Le Changdiao de l'ethnie mongole
2009-03-06 09:59:53 cri
Les Mongols sont une ethnie nomade, qui vit depuis toujours dans le nord du pays sur la grande steppe. C'est ainsi qu'est née une culture qui lui est propre. On dit souvent que les Mongols sont détenteurs de 3 trésors : la steppe, le cheval et le Changdiao.

Oui, les gens pensent que ces trois trésors forgent l'esprit des Mongols. Dans la rubrique d'aujourd'hui, on vous emmène visiter la steppe et vivre le charme de Changdiao.

Batutulaga est un garçon de 10 ans. Il est issu de la bannière Wuzhumuqin Est, dans la région autonome mongole. Il a appris à chanter auprès de sa grand-mère et, à force de s'entraîner, il a développé une très belle voix. En plus, il adore chanter.

On dit aussi que les Mongols sont faits pour le chant. Cela est peut-être dû à l'immensité de la steppe, ou encore à la culture nomade. Ceux qui se rendent en Mongolie ne peuvent pas ne pas être séduits par le charme de la chanson Changdiao.

Le Changdiao est une sorte de chanson populaire, il est considéré comme « l'âme de la steppe ». C'est une sorte d'art vocal propre à l'ethnie mongole. Si on l'appelle « Changdiao », ou chanson longue, ce n'est pas parce qu'il a une longue mélodie, ça veut dire aussi qu'il a une histoire longue, très longue, qui remonte très loin dans le temps. Selon Man Dufu, chercheur à l'Académie des sciences sociales de la Mongolie intérieure, la naissance et le développement de Changdiao a un lien très étroit avec le mode de vie des habitants la région. On l'écoute: « La culture nomade vient de la vie nomade. Notre musique, ou plus précisément notre Changdiao, n'est qu' un représentant de notre culture nomade, une culture qui est caractérisée par l'harmonie entre l'homme et la nature, une culture qui permet à l'homme et à la nature de se répondre et de communiquer. Voilà l'essentiel d'une culture nomade. De ce point de vue, notre Changdiao est unique au monde. C'est une forme culturelle rarissime. Elle est libre et belle, en parfaitement harmonie avec la nature »

On dit que la steppe est le berceau de Changdiao, et le Changdiao est la steppe mise en musique. Si les Mongols chantent le Changdiao, c'est pour exprimer leur amour de leur contrée natale et de leurs parents. C'est aussi pour évoquer leur histoire et les exploits de leurs ancêtres.

Le Changdiao est interprété de manière très mélodieuse, longue, étendue et pleine de variations. C'est une musique à la fois libre et rythmée. En plus de la richesse de sa mélodie et de sa haute technicité en terme d'interprétation, le Changdiao est ainsi considéré comme le fleuron de l'art nomade de l'ethnie mongole. Il a aussi une portée lyrique, épique, idéologique et philosophique. Tout de suite le témoignage de Mu Lan, chanteuse d'ethnie mongole : « Le Changdiao est l'âme du peuple mongol. Si un jour, on perd le Changdiao, on perd notre spécificité à nous. »

Le Changdiao est en quelque sorte une musique qui coule dans le sang des Mongols. Quel que soit le moment ou l'endroit, dès que les Mongols entendent le Changdiao, ils comprennent la passion et la désolation qu'il véhicule. Dans chacune des tentes mongoles et dans les oreilles de chacun des Mongols retentit toujours le chant que les anciens leur ont laissé.

La vieille Ha Da a toujours vécu dans la steppe. Elle a chanté le Changdiao pendant toute sa vie. Et malgré son âge, 68 ans, elle chante toujours. Elle aime le Changdiao tout comme elle aime la steppe, sa contrée natale. Et les enfants de Ha Da aiment aussi chanter le Changdiao. Cela leur fait grand plaisir. Mais Ha Da manifeste aussi une certaine inquiétude. Car au fil du développement de la société, on voit évoluer le mode de vie et de production. En plus, l'introduction d'autres cultures et d'autres modes de divertissement a fait perdre au Changdiao son environnement traditionnel.

Mais les autorités centrales et les autorités locales ont pris conscience de l'importance de protéger le Changdiao. En 2005, le Changdiao a été placé sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l'humanité. Une évolution très encourageante. Depuis, tant en Mongolie intérieure que dans beaucoup d'autres régions du pays, un nombre croissant de gens se mettent à enseigner ou à apprendre à chanter le Changdiao. Ainsi, on a pu faire rayonner cet art. A ce sujet, écoutons Li Xunjie, chef du Bureau de la culture et du sport de la ligue de Xilingele :  « Chaque année, on organise chez nous un concours de Changdiao. Eh bien, à cette occasion, on fait venir tous les chanteurs de Changdiao du pays. Tout cela a pour but de faire rayonner, voire de pérenniser le Changdiao. Il nous est impératif de chercher à redécouvrir et à remettre au goût du jour cet héritage. »

La ligue Xilingele est l'un des berceaux de l'art de Changdiao, où les gens de tous âges, enfant ou vieillard, savent chanter le Changdiao. Il y a peu de temps, un concours national de Changdiao a eu lieu. Une centaine de chanteurs de Changdiao y ont participé. Ils sont originaires du Xinjiang, du Qinghai, du Gansu, du Liaoning, du Jilin, de Beijing et de toutes les régions de Mongolie intéreieure. Notre correspondant a croisé deux chanteurs amateurs de Changdiao. On les écoute tout de suite :

« J'aime particulièrement le Changdiao. Il nous faut le Changdiao pour vivre. C'est notre vie à nous, la vie nomade. Lorsqu'on emmène les troupeaux paître, on fredonne le Changdiao. La steppe est immense, ce n'est que le Changdiao qui nous permet d'exprimer nos sentiments pour elle. »

« Le Changdiao est quelque chose de spécifique. Je viens de l'ethnie mongole. Donc, j'ai toutes les raisons d'aimer la culture et l'art de cette ethnie. J'aime chanter le Changdiao ainsi que toutes les chansons mongoles. »

Chaque fois que les gens chantent le Changdiao, ils ont l'impression de retourner dans leur contrée natale, et c'est comme s'ils montaient à cheval, et ils aperçoivent le ciel bleu et les nuages blancs. Et ils en sont très émus.

(Yannine)

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