Bonjour à tous, bienvenue dans notre émission spéciale consacrée au concours de connaissance sur « la province du Sichuan, le pays du panda » organisé par Radio Chine internationale et le Bureau touristique du Sichuan.
Aujourd'hui, nos destinations seront deux sites inscrits au patrimoine culturel mondial situés non loin de Chengdu, la capitale de Sichuan. Il s'agit du Mont Qingcheng et du système d'irrigation de Dujiangyan.
Deux questions sur ces sites. D'abord, la première : le Mont Qingcheng est-il vraiment considéré comme le lieu d'origine du taoïsme ? La deuxième maintenant : le système d'irrigation Dujiangyan est un ouvrage hydraulique très ancien. Quand a-t-il été construit ?
Quittant Chengdu, capitale de la province du Sichuan, en direction du nord-ouest, il faut une heure de route pour arriver au Mont Qingcheng.
Le Mont Qingcheng a été le berceau du taoïsme, ce qui est rappelé par une série de temples anciens. Le Mont Qingcheng est situé à 15 km de la ville de Dujiangyan proprement dite, et à 68 km de Chengdu.
Il se trouve à l'est des montagnes Qionglai Sud et son sommet est le mont Bamian (également appelé mont Zhaogong). Le site du Mont Qingcheng compte 36 sommets, 8 grottes principales, 72 grottes de moindre importance et 108 sites pittoresques.
On apprécie ce lieu pour sa tranquillité et les sites historiques de la culture taoïste. En 1982, le Mont Qingcheng a été inscrit dans le premier groupe des sites nationaux majeurs d'intérêt historique et touristique.
Deux croyances s'affrontent concernant l'origine du nom Qingcheng (cité verte). Selon l'une, la disposition de la montagne respecte les 36 agencements du yin et du yang, puisque la montagne est entourée de verdure, faisant de ce secteur une cité verte.
Selon l'autre explication, elle aurait été appelée « montagne de la Cité pure » parce que la mythologie chinoise indique qu'on doit être « pur et noble pour méditer » et que le Maître demeure dans la « Capitale pure ou Profondeur pourpre ».
Elle aurait été appelée ainsi depuis la dynastie des Han, mais au moment où l'empereur Xuanzong de la dynastie des Tang a décidé de la restituer aux taoïstes, dans son décret, il aurait oublié les trois points qui différencient les caractères pur et vert et aurait ainsi écrit par erreur « vert » au lieu de « pur ». Dès lors, Qingcheng serait devenu la « montagne Cité verte ».
Peu importe quelle est la bonne croyance. Tout le monde reconnaît «la tranquillité suprême de la montagne Qingcheng». On l'admire d'ailleurs pour une série de caractéristiques qui évoquent la tranquillité : ses forêts qui s'étendent à l'infini; la paix de ses sentiers... et aussi le parfum de ses fleurs de montagne; le gazouillement des oiseaux; l'élégance de ses pavillons et de ses tours; la profondeur de ses grottes; et la conception des distiques qu'on y trouve.
En pénétrant dans le site et en gravissant les premières marches, on est plongé dans l'atmosphère de « Qingcheng Shan, vallée la plus profonde sous le ciel ».
Le Mont Qingcheng est l'un des lieux d'origine du taoïsme. Le taoïsme est à la fois une religion et un mouvement de pensée, né en Chine. Il préconise « l'harmonie et l'existence commune entre l'humanité et la nature ».
On imagine aisément qu'il y a plus de 1800 ans, le fondateur du taoïsme, Zhang Ling, a été attiré par la profonde et verte vallée de Qingcheng et a décidé d'y pratiquer le taoïsme.
Cette montagne est étroitement liée à la montée et au développement du taoïsme en Chine. Le tout a commencé dès le IIe siècle, durant la dynastie des Han de l'Est.
C'est en effet dans la montagne de la Grue chantante, dans le district de Dayi, et en se basant sur la « philosophie de l'empereur Jaune et de Laozi » et sur le Dao De Jing, que Zhang Daoling a fondé la « doctrine des Cinq Boisseaux de riz », ou « mouvement du Maître céleste ».
Depuis les débuts officiels du taoïsme dans la province du Sichuan, le Mont Qingcheng a été la source du mouvement du Maître céleste et la terre sacrée où le maître fondateur Zhang Daoling s'est instruit et a prêché les doctrines.
À son apogée, on y trouvait plus de 70 temples taoïstes. Pour les taoïstes, les « montagnes sacrées » sont l'habitat des immortels, et elles sont des endroits qui sont exceptionnellement pittoresques et exempts de toute perturbation de la vie mondaine pouvant contrer l'épanouissement personnel.
La montagne Qingcheng est la cinquième des dix « montagnes sacrées » reconnues par le taoïsme en Chine.
Après sa fondation, le taoïsme a été durant longtemps le mouvement le plus influent en Chine, et même dans tout l'est de la région asiatique.
Notre guide, Kang Yu, estime qu'il y a maintenant des centaines de taoïstes sur le Mont Qingcheng. Leur pratique est régie par une discipline stricte. Mais au début de la fondation du taoïsme, il n'en n'était pas ainsi :
« A l'époque, les taoïstes pouvaient pratiquer le taoïsme chez eux. En plus, ils pouvaient se marier, avoir des enfants, boire de l'alcool et manger de la viande. Mais maintenant, il faut se faire moine taoïste et reconnaître un maître. »
Les constructions sont vraiment particulières et magnifiques. Nous pouvons y ressentir la véritable signification du taoïsme. Aujourd'hui encore, des dizaines temples taoïstes et un grand nombre de monuments historiques sont parfaitement conservés.
Au bout de dix minutes de marche le long des sentiers, les visiteurs rencontreront un joli pavillon pour se reposer. Certains d'entre eux sont à proximité du sentier et d'autres directement sur des ponts; tous se fondent parfaitement dans le paysage.
D'ailleurs, sans doute par bienveillance pour les marcheurs, les concepteurs semblent avoir prévu que la distance entre chacun des pavillons se raccourcisse progressivement à mesure que le sentier s'élève. Le plaisir qu'on trouve à Qingcheng tient dans les nombreuses promenades dans ses sentiers permettant d'apprécier vraiment la beauté de la montagne, ou dans la tasse de thé qu'on déguste dans un temple taoïste au hasard du chemin.
Comme le taoïsme admire la simplicité et la nature, la plupart des temples, kiosques et pavillons sont cachés sous les branches et les feuilles et sont en harmonie avec les montagnes, la forêt, et tout l'environnement.
Le Palais de Shangqing est le temple taoïste où les fidèles sont les plus nombreux pour y brûler de l'encens et des cierges.
De tous les temples taoïstes de la montagne Qingcheng, le palais Shangqing est celui qui se trouve le plus haut. Il a été construit durant la dynastie des Jin (1115-1234), bien que le complexe actuel soit le fruit d'une restauration effectuée durant la dynastie des Qing (1644-1911).
Il occupe une superficie de 2 469 m2 et est à dominance gris foncé et rouge terre. Les trois caractères shang qing gong (palais de la Noble Pureté) sur la porte d'entrée ont été écrits par Tchang Kaï-chek, durant la Seconde Guerre mondiale, quand il a séjourné à la montagne Qingcheng.
Dans les salles de garde du Dragon vert et du Tigre blanc, on trouve deux puits étonnants : l'un est rond et l'autre carré; l'un est profond et l'autre pas. Ils sont côte à côte et ont la même source.
Pourtant, l'eau de l'un est claire, tandis que celle de l'autre est boueuse. Chose intéressante, bien qu'ils soient différents, les deux puits ont toujours été ensemble depuis des temps immémoriaux.
Ce qui est offert dans le palais est Taishanglaojun, c'est à dire Laozi, le fondateur quasi mythique du taoïsme. D'après les habitants locaux, un flot de fidèles se presse pour y brûler de l'encens et des cierges.
Alors que l'avant de la montagne Qingcheng est célèbre comme étant la terre sacrée du taoïsme, on dit que l'arrière est mieux connu pour son paysage pittoresque tranquille et intact, plus à l'écart et plus enchanteur.
Le développement des dernières années a engendré la construction de 74 pavillons, 197 ponts en bois et environ 20 km de sentiers et passages piétonniers, dallés de pierre. Les attractions réputées dans ce secteur incluent le temple de Tai'an, la grotte des Immortels, la gorge de la Source volante et les grottes des Nuages blancs.
Marcher dans les ruelles de l'ancienne cité Tai'an, entrer dans une petite maison de thé, s'installer dans un fauteuil et admirer les nuages, c'est vraiment agréable.
Monsieur Huang Weiqi, qui apprend depuis l'enfance le dessin de paysage de Chine, a quitté la ville prospère de Guangzhou, au sud de Chine, pour passer quelques jours dans la cité historique de Tai'an et y profiter de sa fraîcheur, de la nature et de sa pureté :
« Dans le Mont Qingcheng, on respire bien le taoïsme. Les gens d'ici sont simples et s'entendent naturellement. Si cela était possible, j'aimerais bien passer ici un mois chaque année. »
Après ce voyage au sein de la culture taoïste du Mont Qingcheng, nous vous proposons un autre site touristique, pas très loin du Mont Qingcheng. Il s'agit du système d'irrigation de Dujiangyan.
Le système d'irrigation de Dujiangyan, vieux de plusieurs siècles, est unique. Remarquable pour son système sans barrages-réservoirs, c'est un chef d'?uvre de l'ingénierie hydraulique chinoise. Il tire pleinement parti de la géomorphologie de la région, dans laquelle le terrain suit une pente du nord-ouest au sud-est, ainsi que de la topographie locale, de la nappe phréatique et du potentiel de la rivière.
Ses constructeurs développèrent la technologie de la dérivation de l'eau sans barrages-réservoirs ni irrigation automatique. Le système d'endiguement intégré, de dérivation, de débit de crue, de chasse et de lutte contre les inondations joue un grand rôle dans la prévention des inondations, l'irrigation agricole, le transport de l'eau et sa consommation.
Un rôle qu'il tient depuis 2250 ans et qu'il continue de tenir à ce jour. Le système d'irrigation de Dujiangyan repose sur un principe : ne pas endommager les ressources naturelles, mais en tirer le meilleur profit possible au service de l'humanité. C'est l'une des plus grandes applications d'ingénierie écologique au monde.
En 256 avant notre ère, Li Bing, magistrat du royaume de Chu sous la dynastie Qin, choisit l'embouchure montagneuse de la rivière Minjiang, aux flots abondants, comme site d'un système d'irrigation.
Il fallut pour cela couper la plate-forme Lidui, creuser des canaux pour éviter les risques d'inondation, et ouvrir une voie de navigation, ce qui permettrait également d'irriguer les terres avoisinantes, créant une « terre d'abondance ».
Ces travaux furent étendus en 141 avant J.-C. par le magistrat Wen Weng. Sous la dynastie Tang (618-907), des projets de conservation de l'eau et d'irrigation à grande échelle furent réalisés, dont les endiguements de Baizhang, de Mizao et de Tongji, et le bassin de Wansui, qui fournit à la plaine de Chengdu un réseau de déversoirs et de canaux.
Le système fut rationalisé sous la dynastie Song (960-1279) en trois principaux cours d'eau, trois canaux et quatorze branches, avec un programme coordonné de maintenance et de contrôle de l'eau.
Le système fut encore étendu et des travaux supplémentaires réalisés (tels que les endiguements de Sili et de Shabo), irriguant douze comtés. D'importants travaux expérimentaux eurent ensuite lieu sous la dynastie Yuan (1206-1368) : en particulier, des barres de fer vinrent renforcer les endiguements.
Des projets de construction supplémentaires furent aussi réalisés et ce processus suivit son cours pendant toute la dynastie Ming (1368-1644), parallèlement à l'introduction d'un nouveau régime de contrôle. Les guerres incessantes à la fin de la dynastie Ming et dans les premières années de la dynastie Qing (1644-1913) entraînèrent la dégradation du système, mais il fut finalement réparé.
En effet, les habitants locaux s'impliquèrent dans de vastes projets de réhabilitation et de réparation, et la zone irriguée fut élargie à quelques 180 000 hectares.
Depuis cette époque, le système a été soigneusement entretenu et progressivement agrandi : il couvre aujourd'hui 668 700 hectares, répartis sur 34 comtés. Le système d'origine a été préservé, mais des matériaux et des technologies de construction modernes ont été utilisés pour rendre ce système ancien conforme aux exigences contemporaines.
Ken Boyd, touriste Américain, est en admiration devant le système d'irrigation de Dujiangyan, à la fois pour son design ingénieux et pour l'intelligence du peuple de la Chine antique. On l'écoute :
« Il est surprenant que ce système ait été construit il y a 2000 ans. Il contrôle ingénieusement le cours d'eau. On dispose ainsi d'une quantité d'eau suffisante pour irriguer des terres durant la saison sèche, et les inondations sont évitées en ville durant la saison des pluies. »
Notre présentation aux sujets du Mont Qingcheng et du système d'irrigation Dujiangyan s'achève là. Nous répétons les deux questions :
Première question : Le Mont Qingcheng est-il considéré comme le lieu d'origine du taoïsme ? La deuxième question : le système d'irrigation Dujiangyan est un ouvrage hydraulique très ancien. Quand a-t-il été construit ? |