​Jacques-Rémy Girerd: « Un film d’animation chinois a été décisif dans ma carrière »

RCI 2018-06-20 18:29:01
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Jacques-Rémy Girerd: « Un film d’animation chinois a été décisif dans ma carrière »

Jacques-Rémy Girerd, réalisateur français de film d’animation et fondateur du studio Folimage, est actuellement à Shanghai en tant que président du jury pour la compétition du meilleur film d’animation dans le cadre du 21e Festival international du Film de Shanghai (SIFF) qui a ouvert ses rideaux le 16 juin.

Réalisateur de L'Enfant au grelot, la Prophétie des grenouilles, Mia et le Migou, Jacques-Rémy Girerd a répondu aux questions de RCI par rapport à sa vision sur le métier du film d’animation et son histoire avec la Chine.

Cinq films sont en lice pour la Coupe d’Or dans la catégorie du meilleur film d’animation du festival. Parlant des critères d’évaluation d’un bon film d’animation, Jacques-Rémy Girerd a présenté l’importance du scénario et du graphisme, mais il a notamment une préférence pour les films qui touchent les gens. “A travers tous les films qu’on peut voir, j’essaie de définir les films qui vont me toucher, ceux qui me parlent d’une façon nouvelle ou originale, qui m’emmènent dans un univers inconnu que je veux découvrir et dans une histoire captivante qui s’adresse à notre esprit et émotion”, a-t-il pointé.

Le cinéma d’animation chinois n’est point étranger pour lui. Un film d’animation, dont le nom est Le Roi des singes, est parmi l’un des premiers films qu’il a vus. “ Je parle souvent du Roi des singes, parce qu’il a été l’un des premiers films que j’ai vu en tant que jeune homme. Et ce film a été sans doute décisif dans ma carrière. J’ai été touché par ce film, par sa grande qualité et son originalité, j’ai été emporté par ce film”, a affirmé Jacques-Rémy Girerd.

En effet, ce film produit par le Studio du film d’animation de Shanghai dans des années 60 constitue une œuvre très importante pour le cinéma chinois et compte beaucoup dans l’histoire de la production du film chinoise. “Je crois qu’aujourd’hui il est encore très important, il y a une nouvelle version qui a été faite il y a deux ou trois ans et qui avait eu un succès énorme, il est encore vivant ce roi des singes”, a souligné M. Girerd.

Si le Roi des singes représente la réalisation des anciens créateurs d’animations chinois, depuis ces dernières années, les jeunes cinéastes chinois font leur apparition à l’international, leurs films sont reconnus par les professionnels mondiaux, y compris le Festival du film d’animation d’Annecy. En 2017, la Chine était le pays hôte du festival d’Annecy qui a pour but de rendre hommage à l’intégralité du cinéma chinois. “ Ils ont raison, parce qu’il y a de quoi montrer le renouveau de l’animation chinoise, la qualité et la pertinence de ces films. On a vu à Annecy un panorama des films d’animation chinois qui sont très intéressants”, a expliqué M. Girerd. La première visite en Chine de Jacques-Rémy Girerd pour raison cinématographique c’était en 2004, “J’ai vu un cinéma chinois en train de déclore, j’ai rencontré un grand nombre d’étudiants qui commençaient tout juste à se frotter à l’animation et au scénario d’animation. Et aujourd’hui après près de 15 ans, je vois le boom spectaculaire, c’est très impressionnant”, a-t-il remarqué.

Avec l’originalité en scénario et graphisme, les films d’animation européens dont ceux de la France restent toujours dans un style singulier grâce à ses poursuites sur l’originalité et la créativité. Cependant, face aux défis des films 3D et des grandes productions américaines, il semble que les films d’animation européens avancent sur un autre chemin et sont en retard. Pour cela, M. Girerd a affirmé qu’il va poursuivre la recherche sur les films 2D. “ On n’a pas fini notre chemin dans le film 2D où il y a encore beaucoup de choses à découvrir. Et pour nous, la liberté graphique, elle est là encore en 2D aujourd’hui, on a très peu de contraintes, et donc on est plus libre”, a-t-il expliqué.

Et c’est aussi par cette connaissance qu’il voit de bon œil la perspective du film 2D. “ Cette liberté nous laisse faire des films un peu différents et le public peut le ressentir et l’accepter, cela nous encourage à continuer à produire des films”.

La signature Folimage est en quelques sortes, synonyme de la qualité française en matière de film d’animation, alors que Folimage n’est pas très productif. “On a toujours fait le choix de la qualité plutôt que la quantité”. Jacques-Rémy Girerd a cité l’exemple de la Prophétie des grenouilles, qui a remporté un énorme succès dans de nombreux pays. “Quand j’ai fait la Prophétie des grenouille, j’ai mis six ou sept ans pour faire un film avec toute l’équipe. On a mis beaucoup de temps parce qu’il faut trouver le rythme pour bien faire les choses, se questionner, se mettre en question, aller au plus loin possible dans les détails et rechercher l’émotion. Le film se fait comme ça, il faut du temps, le temps est associé avec la qualité. Je sais qu’il y a des façons de faire plus vite, mais ce n’est pas du tout notre choix”, a souligné Jacques-Rémy Girerd.

 

 

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