Commentaire : Le bâton tarifaire américain élève le risque de récession de son économie

RCI 2019-08-19 22:36:09
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Une inversion de la courbe des taux d’intérêt à deux et dix ans a surgi sur les bons du Trésor américains, le 14 août 2019. C’est pour la première fois que cela arrive depuis 2007. Ce phénomène anormal est considéré par les investisseurs comme un important signal d'alerte à la récession économique américaine.

Réagissant à cette situation, les conseillers de la Maison Blanche ont, lors d’une série de programmes organisés, le 18 août 2019, affirmé, tour à tour, n’avoir pas vu la récession américaine". Alors que les dernières statistiques économiques et les objections croissantes aux taxes douanières supplémentaires brandies sans cesse aux Etats-Unis, attestaient déjà l’augmentation de risque de récession de l’économie américaine, du fait que ce pays ne cessait de brandir le bâton tarifaire.

En règle générale, plus le terme des emprunts d’Etat est long, plus le taux de rendement est élevé. Lorsque le taux d’intérêt des emprunts publics à long terme tombe en dessous du celui des emprunts à court terme, cela s’appelle «l’inversion» de la courbe des taux. Une situation qui annonce généralement le début de la récession économique et cela se manifeste souvent dans les 12 prochains mois. Rappelons qu’au cours des 50 dernières années, il y a eu toujours un phénomène d'inversion du taux d’intérêt des bons d’Etat, avant l’arrivée de la récession aux Etats-Unis. Plusieurs anomalies dues à cette inversion de la courbe des taux de rendement des obligations américaines ont été observées depuis le début de l’année.

Le 14 août, suite à l’inversion de la courbe des taux, les trois principaux indices boursiers américains ont tous clôturé en baisse d'environ 3%. A cette occasion, Nicolas Akins, PDG de l’entreprise American ElectricPower,a déclaré: "Il s'agissait presque d'un avant-goût de récession économique typique." Et, le fondateur de Richard Bernstein Advisors, Bernstein, n’avait pas caché son inquiétude en indiquant que le ralentissement de l'économie américaine pourrait être beaucoup plus grave que prévu.

Cette série d’alertes n’a pas pour but d’aggraver la situation. En effet, une série de données économiques montre que l’économie américaine a déjà connu une tendance à la baisse, laquelle se dessine quotidiennement.

Les taux de croissance du produit intérieur brut des Etats-Unis étaient respectivement de 3,1% et 2,1% aux deux premiers trimestres de cette année, celui du troisième trimestre est estimé à 1,5%. Pour 2019 et 2020, la Fed (Réserve fédérale américaine) estime respectivement à 2,1% et 2,0% les taux de croissance du PIB américain. Des chiffres nettement inférieurs à 2,9% en 2018.

Sur le plan du commerce extérieur, les statistiques du Département du commerce des Etats-Unis, indiquent la baisse de 0,2% du volume d’import-export des marchandises américaines en glissement annuel au premier semestre 2019, dont la baisse de 1% uniquement pour les exportations. Au deuxième trimestre, la contribution des exportations nettes au PIB américain s’est avérée être seulement de -0,6%.

De plus, l'indice IHS Markitdes directeurs d'achat dans l’industrie manufacturière aux Etats-Unis est tombé en juillet à son plus bas niveau depuis septembre 2009. Ce qui laisse dire que l’industrie manufacturière américaine est entrée dans sa plus grave récession depuis 2009 et que les départements chargés de la production de produits est en train de devenir un frein majeur à l'économie américaine au troisième trimestre.

Dans ce contexte, si les Etats-Unis imposent des droits de douane supplémentaires sur les 300 milliards de dollars d’exportations chinoises principalement composées de biens de consommation, il en résultera inéluctablement une hausse de prix aux Etats-Unis. Les prévisions de bénéfices des entreprises américaines seront assurément impactées négativement. Ce sont les importateurs et les consommateurs américains qui devront en supporter la quasi-totalité de coûts, ce qui accroîtrait encore le risque de récession américaine.

Il n'y a aucun vainqueur dans la guerre commerciale. Cela a été à maintes reprises prouvé par l'histoire et les faits. A l'heure actuelle, tous les secteurs de la société américaine subissent l’impact engendré par les surtaxes, et de plus en plus des voix s’élèvent contre des tarifs douaniers supplémentaires. Pourtant, certaines personnes restent indifférentes et sourds aux dernières données économiques et aux appels à s'opposer à l'augmentation des tarifs.Elles défendent «habilement» leurs arguments, à la manière de l’autruche, une manière irresponsable qui porte atteinte aux intérêts des Etats-Unis et au bien-être de la population.


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