Des interventions ouvrant la voie aux réformes du yuan
  2017-01-17 09:54:40  China.org

Le yuan s'est dévalorisé récemment. Sur le court terme, les interventions prédomineront, mais sur le plus long terme, la monnaie chinoise devrait se stabiliser. Au cours du dernier trimestre 2016, le yuan a perdu 4 % de sa valeur [face au dollar] - bien plus rapidement que ce qui était anticipé - du fait de tensions grandissantes sur les marchés de change vis-à-vis de la dette croissante de la Chine et de la bulle de son marché immobilier.

La Chine est parvenue à stabiliser la croissance, mais au prix d'un contrôle des capitaux, de prêts importants et de nombreuses interventions.

Il y a quelques jours seulement, le yuan s'est envolé face au dollar. En encourageant les banques chinoises à retenir des fonds d'autres banques, la Banque populaire de Chine (BPC) pourrait avoir réduit la liquidité à Hong Kong, ce qui a poussé le marché des prêts en blanc à passer de 17 % à 61 % en deux jours, causant à son tour une hausse du yuan sur le marché offshore.

Malgré les efforts pour stabiliser le yuan, les réserves chinoises de change sont descendues à 3000 milliards de dollars le mois dernier, leur niveau le plus bas depuis le printemps 2011.

Il y a trois ans, le taux de change du yuan restait pourtant proche des 6 par dollar. Alors que la croissance économique de la Chine a perdu de sa vitesse, l'accumulation de dettes s'est poursuivie, la Réserve fédérale américaine, la « Fed », a commencé à augmenter ses taux d'intérêt et le yuan a connu une dépréciation à 6,95 par dollar en 2016. Avec un taux se rapprochant récemment des 7 yuans par dollar, la BPC a pris des mesures pour soutenir la devise.

Alors que les entreprises et les investisseurs chinois ont essayé de réduire leurs participations en yuans et de diversifier les risques, le taux de change a dû faire face à une pression de plus en plus forte, contraignant les autorités à resserrer les contrôles sur les entreprises chinoises et les investisseurs investissant à l'étranger. Grâce à ces mesures, la croissance de la Chine s'est stabilisée, mais à un coût.

Au cours de la crise financière mondiale, le plan de relance extrêmement important de la Chine a renforcé la confiance, soutenu la dynamique infrastructurelle et empêché une dépression mondiale. Mais l'excès de liquidité a entraîné des spéculations sur les marchés de l'immobilier et des actions. Alors que le nouvel objectif de crédit est à 13 % le double de celui du taux de croissance, la Chine ne peut désormais plus se reposer sur une croissance alimentée par le crédit.

Elle doit désormais gérer son rééquilibrage tout en réduisant une dette locale colossale. Dans la pratique, cela revient à pondérer la dépréciation du yuan et les actions pour défendre la devise. Après le 20 janvier, Beijing devra également répondre à un défi double : des conflits commerciaux grandissants avec la future administration Trump et l'augmentation des taux par la Fed.

Les économistes pro-marché ont encouragé la BPC à laisser le yuan s'affaiblir vers un « niveau

d'équilibre » avant l'investiture de Trump. Dans le cas contraire, ils estiment que la PBC épuisera toutes ses réserves pour renforcer le yuan, ce qui contribuera uniquement à la déstabilisation et à la fuite des capitaux.

Cependant, les réformes proposées iront à l'encontre des garanties tacites sur les entreprises et les banques d'Etat, ce qui pourrait engendrer une quantité non-négligeable d'appréhension et de détresse sur le court et moyen terme.

Les réformes sont nécessaires pour parvenir à un rééquilibrage de la Chine - ce qui constitue l'objectif économique explicite du gouvernement sur le long terme - et pour doubler le PIB par habitant d'ici 2020 - ce qui est vital pour la stabilité sociale à long terme. La vraie question concerne le calendrier de la mise en œuvre des réformes.

Dans un scénario optimiste, d'ici deux à trois ans, le marché immobilier serait plus stable, les objectifs de crédit devraient être significativement moins importants et la qualité de la croissance plus élevée, avec un environnement plus favorable à la mise en œuvre des réformes. Dans le même temps, les autorités vont probablement continuer à jongler entre les interventions à court terme et les objectifs à long terme.

Par ailleurs, la relation yuan-dollar est en train d'évoluer. Par le passé, les marchés utilisaient l'indice de volatilité comme baromètre pour évaluer la propension au risque et le niveau de financement. A la suite de la crise financière mondiale, le dollar a remplacé l'indice de volatilité pour en faire le « nouvel indice de la peur ». Effectivement, le yuan doit faire face non seulement à un dollar fort, mais également à une volatilité élevée induite par le billet vert.

De fait, les défis pour le yuan s'intensifieront sur le court terme, mais se stabiliseront sur le moyen terme. Avec le dollar, la tendance pourrait précisément être l'inverse.