L’homme qui ménageait son âne
中国国际广播电台

Un vieil homme, riche et avare, prêtait de l’argent à des taux usuraires ; il ne se passait pas de jour qu’il n’allât toucher ses intérêts. Mais ses sorties quotidiennes le fatiguaient beaucoup. Il acheta un âne. Il prit grand soin de sa monture et, à moins d’être vraiment à bout de forces, il ne montait jamais sa bête. Bref, l’homme chevauchait son âne tout au plus une quinzaine de fois par an.

Par un jour de forte chaleur, ayant un long trajet à faire, l’usurier résolut d’emmener son âne. A mi-route, le vieillard, haletant, se décida à enfourcher son bauchet. Après deux ou trois lis de trajet, l’âne peu habitué à porter un cavalier se mit à haleter à son tour. Son maître, affolé, s’empressa de descendre et de le débâter. L’âne crut qu’on n’avait plus besoin de ses services ; il fit demi-tour et prit la route en sens inverse. Le vieillard lui cria de revenir, mais l’âne continua son trot sans se retourner. Partagé entre la crainte de perdre son âne et celle de perdre son bât, le vieil homme rebroussa chemin, portant le bât sur son dos. Arrivé chez lui, sa première parole fut pour demander si l’âne était de retour.

« Mais oui », répondit son fils.

Le vieillard en fut très content, mais lorsqu’il se fut débarrassé du bât, la fatigue et la chaleur commencèrent à se faire sentir, il dut s’aliter et fut malade tout un mois.