Chine-Etats-Unis : la rupture n’est pas envisageable

RCI 2019-06-24 22:35:39
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Depuis l'escalade des frictions économiques et commerciales sino-américaines, un petit groupe de personnes représentées par le sénateur républicain Marco Rubio ont profité de l'occasion pour clamer la "théorie de la rupture des relations sino-américaines". Une démarche qui consisterait à couper les liens entre la Chine et les Etats-Unis dans les domaines économique, commercial, scientifique, technologique, culturel et des échanges humains. Ceux qui soutiennent cette allégation ne comprennent pas visiblement le sens de l’histoire du développement des Etats-Unis, leur propre pays, et ignorent complètement le fait que leurs ancêtres ont fait fortune et construit les Etats-Unis d’aujourd'hui grâce aux échanges commerciaux établis avec la Chine après leur traversée d’océans.

Pour la petite histoire, les Etats-Unis ont envoyé, le 22 février 1784, un navire marchand appelé "Impératrice de Chine" ("Empress of China" en anglais), qui traversait ensuite l'océan Atlantique en contournant le Cap de Bonne-Espérance et l'océan Indien, afin de rompre le blocus économique britannique. Ayant pénétrant dans l'océan Pacifique et dans la mer de Chine méridionale, le navire a finalement accosté à Guangzhou, une ville au sud de la Chine, le 28 août de la même année. C’était le début du commerce direct entre la Chine et les Etats-Unis, le plus vieux pays et le plus jeune pays des deux côtés de l'océan Pacifique. Pendant plus de trois mois à Guangzhou, ce navire marchand a vendu du ginseng américain, du poivre, du coton, du fil, du plomb et d'autres marchandises. Le bateau a en retour acheté des produits chinois tels que du thé, de la porcelaine, de la soie, de l’étoile de coton connu sous le nom de nankin, ainsi que de la cannelle. Plus de 30 000 dollars américains de bénéfices ont été réalisés.

Ce voyage historique a permis aux Américains de voir les bénéfices générés par le lointain marché chinois. Ce premier tour de commerce qui a bien réussi aux Américains a fini par susciter les appétits. C’est ainsi que des milliers de voiles ont afflué vers la Chine, via la version américaine de la "Route maritime de la Soie", pour y faire du commerce direct. Après les années 1790, les Etats-Unis a dépassé certains pays du vieux continent, tels que le Danemark, la France et le Portugal, en termes du volume des échanges commerciaux avec la Chine. Les Etats-Unis se sont positionnés juste après la Grande-Bretagne qui avait une histoire centenaire des échanges commerciaux avec la Chine. A cette époque-là, le "New York Post", l’un des plus anciens journaux américains, qualifiait le succès du voyage inaugural d’"Impératrice de Chine" de "premier jalon dans l'histoire commerciale américaine". A cette époque, les produits chinois étaient très demandés sur le marché américain. Et, parmi les clients fidèles des produits chinois, il y avait un consommateur non de moindres, George Washington, premier président des Etats-Unis. Il écrivit une lettre demandant aux autres d'acheter des assiettes en porcelaine, du coton fin et des mouchoirs en soie en provenance de Chine.

Cette histoire montre bien qu’il y a plus de deux cents ans, les Etats-Unis ont réussi à briser le blocus économique britannique et à s'engager sur la voie du développement et de la prospérité, par le biais d'activités commerciales sur un pied d’égalité et d’avantages mutuels qu’ils développaient avec la Chine. En tant que deux grandes économies du monde, la Chine et les Etats-Unis sont devenus des principaux partenaires commerciaux et pays en matière d'investissements: en 2018, leur commerce bilatéral de marchandises a atteint 633,5 milliards de dollars américains; environs 14 000 personnes font des allers-retours chaque jour entre les deux pays; le chiffre d'affaires annuel des entreprises à capitaux américains en Chine ont dépassé les 700 milliards de dollars américains et les bénéfices sont supérieurs à 50 milliards de dollars. Ne serait-il pas difficile d’imaginer rompre les relations sino-américaines qui sont hautement complémentaires, profondément intégrées et mutuellement bénéfiques?

Aujourd'hui, avec une mondialisation économique forte, les échanges commerciaux sino-américains ne sont pas seulement liés à des intérêts bilatéraux, ils concernent également les chaînes industrielle, d'approvisionnement et de valeur du monde entier. Imposer la rupture entre la Chine et les Etats-Unis, c’est bouleverser inévitablement la chaîne économique mondiale et saper la division internationale du travail. Une situation qui va sans doute provoquer chaos et tourmentes sur le marché financier international. Du coup, c’est toute l’architecture économique mondiale patiemment construite qui en sentira le choc. Cependant, il y a lieu de reconnaitre que les frictions économiques entre la Chine et les Etats-Unis sont parfois normales dans la mesure où le volume des échanges commerciaux entre ces deux géants est tellement énorme. Seulement, le plus important pour les deux parties, c’est de savoir faire des réglages en cherchant des voies et moyens susceptibles d’atténuer les divergences et d’élargir ainsi leurs champs de coopération.

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