La sauvegarde de la paix le long de la frontière sino-indienne exige un travail d’ensemble

2020-07-07 21:31:47
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Au terme de leur conversation téléphonique dans la soirée du 5 juillet, le ministre chinois des Affaires étrangères et délégué spécial Wang Yi et le conseiller à la sécurité nationale indien Ajit Doval ont abouti à l’unanimité sur quatre points : respecter les consensus auxquels ont abouti les dirigeants des deux pays ; respecter les accords et traités signés entre les deux pays sur la gestion des questions frontalières ; améliorer la communication à travers le mécanisme de rencontre des délégués spéciaux et procéder dans le meilleur délais au désengagement des troupes de première ligne des deux pays.


Ce résultat obtenu, non sans peine, montre la détermination des deux parties à résoudre les contentieux par voie de dialogue et de consultation.


Depuis avril, la vallée de la rivière Galwan attire beaucoup de regard en raison des heurts qui ont opposé les forces militaires chinoises et indiens le long de la frontière qui sépare ces deux voisins.  Pour la partie chinoise, les troupes frontalières indiennes étaient totalement fautives pour avoir scrupuleusement enfreint les accords signés à l’issue de la rencontre des généraux des deux armées. La Chine leur reproche également de traverser la ligne de démarcation effective au moment où la tension baissait déjà dans la région. Les soldats indiens ont attaqué violemment les militaires chinois qui tentaient de négocier. Les rixes ont occasionné des morts et des blessés. Le comportement imprudent et audacieux de l’armée indienne constitue une grave violation des accords dûment signés entre les deux pays et des règles internationales.

Et la Chine qui a l’obligation de défendre sa souveraineté territoriale, n’a pas lésiné sur les moyens de rappeler son voisin indien à l’ordre.


Etant donné l’importance de l’un à l’égard de l’autre, la Chine et l’Inde se doivent, au nom de leurs intérêts mutuels, de sauvegarder la paix sur leur frontière commune. C’est en tenant compte de leurs intérêts vitaux que les deux parties, à la suite de ce litige frontalier, se sont efforcées de réduire la tension par divers canaux, notamment diplomatique, sans vouloir entrer en conflit ouvert.

 

Deux choses, non de moindres, à retenir dans cette affaire. Il y a d’abord, le respect des consensus déjà obtenus. Lors de leur rencontre informelle en avril 2018, les deux dirigeants se sont mis d’accord sur la réciprocité en termes d’opportunités qui caractérisent la Chine et l’Inde, et que les deux pays devraient judicieusement gérer leurs différends. Un peu plus tard en octobre 2019, lors de leur 2e rencontre informelle, les deux dirigeants ont encore insisté sur la nécessité de poursuivre la coopération amicale. Ils se sont ainsi engagés à maintenir la paix et la stabilité dans les régions frontalières, à gérer avec prudence leurs différends de manière à éviter leur transformation en contentieux. Ces consensus ont donné le ton aux deux pays pour qu’ils considèrent leurs différends d’un point de vue objectif, ce qui les amènerait à des solutions idoines.

 

Deuxième chose : le dialogue et la consultation. Le maintien du mécanisme de consultations et de coordination sur les affaires frontalières entre les deux pays, le déploiement des efforts pour renforcer la confiance mutuelle sur la frontière, ainsi que l’avancement des dernières rencontres militaires et diplomatiques auxquelles il faut ajouter la poursuite des dialogue et consultation sont autant des situations qui prouvent à suffisance que Chinois et Indiens auront tous compris que seuls le dialogue et la consultation sont l’unique solution qui mène à l’apaisement.

Le maintien de la paix et la stabilité sur la frontière sino-indienne revêt une grande signification. Ces deux pays sont des économies émergentes, à deux seules, elles représentent un marché de presque 3 milliards de personnes. Autre similitude, Chine et Inde sont les deux plus grands pays en voie de développement dans le monde.


Les deux pays ont toujours donné priorité au développement. Pour ce qui est de la Chine, elle est actuellement en voie d’atteindre son objectif de zéro pauvreté d’ici fin 2020, et cherche à devenir un pays  moyennement prospère. L’Inde de son côté, a des ambitions de se hisser, à l’horizon 2025, dans le giron des puissances économiques mondiales et atteindre ainsi 5000 milliards de dollars en termes de volume économique global.


Ayant beaucoup en commun notamment sur le plan des stratégies de développement, la Chine et l’Inde ont toutes les bonnes raisons de se considérer complémentaires, au lieu de penser que l’un est une menace pour l’autre.

 

Alors que beaucoup de pays, dont l’Inde, font face à la crise sanitaire, couplée de la crise économique, le mieux serait d’éviter toute action susceptible de menacer la stabilité des relations sino-indiennes. Ne pas le faire, c’est comme si on jetait de l’huile au feu. On l’a déjà constaté : les actes provocateurs de l’armée indienne le mois dernier dans la vallée de la rivière de Galwan ont fait monter l’élan nationaliste radical en Inde et suscité une vague d’hostilité contre les entreprises et les produits chinois. Ces comportements irrationnels ne font que nuire aux intérêts de l’Inde. 


Contourner les produits chinois revient à casser les chaînes d’approvisionnement de l’Inde : les pertes qui en découleront seront sur les dos des consommateurs indiens, a fait comprendre Hindustan Times dans l’un de ses commentaires. Les autorités indiennes, si elles ont réellement l’intention de sauvegarder les intérêts fondamentaux de deux pays, feront mieux de gérer l’opinion publique pour éviter que la situation ne tourne au vinaigre. 

 

Cette année marque le 70e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et l’Inde. Leurs relations bilatérales ont été éprouvées par le temps. Prospérer ensemble doit être le choix final de chacun des deux grands pays, qui n’auront pas d’autre moyen pour assumer leur responsabilité entre la sous-région et le monde.

 


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