Le 12ème sommet de l'Union africaine s'est clôturé mercredi 4 février à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne. Pendant les quatre jours de travaux, les chefs d'Etat ou de gouvernement de 22 pays, sur les 53 membres de l'Union africaine, se sont notamment penchés sur la constitution du gouvernement de l'Union africaine, l'amélioration des conditions de transport et des infrastructures énergétiques dans le continent africain, la situation somalienne et la crise financière planétaire.
Parmi les dirigeants africains, le Libyen Moamer Kadhafi est le plus enthousiasmé par l'unification africaine. Il y a dix ans, en 1999, il avait proposé de créer un gouvernement de l'Union africaine et des Etats-Unis d'Afrique. Selon son projet, les Etats-Unis d'Afrique devraient posséder leur propre armée, leur propre parlement et leur propre banque centrale afin de relever le défi de la mondialisation et de rehausser la position du continent africain sur la scène internationale. Lors du sommet qui vient de se clôturer, Moamer Kadhafi a déclaré que l'Afrique avait besoin d'une voix unifiée pour relever les défis en provenance de l'Occident. Mais le présent sommet n'a pas pu déboucher sur une identité de vues pour la composition d'un gouvernement de l'Union africaine. Il semble que le jour où l'Afrique s'adressera au monde d'une seule voix demeure encore très loin. Le président tanzanien Jakaya Kikwete, président sortant de l'Union africaine, a confirmé le désaccord entre les dirigeants africains à ce sujet. Il a déclaré qu'ils ont décidé de reporter à une date ultérieure la constitution du gouvernement de l'Union africaine à l'issue d'un houleux débat. Explication : de nombreux pays redoutent que la création d'un gouvernement unifié porte atteinte à la souveraineté nationale et prive les dirigeants de leur pouvoir. Certains autres pays, toujours selon le président Kikwete, préconisent d'abord le renforcement des organisations régionales, puis la création d'un gouvernement de l'Union lorsque les conditions nécessaires seront remplies.
Après douze heures d'intenses discussions, les dirigeants africains sont parvenus, le 2 février, à un projet de compromis, à savoir la transformation de la Commission africaine, l'instance exécutive de l'Union, en une nouvelle structure. Celle-ci, qui se transforme en pouvoir exécutif, deviendra progressivement un gouvernement de l'Union africaine avec une plus grande délégation de pouvoirs. Selon ce projet, l'appareil exécutif de l'Union africaine, muni d'un « secrétariat », aura à sa tête un « président » et des « vice-présidents ». Pendant le sommet, les dirigeants africains en outre ont décidé la convocation, d'ici à trois mois, d'une conférence extraordinaire du Conseil exécutif de l'Union africaine au niveau des ministres des Affaires étrangères. Cette réunion sera consacrée à ce sujet, et un rapport sera présenté au prochain sommet de l'Union africaine.
Des analystes ont indiqué que les divergences affichées pendant ce sommet au sujet de la constitution du gouvernement de l'Union africaine s'expliquent essentiellement par le déséquilibre de développement et les disparités entre les pays riches et les pays pauvres du continent, mais aussi par des conflits interethniques et intertribaux qui ne cessent de se produire en Afrique. Tous ces facteurs ont considérablement affecté le processus de l'intégration africaine. Au cours d'une conférence de presse conjointe tenue à l'issue du sommet, Moamer Kadhafi et le président de la Commission africaine, Jean Ping, ont fait remarquer que la paix et la sécurité du continent étaient confrontées à de nouveaux défis. Des mutineries ont eu lieu dans certains pays. Toutefois, les pays africains ne reconnaissent pas les changements de gouvernement obtenus par la force ; ils se prononcent pour des transitions pacifiques et une participation élargie du gouvernement.
Le dossier somalien a été aussi un des sujets brûlants de l'actualité africaine. Dans l'allocution qu'il a prononcée le 2 février lors de la cérémonie d'ouverture du sommet, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a laissé entendre que l'ONU interviendrait pour accroître la capacité des forces de maintien de la paix de l'Union africaine et des troupes somaliennes et que la communauté internationale fournira aussi des équipements et des soutiens. Le président tanzanien Kikwete a appelé l'Union africaine à redoubler d'efforts pour aboutir à la paix en Somalie. Le président de la Commission africaine Jean Ping a révélé que le Nigéria, l'Algérie et l'Egypte ont déjà consenti à envoyer des troupes dans ce pays. Le président somalien nouvellement élu, Sheikh Sharif Sheikh Ahmed, qui était également présent au sommet, a déclaré que son pays mettre en place une troupe unifiée, qui coopérera étroitement avec les forces de maintien de la paix de l'Union africaine en Somalie.
Les dirigeants africains ont aussi parlé de l'amélioration des transports et des infrastructures énergétiques. Jean Ping a annoncé que l'Union africaine envisage d'améliorer à une vaste échelle les infrastructures de base en général, et la construction des routes en particulier. On prévoit la création d'un réseau routier qui relie efficacement les routes existantes de divers pays, ainsi qu'une route transafricaine de Dakar, au Sénégal en Afrique de l'Ouest, à Djibouti, en Afrique de l'Est. Jean Ping a ajouté que la Banque de développement d'Afrique a débloqué 500 millions de dollars destinés à améliorer les infrastructures en Afrique.