Des troupes allemandes stationneront en France pour la première fois depuis 1945
2009-02-06 18:43:03 cri



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64 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel ont affirmé jeudi que des troupes allemandes seront stationnées très prochainement dans l'Est de la France. Une première depuis 1945. Pour de nombreux analystes, cette annonce est non seulement une avancée historique pour l'amitié franco-allemande, mais permettra également de poursuivre la construction d'une défense commune européenne.

Le quotidien français « Le Monde » et le journal allemand « Süddeutsche Zeitung » ont chacun publié dans leur édition de mercredi un article co-signé par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel. Un article dans lequel les deux dirigeants appellent à une « véritable coopération » entre l'UE et l'Otan et déplorent un « partenariat stratégique » insuffisant entre les deux institutions. Un partenariat stratégique en tout cas pas à la hauteur de leurs attentes, en raison de désaccords qui persistent entre certaines nations. Merkel et Sarkozy ont donc décidé de renforcer la coopération militaire entre leurs deux pays. Conséquence directe : la France permettra à un bataillon allemand de stationner en France de manière permanente.

Pour l'instant, rien n'a filtré quant aux détails de ce plan. Selon la presse française, ces soldats allemands qui stationneront en France seront issus de la Brigade mixte franco-allemande qui est pour l'instant basée dans le Sud-Ouest de l'Allemagne. La ville française qui accueillera ces troupes allemandes n'a pas encore été déterminée. Christian Baptiste, le porte-parole du ministère français de la Défense, a déclaré que Français et Allemands en étaient encore au stade des discussions sur ce futur lieu de stationnement. Berlin espère que ce futur bataillon, composé d'environ 500 soldats, sera déployé à Strasbourg, dans l'Est de la France, une ville qui se trouve à la frontière avec l'Allemagne. Pour les Français, c'est la ville de Metz, en Lorraine, dans le Nord-Est de la France, qui est l'hypothèse pour l'instant privilégiée.

Nicolas Sarkozy et Angela Merkel aborderont certainement les détails de ce dossier dès samedi, à Munich, en Allemagne, où se tient une Conférence internationale sur la sécurité.

Pour des analystes, la portée symbolique de cet accord est particulièrement forte. La France et l'Allemagne se sont affrontées à plusieurs reprises au cours de l'histoire récente. L'Allemagne occupant lors de la dernière guerre mondiale une large partie du territoire français. Cet accord, pensent beaucoup, est donc historique sur le plan de la coopération militaire entre les deux pays.

Depuis que Charles de Gaulle et Konrad Adenauer, l'ancien chancelier allemand ont jeté, à la fin des années 1950, les bases d'une coopération pour la réconciliation et la paix entre les deux pays, les relations entre France et Allemagne se sont sans cesse approfondies, y compris dans le domaine militaire, où de nombreux échanges et coopérations ont été lancés.

Durant les dernières décennies, ces coopérations se sont matérialisées par plusieurs initiatives. Des officiers allemands ont suivi des études au Collège interarmées de défense. Des pilotes allemands sont venus suivre des formations en France. Et des officiers allemands ont participé à des opérations militaires de l'Otan dans l'Est de la France.

Jamais pourtant, rappellent Sarkozy et Merkel, des troupes allemandes n'ont stationné de façon permanente en France. Les deux dirigeants soulignent, je cite, « la portée historique de ce nouveau pas dans l'amitié franco-allemande ». Il permettra de renforcer la confiance réciproque et jettera les bases d'une coopération indispensable à une « véritable coopération » entre les deux pays.

Ce plan est également une pierre de plus apportée à la construction d'une défense commune au niveau européen. La France et l'Allemagne sont à la fois la « locomotive » de l'intégration de l'économie de l'Union européenne, et les initiateurs et les promoteurs de l'intégration de la défense européenne.

C'est en 1989, à l'initiative de François Mitterrand, l'ancien président français et de Helmut Kohl, l'ancien chancelier allemand, que l'Allemagne et la France créaient la Brigade mixte franco-allemande. Quatre ans après, en octobre 1993, la brigade était subordonnée à l'Eurocorps, le corps d'armée européen, qui, en mai 99, a été transformé en une troupe de réaction rapide européenne, à la disposition de l'UE en cas de crise. Ce stationnement en France d'un bataillon allemand est donc un nouveau pas important dans la construction d'une défense commune européenne.

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