Trente ans d'échanges culturels entre la Chine et le monde extérieur
2008-12-09 10:13:27 cri
La politique de réforme et d'ouverture est appliquée en Chine depuis une trentaine d'années. C'est l'heure, dans notre émission, de faire le bilan des événements que nous avons vécus durant ces trente ans, en matière culturelle. Grâce aux échanges culturels, une passerelle s'est ouverte entre la Chine et les pays étrangers ; elle permet aux Chinois et aux Etrangers de se familiariser avec la culture de l'autre. 

L'opéra de Beijing « Sha Jia Bang» a été très en vogue dans les années 60 et 70. A l'époque, la vie culturelle était d'un niveau médiocre. Les jeunes chinois d'aujourd'hui ont du mal à imaginer la vie monotone de leurs parents. Une pièce de l'opéra de Beijing comme sh? ji? b?ng pouvait être à l'affiche pendant toute une année.

Zhang Yu est un homme d'une cinquantaine d'années. Il est très bien placé pour témoigner du développement des échanges culturels entre la Chine et le monde extérieur, car outre son âge, il était fonctionnaire chargé des liaisons culturelles entre la Chine et les pays étrangers. Maintenant, il est président du Groupe d'échanges culturels entre la Chine et l'étranger. C'est aussi un célèbre organisateur de spectacles et commissaire d'expositions. En 1982, après ses études, il est embauché par le ministère chinois de la Culture et, en 1990, il présente sa démission pour se lancer dans le commerce. Mais pas n'importe quel commerce : il s'agit de promouvoir des spectacles et des expositions. Ecoutons Zhang Yu s'exprimer au micro de RCI : « Trente ans sont passés, et à présent, nous n'arrivons plus à évaluer le nombre de nos représentations. Chaque semestre, chaque mois, chaque semaine, de beaux spectacles sont proposés dans de nombreuses villes chinoises. Prenons le cas de Beijing, dans les principaux théâtres, comme le Grand Théâtre National de Chine, il y a des spectacles tous les soirs, des spectacles d'artistes étrangers, qui viennent de tous les coins du monde. Ce nombre important de spectacles est en quelque sorte un miroir qui reflète la prospérité des échanges culturels entre la Chine et le reste du monde. Voilà l'essentiel des progrès que nous avons connus en trente ans.»

 « Xing », ou Etoile est une nouvelle oeuvre du musicien japonais Shinji Tanimura. Lors des JO 2008, il a été invité à Beijing pour participer à un spectacle qui a eu lieu dans le cadre de la Soirée Asie. Shinji Tanimura est connu du public chinois depuis 27 ans ; il a proposé un spectacle en collaboration avec des chanteurs chinois, intitulé : « Hand in Hand ». Cela se passait à Beijing, au Palais omnisports des Travailleurs.

Toujours à l'occasion des JO, des services chinois spécialisés ont organisé de nombreuses activités. Ces activités ont fait venir à Beijing près de 10 mille artistes d'une centaine de lieux de spectacles de plus de 80 pays et régions du monde. D'après certains médias, la Chine est en train de devenir l'une des régions où l'exposition et le commerce d'?uvres d'art sont les plus florissants dans le monde. Et en effet, un nombre croisant d'entreprises culturelles ou d'artistes étrangers viennent s'implanter en Chine.

Lisa Cliff est une Américaine d'une quarantaine d'années. En 1991, alors qu'elle venait d'arriver en Chine, elle était pigiste. Elle a investi des capitaux dans la peinture et la sculpture, elle a ouvert deux galeries d'art « OKO » ; l'une est à Soho, le quartier commercial le plus chic de Beijing, et l'autre au Factory 798, le zone artistique la plus célèbre de la capitale.

Lisa Cliff est aujourd'hui une fine connaisseuse du marché de l'art en Chine. Et elle est très confiante dans l'avenir. Nous l'écoutons: « Je suis très intéressée par le marché chinois des ?uvres d'art. Mon séjour en Chine me permet de constater le développement fulgurant de ce marché. Grâce à la politique d'ouverture et à l'attitude tolérante du gouvernement chinois à l'égard des autres cultures, j'ai pleine confiance en avenir de mes boutiques. Notamment maintenant, après les JO, je crois que c'est le meilleur moment pour développer mes affaires. »

On vient d'en parler : Lisa Cliff a une galerie au Factory 798, au nord-est de Beijing. Au départ, c'était une usine à l'abandon. En 2002, un artiste a trouvé l'endroit idéal pour sculpter. Depuis, d'innombrables entreprises culturelles s'y sont implantées, et autant d'artistes. Factory 798 est aujourd'hui devenu un grand quartier artistique qui mêle galerie, société de création, magasin de mode, restaurants, bars, etc etc. C'est maintenant le plus grand quartier artistique du pays, et le plus réputé. C'est un véritable pôle d'attraction pour les artistes chinois et étrangers. Et les entreprises culturelles à capitaux étrangers y ont une place très importante.

L'année dernière, la compagnie britannique Cameron Mackintosh, qui est célèbre pour ses comédies musicales, s'est préparée à monter une société à capitaux mixte en Chine, dans le but de produire des comédies musicales chinoises. En 2003, la compagnie avait déjà réussi à produire en Chine le grand classique « Cats ». Le président de cette société, M. Mackintosh, nous confie que cet environnement très ouvert lui a donné l'envie de venir en Chine. On l'écoute tout de suite : « Je suis très honoré de pouvoir bénéficier du soutien du gouvernement chinois. Il m'a encouragé à mettre en valeur l'industrie de la comédie musicale, de sorte qu'elle s'intègre à la culture chinoise. Je crois que ce que je fais en Chine ressemble à une graine qu'on sème ; grâce à elle, on obtiendra une forêt de comédies musicales en Chine. En tant que pionnier du domaine, le défi que je dois relever pour produire des comédies musicales en Chine constitue sans aucun doute le moment le plus émouvant de ma vie. »

Vu l'évolution du marché d'art chinois, qui est très influencé par l'arrivée des cultures étrangères, des entreprises culturelles chinoises réagissent. Elles développent l'introduction de l'art étranger, et ce dans le but de satisfaire la demande chinoise. Xiao Le a ouvert à Beijing une salle de concert appelée « Mao Live House », spécialisée dans le rock. Presque tous les soirs, on peut assister à un concert donné par un groupe de rock étranger. Ecoutons tout de suite Xiao Le : « J'ai ouvert cette salle en 2000. Depuis, on voit passer chez nous de très bons artistes, qu'ils soient débutants ou expérimentés. Nous produisons toujours de très beaux spectacles. Et mes affaires marchent très bien. »

Tuo Zuhai est directeur adjoint du département chargé du marché de la culture au Ministère chinois de la culture. Selon lui, le gouvernement chinois a mis au point une politique culturelle ouverte qui encourage les capitaux étrangers à entrer dans le marché culturel et artistique chinois. Il promet d'avoir une attitude impartiale tant à l'égard des entreprises chinoises que des sociétés étrangères. Tout de suite, le témoignage de Tuo Zuhai :  «En général, l'ouverture à l'étranger du marché culturel chinois est relativement grande. Dans les marchés qui sont administrés par le ministère chinois de la Culture ou par les départements culturels locaux, de nombreux domaines sont ouverts aux étrangers : les marchés du spectacle, du divertissement, de la distribution des produits audiovisuels et du commerce d'oeuvre d'art. Plus précisément, les marchés du spectacle et du divertissement sont ouverts aux capitaux mixtes. Quant au marché pour le commerce d'oeuvres d'art, il est encore plus ouvert, c'est à dire qu'il est ouvert aux capitaux exclusivement étrangers. »

Avec la croissance économique, les échanges culturels de la Chine avec les autres pays du monde ne cessent de s'élargir et de s'approfondir. Au début de la politique de réforme et d'ouverture, l'accent a été mis sur les pays asiatiques, africains et latino-américains. Depuis, la situation a beaucoup évolué.

« She huo» est une oeuvre exécutée par des percussionnistes français et des joueurs chinois de Pi pa et de Guzheng, deux instruments de musique chinois très anciens. Shè hu? est le nom d'un spectacle très populaire dans le sud du pays. Le concert de She Huo a été rendu possible grâce aux Années croisées Chine-France, qui ont eu lieu, rappelons-le, entre 2003 et 2005. Ces Années croisées étaient un miroir qui reflétait la vitalité des échanges culturels entre les deux pays. Ecoutons tout de suite le témoignage de deux spectateurs chinois : « C'est rafraîchissant. On a su marier le traditionnel et le moderne. C'est la première fois que j'entends ce genre de musique, c'est super, c'est très communicatif. »  « Je crois que ce sont vraiment des créateurs, surtout en termes d'orchestration et de composition. Parce que, avec ce que je comprends des instruments de musique classiques chinois, je n'arrive pas à croire qu'on puisse parvenir à les unifier avec des instruments à percussion.»

En ce qui concerne les échanges culturels gérés par le gouvernement chinois, chaque année, un pays est à l'honneur. Après les Années croisées Chine-France, 2006 était l'Année de la Russie en Chine et 2007 célébrait les échanges culturels avec le Japon, d'une part, et la Corée du sud, d'autre part.

Et on voit se multiplier le nombre de festivals internationaux d'importance majeure, toujours sous le haut patronage du gouvernement chinois. Chaque année a lieu, en Chine, le festival d'arts asiatiques, le festival international « Rendez-vous à Beijing» et le festival international des arts de Shanghai. Autant d'occasions pour les artistes étrangers de venir en Chine et d'entamer des échanges.

Kelli Lazimier est danseur dans les films de Bollywood, en Inde. Il vient de participer au 10ème festival d'arts asiatiques. Nous l'écoutons s'exprimer au micro de RCI : « Chez moi, en Inde, j'ai assisté à un magnifique spectacle produit par des artistes chinois, c'était inoubliable. Donc, dès que l'occasion se présente, je viens en Chine. Je demande à mes collègues de ne ménager aucun effort pour faire découvrir la culture indienne aux spectateurs chinois. »

Georges Millor vient du Groupe folklorique allemand Meccleu Berg Pommeraner. En 2007, il est allé en Chine pour participer au 7ème festival international d'arts folkloriques. Et, pour la première fois, il a fait connaître au public chinois sa danse traditionnelle. Il a trouvé cette expérience passionnante. Nous l'écoutons : « C'est le genre de musique et de danse très populaire dans le nord de l'Allemagne. Elles renferment beaucoup de récits et d'histoires. Et elles sont très anciennes ; l'histoire de certaines danses peut remonter à des centaines d'années. Nous déployons tous nos efforts pour que ces danses nationales puissent être connues par davantage de gens. Notre groupe fait des tournées dans le monde entier, mais c'était notre première visite en Chine. Tout le monde a été bouleversé par cette visite. Le festival est très bien organisé. Les formes d'art sont très variées. Ça fait plaisir de nous produire ici. »

Le gouvernement chinois s'efforce aussi de diffuser la culture chinoise dans les pays étrangers. Depuis 2004, il organise des festivals culturels en Afrique, en Amérique du Nord et en Océanie. Chaque année, environ 2 000 projets d'échanges au-delà des frontières sont approuvés par le Ministère chinois de la culture. Et ces projets concernent plus de 30 000 personnes.

Les experts du secteur se montrent particulièrement exigeants. Selon eux, si la Chine veut prendre part à la concurrence dans le marché international de la culture, être plus influente, et être comprise, les entreprises chinoises doivent créer davantage de grandes marques. Quant au gouvernement, il doit leur accorder davantage de soutiens, qu'ils soient politiques ou financiers. Nous écoutons tout de suite Chen Shaofeng, vice-président de l'Académie de recherches sur l'industrie culturelle à l'université de Beijing : « Nous devons créer nos propres marques. Nous devons proposer des produits à haute valeur ajoutée, selon les principes de base de l'économie et de la culture. Dans les régions où les conditions sont réunies, je propose au gouvernement de créer des zones qui ne font que des produits culturels destinés à l'exportation, c'est à dire où la recherche et la production sont intégrées. Ce qui nous permet de former une offre complète, pour que le pays puisse être concurrentiel au sein du marché international de la culture. »

(Yannine)

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