Il est temps pour l'OTAN d'apprendre à recourir à d'autres moyens que la force militaire (COMMENTAIRE)
  2012-05-20 19:09:14  xinhua
Alors que les dirigeants de l'OTAN se réunissent ce dimanche pour leur sommet annuel, afin de discuter de questions comme la guerre en Afghanistan et les moyens de maintenir la puissance militaire de l'alliance en dépit des réductions budgétaires, ils ont pu voir se rassembler une foule venue non pour les saluer, mais pour protester.

Dans la période qui a précédé le sommet, les manifestants ont organisé divers rassemblements dans la ville pour protester contre les interventions militaires de l'alliance dirigée par les Etats-Unis au cours des dernières années, arguant que ces interventions, sous des déguisements nobles, ne faisaisent que poursuivre des intérêts égoïstes.

Il est excusable de poursuivre des intérêts égoïstes tant que l'on ne viole pas les droits d'autrui. Mais pour l'OTAN, qui a au cours des dernières années atteint certains de ses objectifs stratégiques au détriment d'autres pays, ces manifestations devraient servir de sonnette d'alarme, et avertir le bloc qu'il est temps d'enrayer son obsession de la puissance militaire.

Après l'effondrement de l'Union soviétique en 1991, l'OTAN, restée sans rival, a servi de police mondiale, tout en se cherchant un nouveau rôle.

Au cours des deux dernières décennies, l'OTAN a été activement impliquée dans des guerres ou des interventions militaires en Bosnie, au Kosovo, en Afghanistan, et plus récemment en Libye.

Ces guerres ont infligé un lourd tribut tant humain qu'économique aux pays concernés. Selon un rapport publié récemment par une institution basée à New York, les huit séries de bombardements de l'OTAN sur la Libye l'an dernier ont directement causé la mort de 72 civils, dont 20 femmes et 24 enfants.

En outre, la politique belliciste de l'OTAN a également transformé la structure géopolitique mondiale en matière de sécurité, ce qui a eu pour effet de déclencher de nombreux conflits au sein de la communauté internationale, et même au sein de l'alliance elle-même.

De fait, les membres de l'OTAN sont toujours divisés sur le rôle de l'alliance au 21e siècle. De nombreux membres européens ont réduit leurs budgets de défense pour les années à venir, estimant que la sécurité du continent n'est plus un motif d'inquiétude. Leur volonté de contribuer financièrement aux questions de défense va probablement rester faible durant les prochaines années, au vu des problèmes posés par la crise de la dette européenne.

Les analystes ont noté que la dimension endémique de la guerre afghane avait érodé les passions parmi les membres de l'OTAN et leurs alliés. Certains, comme l'Allemagne, ont choisi de rester en dehors du conflit libyen l'année dernière.

Lors du sommet de Chicago, savoir si le président français François Hollande annoncera ou non le retrait des troupes françaises d'Afghanistan d'ici la fin de l'année, comme il l'avait promis lors de sa campagne électorale, est devenu un brûlant sujet de débats.

En 2010 à Lisbonne, au Portugal, l'OTAN avait lancé une nouvelle doctrine stratégique baptisée "Engagement actif / Défense moderne". Les dirigeants avaient également convenu de remettre progressivement la responsabilité de la sécurité aux forces de sécurité afghanes, avec pour objectif d'achever la transition d'ici la fin de l'année 2014.

Cette nouvelle doctrine stratégique a montré que l'OTAN avait pris conscience du fait que son intervention militaire ne pouvait pas tout résoudre, et pouvait même, au contraire, créer davantage de problèmes.

La situation politique, économique et sécuritaire dans le monde évolue rapidement, mais la paix et le développement demeurent la principale préoccupation de notre époque. L'OTAN, qui possède de vastes ressources politiques et militaires, devrait en conséquence s'abstenir de poursuivre ses intérêts égoïstes au détriment des autres.

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