Commentaire : Les incendies en Australie pourraient-ils éveiller la conscience de Morrison et ses collègues sur l’importance de la diminution des émissions carbone ?

RCI 2020-01-09 21:18:16
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L’Australie se trouve en ce moment dans la saison annuelle des feux de forêt. La gravité des calamités est beaucoup plus dramatique que celle des années précédentes, les effets de la crise sont effrayants. Selon le Premier ministre australien Scott Morrison, qui s’est attardé à parler du bilan, au 9 janvier, 27 personnes sont décédées, 2.131 maisons détruites et quelques 500 millions d’animaux morts, calcinés par les feux de forêt. De plus, plus de 10 millions d'hectares sont partis en fumée, soit une superficie supérieure à celle de la République de Corée.

Pourquoi les incendies de forêt font-ils rage en Australie depuis plus de quatre mois? Le réchauffement climatique sur le plan mondial en est une cause directe. Selon les données publiées par le Bureau météorologique australien, les températures moyennes et maximales en 2019, ont toutes deux battu des records historiques. Le pays a connu également des températures supérieures à 45℃ à Sydney et à Melbourne. En parallèle, le volume des précipitations moyennes ne se limite qu’à 277, 63 mm à travers toute l’Australie, soit un niveau considérablement inférieur au record historique de 1902 où les précipitations moyennes étaient de 314, 46 mm. La canicule, le manque de précipitations, combinée à une grande sécheresse, sont autant de facteurs qui favorisent la propagation hors de contrôle des feux de forêt.

Mais derrière la catastrophe naturelle, le facteur dû aux activités humaines est aussi indéniable. L’Australie est l’un des pays dont le volume d’émission carbone par personne est le plus élevé au monde. En tant que pays développé, elle aurait dû prendre plus de responsabilités en matière de diminution des émissions polluantes. Dommage que l’Australie continue toujours à afficher un comportement passif sur le dossier du changement climatique.

Par exemple, à part les Etats-Unis, l’Australie est le seul pays industrialisé qui a refusé de signer le Protocole de Kyoto. Selon Financial Times, l’Australie a saboté la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP25) récemment organisée à Madrid, en terre espagnole. Les participants à la conférence ne sont pas parvenus à un accord sur le système de crédits-carbone, échec imputé à l’opposition de l’Australie et des Etats-Unis.

Selon un rapport spécifique publié en 2018 par le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat relevant à l’ONU, suivant la vitesse actuelle du réchauffement, entre 2030 et 2052, le mercure montera de 1, 5℃ à l’échelle mondiale. En insistant sur l’égalité, principe de responsabilités communes mais différenciées et des capacités respectives, la mise en œuvre de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques et de l’Accord de Paris s’avère plus que nécessaire au regard des exigences climatiques actuelles. Ceci est d’autant plus vrai dans la mesure où ces deux instruments soulignent la responsabilité, en priorité des pays développés, à l’égard de la diminution des émissions.

Les incendies stupéfiants survenus en Australie peuvent-ils être une occasion pour le gouvernement australien de prendre conscience de l’importance de la diminution des émissions carbones? Rien n’est moins sûr. A l’heure actuelle, sous pression, Scott Morrison a reconnu à contrecœur les relations entre les feux de forêt et les changements climatiques, mais il refuse de prendre des mesures efficaces à ce sujet, ce qui montre profondément l’égocentrisme et le dilemme dans la gouvernance de certains pays occidentaux.


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