Commentaire : Brexit, le Royaume-Uni n’est pas encore sorti de l’auberge

RCI 2020-02-01 21:30:02
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C’est officiel. Le Royaume-Uni a quitté l’Union européenne, le 31 janvier, au terme d’un long processus de trois ans et demi. Le Premier ministre britannique Boris Johnson, l’un des artisans du Brexit, se veut rassurant quant à la suite des événements. « Une nouvelle ère s’est ouverte », a-t-il déclaré. Même si, des incertitudes entourent encore la nature de ce que devraient devenir les relations entre le Royaume-Uni et l'UE, à cela s’ajoute aussi des changements géopolitiques qui pourraient intervenir à la suite de ce divorce.

Au cours de la dernière décennie, sous l'influence de facteurs internes et externes, le rythme de l'intégration européenne s'est considérablement ralenti. De nombreux défis auxquels l'Union européenne est confrontés ont fait naître l’Euroscepticisme, sentiment qui a finalement eu raison sur la société britannique. Le Marathon sur le Brexit, auquel le monde a assisté lors de ces trois dernières années, a stimulé à plusieurs reprises les nerfs nerveux du continent européen. Situation qui n’a fait qu’accentuer la force centrifuge au sein de l'UE. Et dans ce contexte, beaucoup sont ceux qui craignent un effet domino du Brexit. A qui le prochain tour ? La question reste posée.

Le président français Emmanuel Macron, qui tente de porter l’étendard de l'intégration européenne, a adressé un avertissement le 31 janvier, jour d’officialisation de la sortie du Royaume-Uni de l’UE, déclarant que le "Brexit" était un coup dur pour l'UE et une "alerte historique", qui devrait exhorter les Européens à construire une Union de plus en plus forte et efficace. Il est impératif de faire avancer les réformes. C’est évident que le Brexit a profondément touché les élites politiques européennes, a fait savoir le président français.

Il est cependant clair que le Brexit aura des conséquences dans tous les secteurs de la vie. Sur le plan économique, par exemple, le départ de la Grande-Bretagne incitera l'UE à réajuster l’actuelle architecture des intérêts divers. D'une part, le coût du commerce entre la Grande-Bretagne et l'UE augmentera inévitablement à l'avenir. D'autre part, avec l'affaiblissement du statut de la Cité de finances de Londres, des villes comme Paris et Francfort auront des opportunités pour renforcer leur influence économique. Il faudra aussi souligner qu’après la sortie du Royaume-Uni, qui est le deuxième contributeur des capitaux nets à l'Union européenne juste derrière l’Allemagne, il y aura un accroissement du manque d'environ 10 milliards d'euros de fonds chaque année au sein de l’UE.

Dans ce même registre, les 27 pays membres de l’UE devront pouvoir, sans aucun doute, pousser des réflexions plus loin quant à la manière d'augmenter les recettes et de réduire en même temps les dépenses.

Bien sûr, la séparation avec l'Europe ne doit pas être interprétée comme une solution magique aux problèmes de la Grande-Bretagne. Certes, le chemin à parcourir reste encore long.

Du point de vue de la politique intérieure britannique, les résultats du "Brexit" à long terme n’a pas été sans conséquence. On se rappelle des démissions des deux Premiers ministres : David Cameron et Theresa May. Autre dommage collatéral, c’est cette énorme déchirure observée dans l’opinion publique britannique.

Plus important encore, en tant qu'ancien "Empire où le soleil ne se couche jamais", la Grande-Bretagne doit trouver un nouveau positionnement sous de nouvelles coordonnées. En fait, la Grande-Bretagne a signé, au moment de l’impasse du Brexit, un accord de libre-échange avec la Corée du Sud, et mené également des consultations avec les Etats-Unis et d'autres pays occidentaux. Elle a récemment organisé le Sommet Royaume-Uni-Afrique sur l'investissement, avec la ferme intention d'étendre les opportunités sur les marchés extérieurs. En outre, la partie britannique est également désireuse d'entamer dès que possible des négociations bilatérales sur un accord de libre-échange avec la Chine, donnant de la voix dans la construction d'un "âge d'or" des relations sino-britanniques.

Pour tout dire, il est évident que faire avancer des négociations commerciales sera la priorité des priorités du programme du Premier ministre Boris Johnson cette année. Il en est de même pour frayer le chemin à la partie britannique dans le cadre de l’accélération de ses dispositions à l’échelle mondiale.

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