Cameroun : le fulfuldé, langue nationale la plus parlée avec 5 millions de locuteurs
  2011-02-18 08:33:38  xinhua
Rencontré dans les trois régions septentrionales (Adamaoua, Nord et Extrême-Nord), le fulfuldé est la langue la plus parlée au Cameroun avec 5 millions de locuteurs, révèle une étude du ministère de l'Education de Base à l'occasion des festivités de la 12e journée internationale de la langue maternelle lancées jeudi à Yaoundé. Selon un ethnologue (Grimes, 2000) cité par l'étude, le Cameroun totalise 287 langues nationales parmi lesquelles une vingtaine classées comme étant majoritaires par rapport à une base d'au moins 60.000 locuteurs. Après le fulfuldé, le béti fang est la deuxième langue de ce classement avec 2 millions de locuteurs, répartis dans les régions du Centre et du Sud. A la troisième place, le yemba dans l'Ouest est crédité de 300. 000 locuteurs, suivi dans cette même région du Ngomala (260.000 locuteurs), du bassaa (230.000 locuteurs) dans le Centre, le medumba (210.000 locuteurs) puis le shupamum (200.000 locuteurs) encore dans l'Ouest. Avec 63.000 locuteurs déclarés, l'arabe ( Extrême-Nord) occupe la dernière loge de ce tableau de 18 langues. D'après le ministère de l'Education de Base, « toutes ces langues (majoritaires) sont normalisées. Elles ont fait l'objet de descriptions linguistiques et disposent d'un système d'écriture conforme à l'alphabet général des langues camerounaises », dans un pays où, héritage colonial oblige, le français et l'anglais sont plutôt les deux langues officielles. « Elles sont utilisées comme langues d'enseignement dans le système formel et/ou non formel. Elles ne sont pas cependant les seules langues nationales camerounaises utilisées dans l' enseignement. Certaines langues minoritaires en terme de locuteurs ont pu, grâce au concours des missionnaires et des ONG, être développées et sont aussi utilisées dans l'enseignement formel ( expérimental) et non formel », précise-t-on par ailleurs. En vue de la généralisation de l'enseignement des différentes langues, le département des langues africaines et de linguistique de l'Université de Yaoundé I se prévaut d'une expérience de deux décennies de recherches théoriques et d'applications pratiques à travers le Projet de recherche opérationnelle pour l'enseignement des langues au Cameroun (PROPELCA). Une autre initiative parallèle menée par l'Association nationale des comités de langues au Cameroun (ANACLAC), qui regroupe en sein 78 « académies » des langues camerounaises avec un centre de linguistique appliquée, a permis la formation de 3.000 maîtres pour l'enseignement bilingue (langues officielles-langues nationales) et 60 superviseurs locaux d'alphabétisation. Avec également comme réalisation depuis sa création en 1987, 188 titres dans la collection PROPELCA dans le cadre de la production de matériel didactique, cette organisation de la société civile développe avec les universités de Yaoundé I, d'Addis-Abeba en Ethiopie et de Cape Town en Afrique du Sud un programme universitaire. Mais en dépit de ces actions, la marginalisation des activités de développement et de promotion des langues nationales restent une des tares sociales au Cameroun, a déploré jeudi le Pr. Gabriel Mba, enseignant à l'Université de Yaoundé I.
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