Commentaire: La position du pays en voie de développement de la Chine n’est pas à contester

RCI 2019-07-28 20:21:06
Share
Share this with Close
Messenger Messenger Pinterest LinkedIn WeChat

La Maison Blanche a demandé vendredi 26 juillet au représentant américain au commerce de recourir à tous les moyens disponibles pour assurer que l’Organisation mondiale du Commerce revoie le statut de pays en voie de développement, en menaçant de trancher unilatéralement si aucun progrès visible n’était constaté dans un délai de 90 jours. Cet ultimatum dépourvu de tout scrupule revient à mépriser et bafouer ouvertement les règles de l’OMC, n’est rien d'autre que la manifestation du pragmatisme et de l’hégémonisme consistant à «approuver les règles qui m’arrangent et rejeter celles qui ne m’arrangent pas».

Il est connu de tous, l'auto-catégorisation des pays membres en voie de développement est une pratique de longue date au sein de l'OMC. Cela laisse une marge de manœuvre aux pays membres pour promouvoir les réformes intérieures et l'ouverture des marchés, ce qui est également bénéfique pour la réalisation des objectifs de l'organisation. Le « traitement spécial et différencié » octroyé aux pays membres en développement peut assurer la croissance continuelle de leur économie. Cela existe depuis longtemps dans le système actuel et constitue une pierre angulaire importante du système commercial mondial.

Toutefois, les Etats-Unis, mécontents de ce principe de base, qui selon eux aurait permis aux pays se développant rapidement de tirer avantage aux dépens des Américains, exigent des réformes. Depuis que la Chine est devenue la deuxième économie du monde en 2010, les Etats-Unis n’ont cessé de clamer que la Chine devait se retirer des rangs des pays en voie de développement. L’administration américaine actuelle a, après son entrée au pouvoir, à plusieurs reprises accusé l’OMC d’avoir pris parti pour Beijing et d’être injuste envers Washington. La Maison Blanche vient d’intensifier la pression. Un comportement complètement écarté de la moralité internationale et sans aucun sens de responsabilité et qui ne fait que créer plus de difficultés pour la réforme de l’OMC.

Des indicateurs individuels ne suffisent pas pour décider si un pays est en voie de développement. Il faut envisager une série d'indicateurs complets, comprenant le volume économique global, le PIB par habitant, la structure industrielle, la capacité d'innovation, la répartition du revenu national, et plusieurs autres. La Chine compte près de 1,4 milliard d'habitants et quels que soient les indicateurs utilisés, on est presque toujours confronté dans le cas de la Chine au même problème : le volume total est important, mais le montant par habitant est faible. Par exemple, le volume économique total de la Chine avoisine les 14 000 milliards de dollars, mais le PIB par habitant est encore inférieur à 10 000 dollars. Non seulement il n’a pas atteint le niveau mondial en moyenne, mais il est inférieur au sixième de celui des Etats-Unis. En outre, le développement de la Chine reste déséquilibré sur le plan intérieur: il existe bel et bien des villes modernes telles que Beijing et Shanghai, mais on compte également plus de 500 comtés et plus de 16 millions de personnes vivant dans la pauvreté. Les cinq plus grandes agences d'évaluation du monde ont classé l'indice d'innovation scientifique et technologique chinois entre 13e et 27e, de 9 à 23 places derrière les Etats-Unis.

L’écart entre la Chine et les Etats-Unis est exactement celui entre le plus grand pays en développement et le plus grand pays développé. Les Etats-Unis ont nié que la Chine soit un pays en développement en la seule raison de ses agrégats économiques, ceci est évidemment intenable.

A l’heure actuelle, la structure économique mondiale est marquée par l’émergence de nouveaux marchés et l’essor des pays en voie de développement, ce qui contribue davantage à la gouvernance mondiale. Cela n'a rien d’incompatible avec leur appartenance à l'OMC. L'initiative chinoise «la Ceinture et la Route» est axée sur le développement et s’engage à promouvoir un développement en commun le long des routes. Si les Etats-Unis estiment pour cette raison que la Chine possède déjà la force d’un pays développé, c’est totalement illogique, et cela constitue simplement une tentative de priver la Chine des droits et des intérêts en tant que pays en voie de développement.

Le 12e cycle de consultations économiques et commerciales de haut niveau entre la Chine et les Etats-Unis se tiendra la semaine prochaine à Shanghai. A ce moment délicat, les Etats-Unis essaient d'utiliser «tous les moyens disponibles» pour faire pression sur l'OMC et imposer la réforme du statut de pays en développement. Certes, les règles actuelles de l'OMC ne peuvent pas satisfaire aux requêtes des Etats-Unis, mais Washington veut surtout continuer à faire pression sur la Chine dans le but de s’emparer d’encore plus de profits en termes de propriété intellectuelle et d’accès aux marchés.

Cependant, quel que soit le calcul des Etats-Unis, les règles doivent être définies par tout le monde et par voie de consultation. La politique du plus fort n’est point la solution. La Chine a toujours fermement soutenu la réforme de l’OMC afin de renforcer l’autorité et l’efficacité de l’organisation. Cette réforme doit pourtant permettre de préserver les valeurs fondamentales du système commercial multilatéral, de protéger les intérêts des pays en développement et de faire perdurer le mécanisme décisionnel consensuel. La Chine est disposée à assumer ses devoirs au sein de l'OMC conformément à son propre niveau de développement économique et à ses propres capacités, et à protéger les droits et les intérêts des membres en voie de développement. S'agissant de la sauvegarde des intérêts fondamentaux du pays et de son peuple, toute pression ou chantage sera inutile pour la Chine.

Partager

Articles les plus lus