Les dynasties dans l'histoire chinoise

La dynastie des Song

Les Song ont régné de 960 à 1279. Le transfert de la capitale au sud, sous la poussée nomade, permet de distinguer deux périodes: les Song du Nord et les Song du Sud.

Les Song du Nord (960-1126)

Envoyé contre les nomades par l'empereur des Zhou septentrionaux, l'un des souverains de cette période terrible qui suivit la fin des Tang, le général Zhao Kuang-yin fut forcé par ses lieutenants de revêtir la robe impériale pour y fonder une nouvelle dynastie, celle des Song. Devenu l'empereur Tai-zu ( 960-976), Zhao anéantit le pouvoir des généraux et dirigea lui-même l'armée. Souverain énergique, contrairement aux apparences, il sut redonner à l'empire une certaine puissance.

Pour réorganiser l'administration, qui s'était désintégrée au cours de la période des Cinq Dynasties, Zhao remit en vigueur le système des examens impériaux, organisés désormais de manière régulière tous les trois ans dans chaque district. Au cours du 12e siècle, le système fut complété par la création de collèges et d'une université d'Etat, où les études, fort poussées, étaient sanctionnées par des contrôles mensuels et des examens bisannuels.

Dès les débuts du règne de T'ai-tsou, la production agricole connut un accroissement notable (amélioration des techniques, moulins, irrigations), de sorte que la population chinoise devait atteindre dans le courant du XII siècle une centaine de millions d'habitants (soit deux fois plus qu'au VIIIe siècle).

Les Khitan sinisés fondèrent en Mongolie et en Mandchourie une dynastie Liao, bientôt renversée et remplacée dans les confins septentrionaux par une tribu , celle des Jin. Ces derniers n'étaient guère portés à transiger. A peine avaient-ils soumis leurs anciens maîtres qu'ils envahirent la Chine du Nord, s'emparèrent de l'empereur Huizong (Houei-tsong), obligeant la cour à abandonner sa capitale de Kaifeng, près du fleuve Jaune, pour se réfugier en 1127 à Hangzhou, à plus de deux cents kilomètres au sud du Yangzi, le point le plus méridional jamais choisi pour une capitale impériale.

Une fois refoulés au sud, les Song semblent avoir renoncé à tout désir de reconquérir le Nord. L'importance prise par les régions méridionales au cours des siècles précédents permettait d'ailleurs d'y constituer un Etat beaucoup plus cohérent

En fait, il en résulta une plus grande tension sociale. L'aristocratie accueillit presque avec soulagement les Mongols quand ceux-ci pénétrèrent enfin à Hangzhou en 1279. Toute la Chine fut alors placée sous une autre dynastie.

Mais sous cette dynastie, jamais la Chine n'avait connu un tel épanouissement culturel, tehnique et de la pensé.

Les grands essayistes de l'époque des Song, très nombreux, marquent un retour à la prose sobre et claire des Tang telle que l'avait illustrée Han Yu. Une place de choix revient aux trois Sou: le père, Sou Xun, et les deux fils, Sou Che et Sou Tong-p'o. Tous trois innovèrent en introduisant dans leurs écrits des tours et des expressions populaires, sans jamais cependant tomber dans la vulgarité. Sou Tong-p'o, surtout, est l'un des plus grands lettrés selon l'idéal chinois. Il fut en effet le maître de la peinture de bambous en même temps qu'un grand poète qui sut apporter à ses œuvres une fraîcheur et une spontanéité inconnues des grands classiques.

Pour la première fois, on put parler de partis («réformateurs» et «conservateurs»), qui rassemblèrent leurs théories politiques dans des ouvrages du plus haut intérêt. Les lettrés confucianistes se livrèrent par ailleurs à un nombre impressionnant de travaux d'érudition, dont le plus précieux est le Tseu tche t'ong kien («miroir pour aider à gouverner»), immense encyclopédie rédigée par Sseu-ma Kouang (1019-1086), où l'auteur fait un tableau magistral de la civilisation chinoise depuis les origines.

Sous les Song, les productions des potiers, destinées à une élite intellectuelle, sont restées inégalées par la pureté de leurs formes et de leurs coloris. Dans la capitale du Nord existaient déjà des ateliers chargés de fabriquer une «céramique officielle» . Après le transfert de la cour à Hangzhou, la région située autour de la capitale se remplit de centres de production de la «porcelaine impériale».

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