Selon des historiens, l'histoire réside dans les livres, dans les bâtiments historiques, qu'ils soient enterrés ou encore là où ils étaient. Sans oublier que l'histoire est également conservée dans la mémoire de chacun. C'est pour cela que la mairie de Zhanjiang a envoyé deux chercheurs en France l'année dernière pour trouver des documents historiques sur la ville. Pour les bâtiments historiques, la mairie avait déjà répertorié les bâtiments de grande valeur historique et établi des règles de protection. Mais pour sauvegarder l'histoire parlée ou relatée par le peuple, on n'a pas lancé des mesures concrètes. Donc nous les journalistes, nous tâchons d'interviewer les habitants locaux et de pérenniser leur mémoire. Voici Chen Jiaru, un octogénaire qui a vécu la colonisation Française.
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« Pendant les années 30, la vie était calme et paisible. La ville était bien propre. On trouvait rarement des ordures trainées dans les rues. Les paysans qui vendaient les cannes à sucre, récupéraient l'écorce dans un sceau et le vidait plus tard dans les poubelles. Pour les gens qui les consommaient, ils n'osaient jamais cracher le résidu de canne par terre, parce que tout simplement l'amende était très, très chère. »
Les Français ont pas mal construit à Zhanjiang. Les constructions religieuses comme la Cathédrale Saint-Victor et celle de la fonction public comme le commissariat de police, se trouvent actuellement dans le district Xiashan dans le centre ville. Les constructions civiles sont principalement dans le district Chikan, le vieux quartier. La rue Datong était la rue la plus animée de l'époque, puisqu'elle était à deux pas du port. Beaucoup de commerçants y habitaient et tenaient une boutique au rez-de-chaussée de leurs maisons. En regardant les façades de ces maisons, on peut toujours reconnaître celles qui ont été construites par des Français, grâce à la forme des fenêtres ou aux contours des murs. Avec M. Liu, un vieux monsieur qui habite dans la rue Datong depuis une soixante-dizaine d'années, nous avons eu plus de détail sur le quartier.
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« J'habite ici depuis 1938. A cette époque, beaucoup de Français féquentaient cette rue. C'était une rue commerciale. On y trouvait des confiseries, des bijouteries, des boutiques de soies et de tissus, etc. En 1942, les Français sont partis et les Japonais sont venus. En 1945, les Japonais sont partis et ont laissé la place au Kuomingtang. En 1949, les partis communistes ont pris le contrôle. J'ai vécu quatre gouvernements ici. »
Un petit cour d'histoire pour nos auditeurs. De 1937 à 1945, la Chine luttait contre l'envahissement Japonais. Cette longue guerre de résistance faisait partie de la Seconde Guerre Mondiale. Et à cette époque, le gouvernement chinois était représenté par Tchiang Kai-chek et son parti nationaliste le Kuomingtang. Après la capitulation du Japon en 1945, Tchiang Kai-chek et son parti Kuomingtang commençaient à reprendre le contrôle du pays. Mais le parti communiste s'est beaucoup développé lors de la guerre de résistance.Il lui a fallu juste 4 ans de guerre civile, pour qu'il gagne la majorité du territoire Chinois et fonde la Chine Nouvelle le premier octobre 1949 à Beijing.
Jusqu'en 1942, la vie était paisible à Zhanjiang. Malgré la colonisation Française, le peuple vivait en sécurité. Mais avec l'arrivée de l'armée Japonaise, les flammes des guerres s'y sont éclatées. En 1944, les alliés ont bombardé la ville afin de tuer les commandants Japonais cachés dedans. Beaucoup de civils ont également perdu la vie. Voici le témoignage de M. Shen Din'an, un grand calligraphe chinois.
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« Les alliés ont reçu une information, disant que les commandants japonais tiendront une réunion au restaurant Dazhong. Puis l'avion des alliés ont survolé la ville en jetant quatre bombes. Une bombe a fait exploser le restaurant qui n'était pas très loins de chez moi. Une autre a été jetée sur un théâtre, qui était transformé en salle de danse. Là, c'était vraiment un tragique inimaginable, qui faisait horreur à voir. »
M. Shen a perdu 7 membres de sa famille, dont son père et sa mère. Lui, il a été emporté par un souffle d'explosion et a survécu par miracle. Selon M. Shen, les blessés avaient rempli d'un coup l'unique hopital de la ville, un hopital Français. Ne pouvant pas suppporter une telle situation, le président Viêtnamien de l'hopital a fui, laissant ses collègues seuls dans ce combat difficile. Un an après ce bombardement tragique, le Japon a signé l'accord de la capitulation avec les alliés. Le 28 février 1946, un accord a été signé à Chongqing entre le Gouvernement provisoire de la République Française et la République de Chine. Il prévoit la fin des concessions Françaises en Chine, incluant la Concession Française de Shanghai et Kuang-Tchéou-Wan.
Aujourd'hui cette histoire mouvementée est loin derrière nous. La ville de Zhanjiang a retrouvé sa sérénité depuis. Un plan de revalorisation des bâtiments historiques est en discussion. Souhaitons que la paix soit éternelle et que l'histoire reste toujours dans nos coeurs.