Conférence de Munich : de la victoire à l’absence de l'ouest, que reflètent les divergences transatlantiques ?

2020-02-17 19:25:40
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La 56ème Conférence sur la Sécurité s'est ouverte le 14 février à Munich sous le thème de «L’absence de l’Occident» (Westlessness). Elle se tient dans un contexte particulier caractérisé par des changements sans précédent observés au cours de ce dernier siècle. Ce rendez-vous, le plus important et influent en matière des politiques de sécurité internationale, est passé d’une «réunion de familles occidentale» à une récitation de «requiem occidental ».

«L’absence de l’Occident» (Westlessness), thème de la conférence de Munich est symptomatique de l'anxiété et de l'inquiétude profondes, qui caractérisent l’Europe depuis un certain temps. En effet, les pays européens estiment que le soi-disant «Westlessness», «l’absence de l’Occident», signifie le désintéressement des États-Unis vis-à-vis des «occidentaux». Depuis la mise en avant de l’«Amérique d’abord» ( America first), les relations entre les deux côtés del’Atlantique ont progressivement connu des variations. L'Europe est obligée d’accorder plus d'avantages aux États-Unis et d’augmenter sa part des dépenses militaires à l’OTAN. Même si l’apparition de cette nouvelle donne nuit aux intérêts des partenaires européens, les Etats-Unis restent prudents de leurs côtés. Le secrétaire d'État américain Pompeo a, évidemment, lors de cette conférence de Munich, fait savoir que c’était très exagéré de parler de la mort de l’Alliance transatlantique. Pour lui, l'Occident est sur le point de gagner. Sans attendre, le président français Emmanuel Macron a immédiatement rétorqué: «l'Europe devient un continent sans confiance en l'avenir". Face à ce constat, le président français a estimé que le vieux continent devrait cesser d'être "un partenaire secondaire des États-Unis". De la victoire à l’absence de la part de l’Occident, on ne peut s'empêcher de s’interroger sur ce que reflètent exactement les divergences apparentes entre les deux côtés de l’Atlantique ?

Premièrement, les États-Unis ignorent les préoccupations européennes, une attitude qui fait extrêmement mal à l’Europe. En ce qui concerne les grands intérêts économiques et les problèmes de sécurité européens, les États-Unis font cavalier seul et ne tiennent pas compte des préoccupations de leurs partenaires européens.

Deuxièmement, la menace d'une guerre commerciale américaine a irrité l'Europe. Poussés par «L’Amérique d’abord», les conflits d'intérêts entre les États-Unis et l'Europe sont de plus en plus fréquents.

Troisièmement, l'ingérence américaine dans les relations tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Europe a rendu ce continent plus vigilant. D'une part, les États-Unis prônent des valeurs partagées entre eux et l'Europe; d'autre part, ils introduisent des éléments de division au sein de l’Europe pour mener des activités séparatistes. C’est le cas de leurs soutiens ouverts au Brexit. Les Etats-Unis se sont également lancés dans l’opération de séduction des pays de la "Nouvelle Europe" à l’instar de la Pologne et la Hongrie. A cela, s’ajoutent les multiples ingérences américaines dans les échanges et la coopération Chine-UE. Lors de grandes occasions internationales, ils ont prôné publiquement la théorie de la menace chinoise, en essayant de faire «endosser» à l’Europe l’idée selon laquelle la Chine serait l'ennemi commun des États-Unis et de l'Europe. Des manœuvres qui n’ont pas pu aboutir du fait que l’Europe reste plus vigilante depuis qu’elle s’était fait rouler dans la farine par son partenaire américain. Lors de sa rencontre, le 15 février, avec le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi, Borrelli, haut représentant de l'UE pour la politique étrangère et sécuritaire, a révélé que certains pays ont beaucoup critiqué et accusé la Chine, précisant que cela relevait de la jalousie qu’ils ont du développement réussi de la Chine. Borrelli a ensuite estimé que la Chine n'était pas un pays belliqueux, et que l'Europe se félicitait du rôle important que joue ce géant asiatique dans la communauté internationale.

Il revient que les agissements des Etats-Unis ont permis à leurs partenaires européens d’avoir compréhension plus sobre de la chose. En fait, l'Europe ne devrait pas être empêtrée dans «l’absence de l'Occident». Les suggestions du ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi dans son discours prononcé lors de la Conférence de Munich, ont suffi à changer la mentalité de l'Europe : «Il faut nous débarrasser de la division entre l'Orient et l’Occident, des différences entre le nord et le sud et traiter en réalité cette planète comme une communauté de vie. Nous devons réduire le fossé idéologique, tolérer les différences de l’histoire et de la culture, considérer vraiment notre communauté internationale en une famille mondiale.» En d'autres termes, ce n'est qu'en sortant de l'Occident et en dépassant l'Occident que l'Europe pourrait sortir de la "perte occidentale".

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