Renouvellement des sanctions contre l’Iran : pourquoi l’Europe a dit non

RCI 2020-08-25 22:13:25
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Le Conseil de sécurité de l’ONU a récemment rejeté un projet de résolution initié par les Etats-Unis sur la prolongation de l’embargo sur les armes contre l’Iran. Un seul pays a voté en faveur de ce projet. Onze membres du Conseil de sécurité s’étaient abstenus. Chose curieuse, même la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne, principaux alliés américains, n’ont pas voté pour. Alors que la Russie et la Chine ont carrément voté non. Une situation inattendue qui a fait réagir nombre de médias occidentaux : « les Etats-Unis ont connu une défaite diplomatique embarrassante », ont-ils commenté.

Il est évident que les Etats-Unis ne s’attendaient pas à ce revers. Loin d’être découragés, les Etats-Unis ont activé un soi-disant mécanisme de « Snapback » qui veut dire « restauration rapide des sanctions».

Mais cette action a été également boycottée par les trois pays européens, dont la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne. Selon leur communiqué conjoint, les Etats-Unis ne faisant plus partie de l’accord sur le nucléaire iranien, ils n’ont pas, par conséquent, le droit d’invoquer un quelconque mécanisme dans le cadre de l’accord, visant à rétablir les sanctions contre l’Iran. N’importe quelle sanction initiée par les Etats-Unis n’aura aucune valeur légale, prévient le communiqué.

Il est rare de voir les Etats-Unis être humiliés jusqu’à ce point par leurs alliés occidentaux au sein du Conseil de sécurité de l’ONU. Pourquoi la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne ont refusé de s’aligner derrière la volonté américaine ?

Du point de vue géographique, l’Iran est proche de l’Europe. En tant que voisin, la stabilité de l’Iran revêt une signification importante pour l’Europe. C’est l’une des raisons qui ont d’ailleurs poussé l’Europe à soutenir cet accord au moment de son élaboration. Une fois l’accord conclu, un grand nombre d’entreprises européennes ont investi en Iran. Maintenant que les Etats-Unis veulent relancer les sanctions contre l’Iran, cela affectera non seulement la sécurité et la stabilité de l’Europe, mais aussi ses intérêts économiques. Voilà pourquoi les pays européens ne veulent pas être les marionnettes des Etats-Unis.

Mais au-delà des aspects économico-sécuritaires, il faut également intégrer le côté moral de la chose. En effet, ces dernières années, les Etats-Unis sont allés très loin dans la voie de l’unilatéralisme, manipulant leurs alliés européens comme des petits enfants.

Et voilà que l’Europe ne veut plus de cette sous-traitance, elle a finalement décidé de dire non aux propositions américaines sur la question du nucléaire iranien. Comptant sur le soutien de l’Europe, le secrétaire d’Etat américain Pompeo a déclaré ceci : « J’espère vraiment que nos amis européens au Conseil de sécurité pourront parler avec prudence. » Face à l’arrogance des Etats-Unis, le journal « Sueddeutsche Zeitung» a, dans un commentaire intitulé « L’Europe doit résister à la pression américaine », souligné que « désormais, les outils diplomatiques de Washington ne sont que la menace de sanctions ».

Les intérêts communs, les valeurs communes et un ordre international fondé sur des règles, qui ont toujours été considérés comme le socle stabilisateur du partenariat transatlantique, sont maintenant impitoyablement bafoués par l’unilatéralisme et « l’Amérique d’abord». Enfin, la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne ne sont plus des béni-oui-oui face aux demandes américaines.

A l’origine, les Etats-Unis voulaient isoler l’Iran, mais ils étaient isolés par leurs alliés. Qui a finalement causé l’humiliation américaine ?

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