La famille Kraft, vit heureusement en Chine
2008-02-18 10:44:00 cri
Il est Allemand, mais il est titulaire d'une carte de résident permanente en Chine. Il ne parle pas le chinois, mais, ses collègues chinois ne le considèrent jamais comme un véritable étranger. Lui, c'est Lutz Kraft, le président général d'une succursale de Siemens. Présentation aujourd'hui de cet Allemand, surnommé en chinois « Lao Ke ».

Lao Ke aura près de 50 ans cette année. Ça fait 12 ans déjà qu'il travaille en Chine. Son entreprise se situe dans un des technopôles de Hangzhou. Une ville à l'Est de la Chine, dans la province du Zhejiang, juste à 200 km au Sud-Ouest de Shanghai. Jamais à cours de travail, Lutz Kraft doit souvent manger sur le pouce. Mais malgré les contraintes, il n'a, dit-il, jamais regretté le choix qu'il a fait il y a 12 ans :

« Début 1995, le groupe Siemens a décidé de créer une filiale en Chine, spécialisée dans les interrupteurs à haute tension. On a fait des enquêtes dans plusieurs villes chinoises, comme à Beijing et à Xi'an. C'était l'hiver à ce moment-là, mais, en arrivant à Hangzhou, on avait l'impression que le printemps était déjà là !»

A l'époque, Lutz Kraft et ses collègues ont sillonné la Chine à la recherche d'un site pour l'entreprise. Après plusieurs mois d'enquêtes, ils sont arrivés à Hangzhou. C'était le coup de foudre pour cette ville. Lutz Kraft :

« Hangzhou est une belle ville qui est très connue en Chine. C'est parce qu'elle avait une telle réputation que nous sommes venus voir ce qui se passait ici. On savait qu'elle était belle, mais on ignorait tout de ses perspectives commerciales. A l'époque, nos partenaires nous disaient que Hangzhou était un endroit très important, qu'il allait permettre de stimuler nos affaires. En Allemagne, personne ne les a cru, et pourtant, petit à petit, on a vu que c'était un endroit vraiment intéressant. Parce que, dès que mes clients savaient que nous étions à Hangzhou, dans une ville aussi sympa, eh bien ils avaient envie d'y venir sans tarder ! »

Et fin 1995, Lutz Kraft signait un contrat de coopération avec Song Zhusheng. Song Zhusheng, c'était à l'époque le responsable de la production d'électricité dans la province du Zhejiang. Lutz Kraft :

« A l'époque, il y avait seulement deux personnes. Moi et Song Zhusheng. On a débuté la production et puis ensuite, on a commencé à vendre nos produits dans toute la Chine. Petit à petit, l'entreprise s'est développée. Un an après, fin 1996, on avait à peu près 50 employés. Aujourd'hui, parmi tous ces anciens, 40% travaillent toujours pour l'entreprise. »

Aujourd'hui, l'entreprise de Lutz Kraft compte plus de 560 employés. Dans son bureau, l'Allemand conserve une vieille photo de ses collègues. Pour lui, c'est un souvenir précieux. Et il connaît par c?ur le nom de toutes les personnes. Lutz Kraft :

« Si tu travailles avec des gens, tes collègues, pendant 10 ans, tu t'en fait des amis, c'est normal. Certains d'entre eux sont même devenus de très bons amis. C'est un peu pour ça, parce qu'on peut parler librement, que l'entreprise se développe aussi rapidement. »

En seulement quelques années, cette filiale de Siemens a connu un véritable boum en Chine. Le développement de cette modeste entreprise a dépassé toutes les espérances des dirigeants. Elle se classe désormais dans le peloton de tête du secteur en Chine. Et parmi toutes les filiales du groupe Siemens en Chine, c'est également l'une des plus performantes. Lutz Kraft a son explication :

« Déjà, premièrement, on fabrique un produit dont les Chinois ont fortement besoin en ce moment. Et puis, on a su mêler, faire cohabiter, la maîtrise des technologies allemandes avec des méthodes de gestion chinoises, notamment en ce qui concerne la gestion du personnel. Et puis troisièmement, on peut dire que Hangzhou est une des villes chinoises où il fait bon vivre et travailler, ça a aussi son importance. »

Mais, pour les employés de l'entreprise, leur chef allemand est aussi une des raisons pour lesquelles l'entreprise se porte bien. Xuan Gelun fait partie des vétérans de Siemens. Il a suivi le développement de l'entreprise depuis le début. Lui apprécie le travail ici, car, dit-il, son chef, Lutz Kraft, lui donne suffisamment d'espace libre pour pouvoir s'épanouir :

« C'est quelqu'un qui est en quelque sorte un pionnier ici, et il a toujours cet état d'esprit. Si ça n'avait pas été quelqu'un d'ouvert, jamais notre entreprise n'aurait pu se développer si rapidement. C'est grâce à lui que l'entreprise a pu connaître ces dernières années un développement ultrarapide. »

Chen Ming, elle, s'occupe du transport des marchandises. Elle est du même avis :

« En tant que dirigeant d'expérience, il a l'esprit perspicace, il sait prendre les bonnes décisions. C'est très important pour le développement de l'entreprise. Je pense qu'il a les épaules pour être dirigeant. »

L'entreprise, disent les employés, c'est devenu comme une grande famille. A tel point qu'ils appellent leur patron affectueusement « Lao Ke ». Chen Ming :

« On l'appelle « Lao Ke », c'est plus sympa. Son nom, c'est Kraft. Et la première lettre de son nom, c'est K, alors on l'appelle « Lao Ke » ».

Lutz Kraft a décidé de rester à Hangzhou, parce que, dit-il, la ville est belle. Mais Lutz Kraft se souvient que quand il est arrivé, il se sentait un peu seul. C'était alors le seul Allemand dans la zone économique de Hangzhou. Aujourd'hui, de nombreux Allemands y habitent. Ils y ont même créé une équipe de foot.

Mais Lutz Kraft, lui, ne touche pas trop le ballon. Son temps libre, il préfère le passer avec sa femme, qui, elle aussi, se sent bien à Hangzhou. Lutz Kraft :

« En général, je signais un contact de trois ou cinq ans avec l'entreprise. A chaque fois, avant la fin du contrat, je me disais que j'aurai peut-être besoin de me reposer quelque temps chez moi, en Allemagne. Alors j'en ai discuté avec ma femme. Et c'est là qu'elle m'a dit : « si tu veux partir, tu pars, mais sans moi ! » Je veux rester ici, pour dix ans ! C'est pourquoi, finalement, j'ai décidé d'y rester. »

En 2001, Lutz Kraft a obtenu un prix de l'amitié internationale, décerné par le bureau chinois des experts étrangers, ces étrangers qui travaillent pour des entreprises ou des universités chinoises. Trois ans après, en 2004, il a reçu le titre de «citoyen d'honneur » de Hangzhou. L'année dernière, en 2007, Lutz Kraft avait déjà passé plus de dix ans à Hangzhou. Il a reçu sa carte de résident permanent en Chine.

Mais, Lutz Kraft n'est pas devenu sinologue pour autant. Il n'a par exemple pas de nom chinois. Et de la langue chinoise, il n'a qu'une connaissance limitée. Il peut uniquement dire quelques mots, comme merci ou bonjour. Il ne s'intéresse même pas à la gastronomie chinoise. Car, pour Lutz Kraft, le plus important, c'est le travail.

Alors évidement, en dix ans, il y a forcément certaines choses qui lui ont laissé une forte impression : c'est notamment l'amélioration du transport de la ville. Lutz Kraft :

«Aujourd'hui, Hangzhou a complètement changé. En 1995, il n'y avait jamais d'embouteillage, même au centre ville. Le principal moyen de transport, c'était alors le vélo. Et la plupart des voitures qui roulaient dans les rues, c'étaient des taxis. Alors que maintenant, tout a changé. On peut voir des voitures partout. »

Pour Chen Ming, même si Lutz Kraft n'a pas encore des connaissances très approfondie sur la Chine, sa pensée est déjà très « chinoise ». C'est pourquoi ses collègues chinois ne le considèrent jamais complètement comme un étranger. Chen Ming :

«Travailler avec un étranger, comme lui, pour moi, c'est une occasion rare. Il est différent des autres étrangers. Pour certains étrangers, par exemple, il y a pas mal de choses qui sont difficiles à comprendre. Mais, pour lui, c'est plus facile. C'est peut-être parce qu'il est en Chine depuis très longtemps. »

Et même si de bons postes l'attendent en Allemagne, Lutz Kraft a fait son choix, c'est à Hangzhou, en Chine, qu'il entend passer les dix prochaines années :

« Je ne suis pas encore vieux, mais, à vrai dire, à mon âge, je ne suis plus tout jeune. Au lieu de travailler dans un plus grand bureau, je préfère mon travail actuel. J'ai envie de faire quelque choses qui a du sens. »

Commentaire