La Chine accorde un statut légal aux services de voitures avec chauffeur
  2016-08-01 10:23:15  China.org

La Chine a dévoilé jeudi son premier règlement national sur les services de mobilité à la demande, octroyant un statut juridique à cette industrie.

Le document, publié par le Conseil d'Etat –le gouvernement chinois- a présenté des lignes directrices sur l'enregistrement et le fonctionnement des entreprises de mobilité à la demande.

Jusqu'à ce jour, les entreprises comme Didi Chuxing, une société chinoise, et son homologue américain Uber exerçaient dans une zone floue en Chine, où il est illégal de faire payer les passagers pour des voyages en voitures privées.

Le dernier document précise que dorénavant les entreprises de mobilité à la demande n'auront pas besoin de posséder leur propre flotte, ce qui permettra effectivement à des voitures privées de se joindre à cette industrie.

Les véhicules et chauffeurs qui proposent des services de mobilité à la demande en ligne pourront demander une licence collective, mais, a précisé le document, les entreprises de mobilité à la demande seront désormais responsables de la qualification de leur flotte et de leurs chauffeurs.

Un règlement provisoire publié par le ministère des Transports le même jour a fixé des exigences détaillées pour les entreprises de mobilité à la demande et les chauffeurs.

Ainsi, aux termes du nouveau règlement, les voitures ne seront plus autorisées à proposer des courses après que leur compteur aura atteint 600.000 km ou si elles ont été en circulation depuis huit ans ; dans le même temps, les conducteurs devront avoir un casier judiciaire vierge en termes d'usage de drogue, de conduite, de consommation d'alcool ou d'infractions avec violence.

Le règlement oblige également les entreprises de mobilité à la demande à payer des taxes et à contracter une assurance pour les passagers, tout en leur interdisant une sous-cotation des prix du marché qui, selon elle, perturberait l'ordre du marché.

La popularité de Didi Chuxing et d'Uber a suscité la colère parmi les chauffeurs de taxi qui doivent eux payer des frais de franchise élevés tout en faisant face à la concurrence des services de mobilité à la demande.

Le document publié jeudi a exigé des compagnies de taxi qu'elles réduisent les frais de franchise élevés et encouragé les entreprises à fournir des services de réservation en ligne ou de fusionner avec des entreprises de mobilité à la demande.

Selon le Centre d'information sur le réseau Internet de Chine, quelque 96,6 millions de Chinois, soit environ 1 sur 14, ont réservé un taxi via des services de mobilité à la demande en ligne en 2015, tandis que 21,6 millions de personnes ont réservé des voitures privées en ligne.

Il y a 1,39 millions de taxis dans toute la Chine, qui transportent plus de 100 millions de personnes par jour en moyenne.

De son côté, le vice-ministre des Transports Liu Xiaoming a déclaré que la Chine était le premier pays au monde à déployer une réglementation nationale sur les services de mobilité à la demande en ligne, qui sont interdits dans la plupart des pays étrangers, comme en Allemagne et au Japon.

Le vice-ministre a souligné que la nouvelle politique a été adoptée après une enquête et des recherches approfondies et s'est fortement appuyée sur les points de vue de différents groupes.

« Notre principe consiste à mettre les passagers au centre et de répondre à leurs demandes [...] notre ligne de fond est la sécurité des passagers et une concurrence loyale », a déclaré M. Liu lors d'une conférence de presse organisée jeudi.

La nouvelle mesure a été bien accueillie, tant par les sociétés de mobilité à la demande que par les exploitants de taxi.

Didi Chuxing a ainsi publié une déclaration qualifiant cette réglementation d'« étape importante dans la promotion du développement sain et stable de l'industrie de la réservation de voitures avec chauffeur ».

Uber a pour sa part dit dans un communiqué que cette nouvelle politique montre la reconnaissance et le soutien du gouvernement aux services de mobilité à la demande en ligne. « C'est bon pour le fair-play entre les services de mobilité à la demande et les taxis », a ainsi déclaré Jin Kai, porte-parole d'une compagnie de taxi de la province du Zhejiang, dans l'Est de la Chine. « A présent, nos chauffeurs ont davantage confiance dans l'industrie ».

La nouvelle mesure a également été bien accueillie par les experts des transports et le public.

« Cette politique respecte les lois du marché », a ainsi souligné Guo Jifu, directeur du Centre de recherche sur les transports de Beijing, qui a ajouté que « maintenant, les entreprises de mobilité à la demande devront jouer selon les règles ».

Yu Mingyuan, chercheur au ministère des Transports, estime quant à lui que cette nouvelle réglementation est en harmonie avec l'économie de l'Internet Plus, et qu'elle va pousser l'industrie des taxis à améliorer ses services.

Selon Fu Weigang, directeur exécutif de l'Institut de finances et de droit de Shanghai, cette nouvelle politique est « un grand pas en avant » ; il a néanmoins insisté sur le fait que, comme elle est actuellement seulement provisoire, une certaine incertitude demeure encore.

Dans le même temps, si le règlement laisse la tarification des services de mobilité à la demande à la discrétion du marché, il a également donné aux gouvernements locaux le pouvoir de fixer les prix.

« Les gouvernements locaux devront déployer des politiques plus détaillées », a pour sa part déclaré Gu Dasong, expert en transports à l'Université du Sud-est, à Nanjing.