Commentaire : Le Royaume-Uni rejette d'un Brexit dur, alors l’UE attend son compromis

2019-03-14 20:08:59
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A l’issue de son veto contre l'accord de Brexit proposé le 12 mars par la Première ministre britannique Theresa May, le parlement britannique a totalement rejeté mercredi 13 mars l’idée d’un Brexit sans accord, au cours d'une série de votes qui ont infligé deux défaites au gouvernement. Ensuite, les députés britanniques ont dit Non à un amendement du gouvernement demandant un report, jusqu’au 22 mai, avant de quitter l’UE. Ce qui baisse le risque tant redouté, consistant à déboucher à un Brexit dur.

Au cas où le Royaume-Uni ne parvenait pas avant le 29 mars à signer un accord de Brexit avec l’Union européenne, les résultats de toutes les négociations précédentes ne seront pas considérés. Cette forme de Brexit dur n’aura donc pas une période de transition et toutes les lois européennes seront, dès lors, inapplicables au Royaume-Uni. Les relations commerciales entre Londres et Bruxelles reprendront dans le cadre de l’Organisation mondiale du Commerce, les deux parties se verront dans une situation, qui les obligerait de revoir leurs tarifs douaniers. Il va également se poser le problème de la montée des barrières commerciales.

Il est évident qu’un éventuel Brexit sans accord constituerait un choix suicidaire pour les deux parties. Selon le président de la Commission européenne Jean-Claude Junker, un retrait de l’UE sans accord sera sans aucun doute un désastre, et l’UE fera tout pour empêcher cette situation. De son côté, le secrétaire britannique aux Affaires étrangères Jeremy Hunt a souligné qu’un Brexit sans accord serait «une énorme faute au niveau de la stratégique géopolitique» qui aura une influence profonde et lointaine sur les relations entre l’Angleterre et les autres pays de l’UE.

Le rejet du parlement britannique d'un Brexit sans accord a fait interrompre les projets de secours des deux parties et éviter la perte des accords concernés obtenus par des négociations entre Theresa May et son interlocuteur européen. Mais le problème reste pendant.

Le parlement britannique projette de voter jeudi 14 mars un report du Brexit jusqu’au 30 juin. S’il est accepté par les deux parties, l’Angleterre ne quittera plus l’UE le 29 mars. La Première ministre Theresa May s'efforce de sauver l'accord sur le Brexit qu'elle a conclu avec l'UE, et a proposé au parlement britannique de voter pour la deuxième fois l'accord sur le Brexit le 20 mars. Mais il sera assez difficile de persuader les députés que de négocier avec l’UE. Selon Michel Barnier, négociateur en chef de l’UE sur le Brexit, toutes les négociations ont pris fin, l’UE ne fera plus de compromis.

L’impasse du Brexit est en fait soluble. L’Union européenne et le Royaume-Uni, chacun défend d’abord ses propres intérêts et personne ne formule un vrai projet de consensus général. Pendant cette épreuve de force, des fissures se font de plus en plus remarquer entre la politique et la société britannique. Les deux camps aux antipodes, divisés.

Aujourd’hui en Angleterre, de plus en plus de voix s’élèvent réclamant d’arrêter avec le processus de Brexit. Il est fort probable que les Britanniques se prononcent contre le Brexit dans l’hypothèse où ils seraient encore appelés pour un deuxième référendum. Il y a le risque que tous les efforts soient remis en cause avec toutes les conséquences que cela pourrait avoir sur les plans politique, économie et social de ce pays.

Face à ce casse-tête du 21ème siècle, Theresa May a regretté que l’incertitude perpétuelle soit la seule chose certaine pour le moment. Actuellement, au lieu d’attendre la concession de l’autre partie, pourquoi ne pas anticiper un éventuel consensus. « C’est lorsque le voyageur se sent épuisé et prêt à perdre tout espoir de retrouver la route, qu’apparaît un village dans l’ombre, un village attrayant des saules et l’exubérance des fleurs », dit un poème chinois de la dynastie des Song. Autant dire que les deux parties ne doivent pas perdre espoir. Peut-être que le bout du tunnel n’est plus loin.

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