Pour un bon joueur de Su'er, la formation dure une dizaine d'années, voire même plusieurs décennies. La difficulté de son apprentissage peut décourager les moins opiniâtres. Le risque existe que la pratique de cet instrument, si particulier aux Tuvas, se perde. Ce qui n'est pas le cas du Xoomei, l'autre trésor de musique Tuvas.
Le Xoomei, c'est l'art du chant à voix bitonale pratiqué par les Mongols. Et lui est très largement transmis dans la communauté. Aujourd'hui le Xoomei a presque disparu de la steppe mongole, mais à Kanas dans le Xinjiang, les Tuvas s'efforcent encore de transmettre ce patrimoine.
Amuerdala, un jeune homme de 18 ans, est l'un des meilleurs chanteurs de Xoomei à Kanas. Il vient d'être admis à l'Académie de musique. Et sa spécialité est la musique folklorique :
« J'ai commencé les études de Xoomei quand j'avais 13 ans. Aujourd'hui, la plupart des jeunes ne s'intéressent pas à ce genre de culture traditionnelle. Mais j'espère que de plus en plus de jeunes pourront connaître le Xoomei, le protéger, et le transmettre. Je vais continuer mes études sur le Xoomei à l'Académie de musique. Et même s'il n'y avait plus de plate-forme, je continuerai toujours de chanter le Xoomei. »
La haute saison touristique à Kanas s'étend de juin à octobre. C'est aussi pendant cette période-là que les Tuvas reçoivent le plus de visiteurs à domicile. Etant l'un des hôtes les plus populaires du village, Dalike reçoit chez lui plus de 100 touristes par jour pendant la haute saison. Hors de la saison touristique, Dalike a d'autre chat à fouetter. Cet hiver, il compte partir pour Beijing. Il envisage de faire des spectacles de Su'er et de Xoomei dans la capitale, même si cela doit lui couté l'argent gagné cet été. Il a envie de faire connaître à plus de monde ces deux trésors d'arts folkloriques :
« J'aime vraiment ces musiques traditionnelles. Il faut que quelqu'un les transmette. J'ai suivi un enseignement de Su'er, et en même temps un enseignement de Xoomei. Mes études visent à transmettre ces arts. D'après moi, les visites à domicile de maintenant sont favorables à la transmission des arts. Il arrive 20 milles touristes par jour à Kanas, et chez moi, 150 par jour. On ne peut pas montrer ces arts à tout le monde. Mais on fait pour le mieux pour que les gens connaissent notre culture ethnique. Je ferai de mon mieux pour protéger ces arts ancestraux, et de les transmettre largement. C'est mon rêve. »
Devant tant de détermination, nous avons des raisons d'être confiants quant à l'avenir de ces trésors de la musique Tuvas : le Su'er et le Xoomei ne sont pas prêt de disparaître. Grâce aux efforts de Tuvas comme Dalike et au développement du tourisme, les traditions Tuvas semblent avoir assurer leur futur.