Commentaire : Quand sera la fin des calculs du Premier ministre australien sur le dossier climatique

RCI 2020-12-15 20:20:27
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Un incendie a brûlé pendant deux mois sur l'île australienne de Fraser, inscrite au patrimoine naturel mondial. Bien qu'une soudaine averse ait récemment permis de maîtriser le feu, de fortes pluies ont à leur tour provoqué des inondations dans la région de la côte est australienne.

Les fréquents phénomènes météorologiques extrêmes pourraient être expliqués par le réchauffement climatique, mais aussi par la vision à court terme des décideurs australiens, dont le Premier ministre Scott Morrison, privé de parole lors du Sommet sur l'ambition climatique du 13 décembre. Selon le Guardian, journal britannique, les sièges du sommet, dont les occupants puissent intervenir, ne sont disponibles que pour les dirigeants qui fixent des objectifs de réduction des émissions pour la prochaine décennie, annoncent des émissions zéro, fournissent un financement aux pays en développement ou élaborent des plans et des politiques ambitieux. L'Australie n'en fait évidemment pas t partie.

Il y a cinq ans, l'Australie s'est engagée, lors de la Conférence de Paris sur le changement climatique, à réduire ses émissions de carbone entre 26% et 28 % d’ici 2030, par rapport aux niveaux de 2005. Mais les projections de fin 2019 ont montré que d'ici 2030, les émissions de carbone de l'Australie ne seront que de 16 %, inférieures aux niveaux de 2005. L’incendie de septembre 2019, qui a duré plus de quatre mois, a brûlé 115 000 kilomètres carrés de terre, tuant près de trois milliards d'animaux. L'incapacité de Scott Morrison à gérer cet incendie a été vivement critiquée aussi bien dans son pays qu’au niveau international.

En décembre dernier, alors que les Australiens s'inquiétaient de la propagation des feux de montagne, Morrison était en vacances à Hawaii, un déplacement qui a provoqué un tollé général. Simon Holmes à Court, conseiller principal à la Faculté de l'énergie de l'Université de Melbourne, avait écrit au Guardian en début d'année, en précisant « M. Morrison affirme que nous ne sommes responsables que de 1,3 % des émissions mondiales de CO2, comme si nous n'y étions pour rien. En fait, l'Australie, avec seulement 0,3 % de la population mondiale, est l'un des pays qui émettent le plus de gaz à effet de serre par habitant », peut-on lire dans son article.

L'Australie est passive sur le dossier du changement climatique depuis longtemps. Il a été parmi les deux pays industrialisés, avec les États-Unis, à refuser de signer le Protocole de Kyoto. Bien que l'Australie ait signé l’Accord de Paris, elle s'en est également éloignée lorsque les États-Unis ont annoncé leur retrait de l'accord. En tant que pays développé, il est insoutenable pour l'Australie de se montrer hésitante et complaisante sur la question du changement climatique.

L'indifférence des dirigeants australiens à l'égard du changement climatique se manifeste également dans la politique industrielle de ce pays. Sous l'influence des groupes d’intérêt dont sociétés minières, des gouvernements successifs australiens ont refusé de légiférer sur les objectifs de réduction des émissions promis lors de la Conférence de Paris. Comme les émissions du transport représentent 19 % du total des émissions australiennes, les Australiens auraient dû appliquer la réduction de la production et de la vente de modèles gourmands en carburant ou introduire les normes de rendement énergétique des véhicules. Mais comme l'a rapporté récemment la chaîne d’info locale l’ABC, ces modèles tels que les SUV restent toujours populaires en Australie, alors qu’il est encore le seul pays industrialisé à ne pas avoir introduit de normes de rendement énergétique.

À la veille du Sommet sur l’ambition climatique, M. Morrison, confronté à des questions sur l'engagement de l'Australie à réduire les émissions, usait de la langue de bois, en disant : « Je ne suis ici que pour répondre au peuple australien et notre gouvernement sera au service du peuple australien. » Ces paroles creuses ont déçu entièrement la communauté internationale !

La lutte contre le changement climatique est la responsabilité commune de toute l'humanité. Elle est dans l'intérêt fondamental du peuple australien. Les blablas de Morrison ne peuvent pas cacher son indifférence aux intérêts du peuple australien et son attachement aux groupes d'intérêt. Comment peut-on croire au décideur qui a laissé les feux se propager dans son pays ? Pourrait-il servir le peuple australien comme il le prétendait ? Et quand sera la fin des calculs de Morrison sur le dossier climatique ?

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