COVID-19 : selon le PDG de Michelin Chine, « c'est la transparence et la responsabilité de la communication chinoise que je retiens »

chinaorg 2020-02-15 11:14:24
Share
Share this with Close
Messenger Messenger Pinterest LinkedIn WeChat

Depuis le début de l’épidémie de pneumonie virale, survenue de façon très inattendue en décembre 2019 à Wuhan, dans le centre de la Chine, les cas de contagion se multiplient, y compris à l’étranger. Face à cette situation difficile, le gouvernement chinois prend toutes les mesures qui s’imposent pour empêcher la propagation de ce nouveau coronavirus baptisé 2019-nCoV. Des milliers de médecins du pays se rendent avec courage les uns après les autres à Wuhan pour sauver davantage de patients infectés, les autorités locales ont fait le nécessaire pour que les magasins d’alimentation soient ouverts comme d’habitude, et l'ensemble du peuple chinois est mobilisé pour lutter contre ce nouveau coronavirus.

Dans cette campagne contre l'épidémie, les entreprises internationales implantées en Chine sont aussi concernées et passent à l'action. Présent en Chine depuis 30 ans, le groupe Michelin y gère plusieurs usines et représente plus de 7 000 employés, dont 60 à 70 expatriés. Lors d’une interview exclusive accordée à China.org.cn, Kamran-Charles Vossoughi, PDG de Michelin Chine, a montré son appréciation vis-à-vis des mesures prises par la Chine contre le nouveau coronavirus.

Face à l’épidémie, « pas de raison de quitter le pays »

« Après avoir consulté le médecin de travail du groupe et notre médecin de travail sur place, nous avons décidé de ne pas demander à nos expatriés de quitter le pays, parce qu'il n'y a pas de raison », a confié M. Vossoughi à China.org.cn.

« Parmi nos employés expatriés, il y en a très peu, qui ont des petits enfants, qui ont décidé de rentrer pour 2-3 semaines. Et le reste, ils sont là », a-t-il ajouté.

Comme toutes les autres entreprises de Shanghai, Michelin Chine suit de manière très étroite les consignes à la fois du gouvernement central et celles des gouvernements locaux, et ses bureaux et usines ont été fermés jusqu'au 9 février. Un geste simple, mais efficace pour « stopper la diffusion du virus et couper les canaux de contagion », selon la municipalité.

« Le peuple chinois est un peuple confiant, positif et résilient. C'est ce que je suis en train d'apprendre en Chine. Et c'est ce que j'applique maintenant à moi-même, à ma famille et aussi à notre business. Il y a une période difficile. On va la passer, on va protéger notre personnel, ce qui est notre priorité, et puis, une fois que ce sera fini, on s'occupera de notre business », a affirmé M. Vossoughi.

« Quand nous venons vivre dans un pays, c’est comme un mariage. Nous sommes là pour le bien, et puis pour les moments difficiles. Et donc nous n’allons pas laisser nos amis chinois parce qu’il y a une épidémie en Chine », a déclaré ce nouveau PDG de Michelin Chine entré en fonction il y a une dizaine de mois.

Mesures prises par les autorités chinoises

« Ce que j'aime bien, avant tout, c'est la qualité des informations que l'on reçoit par différents canaux, à la fois dans la presse et dans les journaux du pays. Et puis la communication officielle, avec par exemple l'Office de l'immigration qui pense à mettre en place un numéro de téléphone pour les étrangers, avec des documents traduits en anglais, en français et en une dizaine de langues. Je ne sais pas si tous les pays, pendant une crise, pensent à faire des choses comme ça pour les étrangers », a déclaré M. Vossoughi.

Pour le patron de Michelin Chine, la mise en quarantaine d'une ville touchée par le virus est tout à fait compréhensible: « Le gouvernement a très rapidement détecté le foyer d’infection, qui est la ville de Wuhan et puis la province qui est autour (le Hubei).Toutes les régulations qui sont mises en place dans les grandes villes et à Wuhan, c'est pour réduire les mouvements, éviter les contacts, et c'est la bonne stratégie. Cela nous permet de gagner du temps pour trouver la solution, le médicament. On comprend toutes les restrictions qui sont mises en place ».

« J'habite à Shanghai, dans le district de Minhang. L’autre jour, je suis allé faire mes courses, et j'ai vu des agents du gouvernement qui faisaient des mesures de température sur des employés du supermarché. Ils ont aussi demandé de désinfecter avant de fermer le supermarché. C'est très sérieux », a ajouté M. Vossoughi.

Les informations sont-elles « transparentes » en Chine?

« J'ai réfléchi à ces mots, pour vous les transmettre, et je trouve que la communication chinoise est très responsable. J'ai travaillé dans 6 ou 7 pays avant de venir en Chine. Donc là j'utilise ce mot, “transparence”, contrairement à ce qui se dit dans la presse internationale. Pour moi, c'est la transparence et la responsabilité de la communication que je retiens ».

« Quand les grands patrons, comme on dit, “se mouillent dans l’affaire”, cela donne un message différent. Donc je pense que récemment, le président Xi a été très clair quand il est intervenu pour dire que “c'est la priorité du moment. On va combattre” ».

« Personnellement, j’ai été quand même très touché par le Premier ministre chinois, qui s’est rendu sur place à Wuhan malgré l'épidémie. Une fois que l'on va sur place, le risque zéro n'existe pas, c'est quelqu'un qui a une grande responsabilité. Aller sur place et regarder ce qui se passe - vous me disiez “Est-ce que c'est efficace? ” - ce sont des actes symboliques, mais ça envoie aussi un message à tout le monde ».

« C'est un avis personnel, mais je pense que l’on va sortir de cette crise très vite, parce que nous sommes rapidement rentrés dans la gestion de crise avec des mesures efficaces, drastiques pour réduire les mouvements, et je pense que le jour où le gouvernement va dire “maintenant, c'est sous contrôle et on a passé le pic”, alors la vie et les affaires vont repartir aussi vite. Et il faudra que l'on soit prêts pour ce moment-là », a prédit le PDG de Michelin Chine.

Grande solidarité face au virus

« Michelin Chine a un employé qui ne pouvait pas se rendre à Wuhan pour aider ses parents âgés là-bas. Donc on s'est mobilisé sur Wechat pour demander de l'aide, et le lendemain matin - j'ai été impressionné que cela puisse arriver juste avec cette publication - il y a des gens qui ont apporté un petit déjeuner à ces deux personnes très âgées. Et puis à midi, ses parents ont été admis aux urgences, et le soir il a été découvert que le père de notre employé était atteint par le virus. Malgré les difficultés qu'il y a aujourd'hui à Wuhan, on les connaît tous, ils l’ont hospitalisé. J'étais très touché. J’ai fait aussi mon devoir de citoyen et d'employé de Michelin. Michelin Chine a d’ailleurs fait donation de 3 millions de yuans à la Wuhan Charity Federation, un des organismes désignés par le gouvernement pour recevoir des fonds. Il y a des employés qui ont tout fait pour que ce transfert bancaire soit effectué le plus rapidement possible. Et cela fait plaisir de voir cette solidarité qui s'installe ».

« J'ai une seule conviction : les moments de crise unissent les gens. Cela va unir toutes les équipes, tous les employés, mais également le peuple tout entier. Nous voyons un niveau de solidarité encore plus élevé qu'avant, et nous sortirons plus forts de cette crise », a affirmé M. Vossoughi.

Partager

Articles les plus lus