Le festival des jeunes du théâtre à Beijing
2008-12-03 14:26:10 cri
Récemment, douze jeunes metteurs en scène chinois ont participé à un festival du jeune théâtre à Beijing. A cette occasion, leurs oeuvres les plus récentes ont été jouées ; ils ont ainsi montré qu'ils voulaient se consacrer entièrement au théâtre. Après avoir vu leurs pièces, des professionnels ont qualifié ces jeunes metteurs en scène de « prometteurs ». Aujourd'hui, nous nous proposons de vous faire découvrir quelques-uns d'entre eux.

Commençons par Huang Ying, un jeune réalisateur au visage rond, qui a le sourire d'un enfant. Il a décroché une maîtrise à l'Institut central d'art dramatique de Chine et, à présent, il enseigne la réalisation à l'Institut cinématographique de Beijing. C'est un jeune metteur en scène à ne pas négliger:

« Le pèlerinage vers l'Ouest » est une des pièces qu'il a mises en scène. Elle a été jouée au festival et elle a été très contestée par certains spectateurs. Ceux qui ont aimé cette pièce ont dit qu'elle leur a fait revivre leur enfance ; ceux qui ne l'aiment pas pensent que la pièce est trop simple : on ne fait qu'y rigoler, et rien d'autre.

Dans sa pièce homonyme d'un grand classique chinois, Huang Ying relate la vie des gens qui sont nés dans les années 1970 et 1980. Six acteurs jouent les uns après les autres à des jeux d'enfants de cette époque. Ils sont joyeux et font plaisir à voir. C'est ainsi que le metteur en scène a voulu reproduire la réalité de la vie.

On écoute Huang Ying s'exprimer au micro de RCI : « Quand j'étais petit, j'adorais « Le pèlerinage vers l'Ouest », et notamment le dessin animé tiré de ce roman. Il y a trois ans, je me suis dit que l'on devrait adapter ce roman au théâtre. J'en ai parlé à mes amis. Ils étaient tous intéressés. Je crois que c'est la pièce la plus difficile que j'ai eu à réaliser. Elle est peut-être facile à comprendre pour les spectateurs, mais elle difficile pour les acteurs, parce que ces derniers doivent faire preuve d'une bonne maîtrise de leur jeu. Surtout, lorsqu'ils doivent citer des expressions ou des phrases connus de tous.»

Les oeuvres mises en scènes par Huang Ying reflètent très clairement son style personnel. En 2003, il a mis en scène « The good Person in Szechwan». La pièce est adaptée d'un grand classique éponyme du grand dramaturge allemand Bertolt Brecht. La version de Huang Ying est rafraîchissante, grâce à la méthode originale qu'il a adoptée pour la mise en scène, qui est très marquée par une grande participation des spectateurs. Qui plus est, la pièce est produite à ciel ouvert, dans le Théâtre de la Capitale. Cela a aussi beaucoup étonné, à l'époque.

Huang Ying a mis en scène une série de grands classiques occidentaux. Il a su redonner vie à ces grandes pièces, qui avaient déjà connu leurs heures de gloire dans leurs pays d'origine.

La plupart de jeunes metteurs en scène qui ont participé au festival aux côtés de Huang Ying sont nés entre la fin des années 1970 et le début des années 1980. Ils ont tous une maîtrise, mais viennent de formation différente : la moitié d'entre eux n'ont jamais fait de théâtre ! Résultat, comme eux, leurs mises en scène sont originales. Ni les sujets ni les traitements qu'ils adoptent n'entrent dans le moule du théâtre traditionnel.

Wang Chong est un jeune réalisateur d'une trentaine d'années. Il est élégant, et très ouvert aux autres. Après avoir terminé ses études à l'Institut du droit de l'Université de Beijing, Beida, il va aux Etats-Unis pour apprendre la réalisation. Il a une prédilection pour le théâtre expérimental et a traduit un certain nombre de pièces du japonais au chinois.

La pièce « E Station », qu'il a mise en scène pour le festival 2008, a été traduite du japonais. La pièce relate des scènes de vie contemporaine, notamment les relations entre le corps humain, les produits électroménagers et les appareils électriques. Les répétitions ont été faites sans le moindre texte. Et la scène se compose, tout simplement? d'un grand tas d'ordures. Les acteurs se déplacent lentement au beau milieu de ces ordures et des liens s'établissent avec certains objets. Wang Chong dit qu'il ne fait que reproduire la réalité de la vie. Nous l'écoutons : « C'est ce que je comprends de la vie qu'on mène actuellement. Prenons le cas d'un téléphone portable, c'est quelque chose d'incontournable pour les gens, de nos jours, comme un nouvel organe, si j'ose dire. Dès qu'on n'a pas son portable, on se sent inquiet, comme si l'on avait perdu un important organe de son corps. La pièce que je mets en scène traite les relations entre les produits électroniques et le corps humain. Pour moi, c'est une réalité de la vie. »

Comme ce sont des pièces de théâtre expérimental, un grand nombre de spectateurs n'arrivent pas à tout saisir. Wang Chong trouve cela tout à fait normal, parce que ce ne sont pas des pièces de théâtre conventionnelles. Dans sa pièce, il n'y a ni histoire, ni fous rires. Il n'y a pas de star. Son objectif est simplement de faire passer ses opinions.

Il faut dire que les pièces de ces jeunes metteurs en scène sont un peu marginales dans le milieu du théâtre. Il leur est donc difficile de financer leurs représentations avec les recettes provenant des entrées. Mais pas question pour autant d'abandonner leur vocation.

Liu Lu et Zhou Shen sont un couple de metteurs en scène issus de l'Institut central d'art dramatique de Chine. Ils se connaissent depuis 7 ans, période pendant laquelle ils ont oeuvré à concrétiser leur idéal en matière de théâtre. Lors du festival 2008, Liu Lu  nous a présenté leur oeuvre commune : « La cantatrice chauve ». Ce nom ne vous est certainement pas inconnu ! Et en effet, c'est une adaptation de la pièce de théâtre éponyme du dramaturge français Eugène Ionesco.

Au mois d'août, Liu Lu et Zhou Shen ont financé et ont mis en scène leur premier pièce commerciale « Et si je n'étais pas moi ! », ou en chinois Ru Go Wo Bu Shi Wo. La pièce a été jouée à Shanghai, et c'était un succès. Cela leur a permis de rentrer dans leurs fonds : ils avaient investi 300 000 Yuans. Encouragés par ce premier succès, les deux jeunes ont pleine confiance en leur avenir. Ils ont un bureau, ils louent une salle de répétitions, et ils collaborent avec d'autres personnes. Avant la fin de l'année, leur prochaine pièce devrait être à l'affiche. Nous écoutons Liu Lu au micro de RCI : « Nous ne pouvons pas encore vivre du théâtre. Mais, c'est notre objectif. Je crois que ce n'est pas aussi difficile que l'on pense. Par exemple, si cette année nous produisons une pièce à Beijing, nous pourrons vivre du théâtre. Je crois qu'une belle pièce aura toujours des spectateurs. Nous devons à la fois satisfaire les spectateurs et faire passer nos idées. Notre but est d'être bien placés au box office, voilà le plus beau commentaire possible de nos pièces. »

Les jeunes réalisateurs sont particulièrement dynamiques, ils sont passionnés par le théâtre, ils cherchent de nouvelles méthodes d'expression théâtrales et sont prêts à relever les défis lancés par le marché. Certains professionnels vont jusqu'à dire que ces jeunes vont influencer le théâtre chinois pendant les dix années à venir. Ils vont carrément changer la donne du théâtre chinois.

(Yannine) 

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