qui vient d’être réélu président russe, a promis de maintenir la position de la Russie parmi les cinq premières entités économiques du monde avant 2024. Une éventuelle amélioration des relations avec l’Occident et une réduction des limites sur le développement économique russe dues aux sanctions, pourraient influencer directement le fait si Poutine pourrait tenir ses promesses. Donc, c’est pourquoi Poutine a prêté une attention particulièrement importante à cette rencontre et en attendait beaucoup.

Les deux parties ont la même volonté pour la rencontre, alors, une telle rencontre pourrait-elle dégeler vraiment les relations américaino-russes ?

Selon la conférence de presse conjointe donnée par les deux président à l’issue de leur rencontre, Trump et Poutine ont abordé des points suivants : la « Russiagate », le problème nucléaire sur la péninsule coréenne, la lutte contre le terrorisme, le contrôle des armes nucléaires, la coopération dans le commerce et les investissements, la situation en Iran et en Syrie. On peut dire que sauf le problème de la Crimée, le sujet difficile et impossible de trouver une réponse dans les relations américano-russes, d’autres problèmes concernant les relations bilatérales ont été cités lors de la rencontre. 

En effet, les relations russo-américaines sont très compliquées avec de nombreuses contradictions divisées en deux catégories: d’une part, ce sont des conflits des intérêts; d’autre part, il s’agit des conflits sur la conception des valeurs. La première catégorie pourrait être résolue par négociations et compromis, tandis que la deuxième est difficile d’être résolue dans un court laps de temps. 

Sur la question syrienne, il existe des conflits directs dans les positions et intérêts des Etats-Unis et de la Russie. Mais les deux parties peuvent encore réconcilier leurs points de vue et réduire leurs divergences à travers les entrevues ou même les compromis. Compte tenu de la consolidation du régime de Bachar al-Assad, il est probable que Trump reconnaît la légitimité du régime de Bachar et ne tente plus de renverser son régime en échange des efforts déployés par la Russie dans la réduction de la présence militaire iranienne en Syrie. 

Cependant, la divergence sur le problème d’Ukraine entre les Etats-Unis et la Russie ressemble plus tôt au conflit de la conception des valeurs historiques. Aux yeux de la Russie, la récupération de la région de Crimée est non seulement une action de justice qui répond à l’aspiration du peuple, mais aussi leur « dernière ligne de défense» pour défendre leur propre intérêt ; mais, aux yeux des Etats-Unis, l’action de la Russie dans cette région est un acte d’agression, ce qui menace gravement la sécurité en Europe. Sur ce problème, aucun signe ne montre que les deux parties vont faire le compromis.

En effet, une méfiance réciproque a dominé dans les rapports des deux pays. Cette méfiance est née durant la guerre froide et se résiste après la fin de cette guerre. Depuis la fin de la guerre froide jusqu’à présent, restreindre l’espace vital stratégique de la Russie constitue toujours une politique constante des gouvernements américains. Notamment avec l’élargissement à l’est de l’OTAN par les Etats-Unis, un acte perfide américain, l’attitude du président russe Vladimir Poutine sur l’OTAN a progressivement changé : auparavant, la Russie voudrait devenir « membre officiel » du G8 et portait une attitude ouverte sur la coopération avec l’OTAN ; maintenant, la Russie s’éloigne de plus en plus de l’Occident. On peut bien imaginer le trajet psychologique qu’a connu le président russe.

Sur le plan de l’ordre internationl, la Russie préconise un développement multipolaire à l’échelle internationale, alors que les États-Unis ne veulent pas renoncer à leur hégémonie mondiale. Dans le domaine de l’économie, la Russie est favorable au libre-échange et au multilatéralisme, tandis que les États-Unis d’aujourd’hui vont de plus en plus loin sur la voie du protectionnisme et de l'unilatéralisme en provoquant des conflits commerciaux partout.

Actuellement, le réchauffement des relations russo-américaines dépend non seulement de la résolution des dossiers brûlants sur l’Ukraine, la Syrien et l’Iran, mais aussi de l’opinion publique au sein des Etats-Unis sur leurs relations avec la Russie. Si les Etats-Unis ne renoncent pas à leur position constante sur l’hégémonie et l’unilatéralisme, n’importe combien de rencontres « Trump et Poutine » ne pourront pas dégeler les relations russo-américaines.

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