La famille Wang, originaire de Zhengzhou la capitale provinciale, fait incontestablement partie de ceux là. Wang Kun, ancien comédien d'échelon national, qui a adopté après sa retraite six enfants , et les a élevé avec sa femme durant 17 ans.
Nous avons rencontré au mois d'avril Wang Kun, un septuagénaire à Zhengzhou, chef-lieu de la province du Henan. A l'âge de 14 ans, il est allé à Lhassa au Tibet d'abord pour ses études, puis en rejoignant une troupe locale d'opéra, où il a trouvé sa femme de vie Wang Shurong. Sa notoriété grimpe en flèche, M. Wang devient rapidement une personnalité reconnue du milieu. En 1982, après plus de 30 ans passés au Tibet, une nouvelle opportunité s'offre à lui : diriger le théâtre de Zhengzhou au Henan, sa région natale.
Malgré une carrière bien remplie, ce n'est pourtant pas l'aspect professionnel qui distingue les Wang... mais leur vie de famille. Une famille qui s'est sensiblement aggrandie à partir de 1998 avec l'adoption de six orphelins , dont 2 filles et 4 garçons. Ils se sont ajoutés aux deux enfants que le couple avait déjà.
« C'était en 2001, nous vivions avec tous les enfants dans un appartement de 104m2 à Zhengzhou. Nous sommes huit personnes, chaque soir, certains dormaient sur lit, d'autre sur sol, c'était pas confortable du tout. »
Pour nourrir cette famille nombreuse, les 3000 RMB de revenu mensuel (environ 400 euros) paraissaient bien maigres. Wang Kuan a donc été obligé d'arpenter les salons de thé pour arrondir péniblement ses fins de mois en chantant l'opéra traditionnel. Sans trop de succès il faut bien le dire, contrairement au Tibet.
« L'atmosphère de boulot était totalement différent par rapport à l'opéra au Tibet ! Dans les salons de thé, si les clients m'appelaient à jouer, je ne pouvait que gagner un peu d'argent, sinon, je n'aurais rien. A cette époque-là, il n'y avait très peu de clients qui me demandaient de chanter l'opéra, je me suis dit qu'il faut insister à attendre. Mais jour après jour, j'était toujours oublié au fond du salon de thé. Les regards méprisés, les rumeurs me piquaient au coeur. Il y avait des client qui me connaîssaient m'ont appelé à jour une pièce d'opéra, mais c'était très peu. »
Pour gagner la vie et nourrir toute famille de dix personnes, cet ancien commédien populaire a connu des expériences qui lui rendaient très triste. Wang Kun en a parlé avec les larmes aux yeux.
« Au fur et à mesure, je sentais la pression : personne m'avait demander de chanter dans le salon de thé. Je pouvais rien faire que voir d'autres commédiens recevaient des revenus. Chaque nuit, je suis rentré en vélo, personne me demandait de chanter l'opéra, c'était plus pénible que quelqu'un me frappe la face ! »
Quasi inconnu du jeune public, Wang Kun s'est lancé un nouveau challenge à l'âge de 63 ans: percer auprès de la jeunesse avec les masques de l'opéra traditonnel chinois. Quand il est remonté sur la scène, il a eu des chaleureux applaudissements et est devenu de plus en plus populaire dans presque tous les salons de thé à Zhengzhou.
Quelques fois, Wang Kun chantait l'opéra traditionnel de 20h du soir jusqu'à 8h du matin. Trop chargé et épuisé après sa réputation rétablie, il tombait malade et a été prodigué plusieur fois des soins intensifs.
Aujourd'hui, tous les six enfants adoptés ont grandi et travaillent. En 2001, un reportage de médias locaux sur cette famille nombreuse peu ordinaire lui a apporté plus de popularité. En 2015, la famille de Wang Kun a été sélectionnée à un laurier nommé « Dix familles touchant les coeurs des Chinois ». Shurong, femme de Wang Kun parle de leur vie actuelle.
« Nous avons passé le moment le plus dur. On se rappelle souvent la vie il y a dix ans, on ne sait même pas comment on pouvait affronter toutes les difficultés ! Les enfants sont grands, tous ont trouvé leur travail. Notre famille a été élue ce laurier, mais c'est un point de départ pour nous. Mon homme a 76 ans, il porte mieux, et nous pensons à faire plus de choses, à aider plus de personnes si elles ont besoin. »
Selon les Wang, ils ont deux projets à réaliser cette année : donner graduitement les cours de formation d'opéra traditionnel à des animateurs qui n'ont pas beaucoup d'argent ; organiser les spectacles de charité en faveur des patients démunis :
« Cette année, moi et ma femme envisagent d'abord de créer une formation graduite d'opéra traditionnel ; et par ailleurs, je vais faire deux spectacles de charité et offrir tous les revenus à des patients urémiques et leucémiques démunis, pour leur donner l'espoir de vie. Si je vais bien, je peux réaliser ces deux projets. »