Le Premier ministre chinois Wen Jiabao est retourné mardi 3 février à Beijing après sa « tournée de confiance » en Europe. Pendant ces sept jours, il a participé à une soixantaine d'activités en Suisse, en Allemagne, au siège général de la Commission européenne, en Espagne et au Royaume-Uni. Durant cette tournée, la Chine a fait montre de sa volonté d'agir, de transformer par des actes concrets les défis en opportunités et de répondre, en commun, à la crise financière internationale. La Chine et l'Europe ont redéfini leurs intérêts communs et leurs responsabilités respectives.

S'adressant au journaliste de RCI, le Premier ministre Wen Jiabao a déclaré que sa « tournée de confiance » a été couronnée de succès. On l'écoute :

« J'ai visité l'Europe, aux alentours de la Fête du Printemps, avec la conviction de l'amitié, de la confiance et de la coopération. Je pense que ce voyage a été un succès. L'Europe et la Chine disposent toutes les deux d'immense potentiel de développement économique et elles sont fort compétentes pour faire face à la crise. La Chine et le reste du monde sont solidaires pour relever les défis planétaires, dont la crise financière. »

Pendant son périple et notamment pendant les entrevues politiques ou les conférences, Wen Jiabao a présenté le panel de principes politiques que la Chine a adopté. Il s'est également prononcé sur les moyens pour la communauté internationale de répondre à la crise financière. Wen Jiabao :

« Le monde entier est maintenant attentif à la réaction chinoise face à cette crise, souhaitant que la Chine contribue davantage à la croissance économique mondiale. Je crois qu'il s'agit d'un encouragement et d'une stimulation pour la Chine. Je voudrais résumer mes réflexions en trois phrases. Premièrement, la Chine doit mener à bien ses propres affaires sans causer d'ennuis au reste du monde. Ce sera sa plus grande contribution. Deuxièmement, la Chine est disposée à travailler avec la communauté internationale pour promouvoir le renouveau de l'économie mondiale au plus tôt. Troisièmement, plus les difficultés se sont sentir, plus on doit garder à coeur les intérêts des pays en développement. Il nous faut particulièrement aider les pays les plus démunis en leur épargnant des pertes, tout en honorant nos engagements, de sorte que notre monde profite d'un rayon du soleil pendant cet hiver rigoureux. »

La tournée du Premier ministre chinois s'est soldée par une série de résultats concrets. La Chine et les pays européens visités ont signé 38 documents de coopération pour un montant total de 15 milliards de yuans, soit plus d'1,6 milliard d'euros. Qui plus est, Wen Jiabao a décidé d'envoyer des groupes spéciaux en Europe pour l'achat de marchandises, d'équipements et de technologies.

Hormis la lutte contre la crise financière, un des objectifs essentiels de la tournée de Wen Jiabao consistait à redéfinir l'orientation des relations sino-européennes dans ce contexte nouveau. A ce propos, écoutons les explications du Premier ministre :

« Pendant mon séjour en Europe, j'ai procédé, dans une ambiance franche et sincère, à des échanges de vues avec les dirigeants de plusieurs pays importants de l'Union européenne et des structures européennes. Nous avons été unanimes à estimer que le dialogue et la coopération constituent le fil directeur de nos relations, établies depuis plus de 30 ans. Nous avons obtenu des succès remarquables, qui ont apporté à nos deux parties d'immenses intérêts et érigé des exemples d'avantages mutuels pour la communauté internationale. Ceci a une signification et une influence majeures et durables. Face aux défis planétaires, parmi lesquels la crise financière, la Chine et l'Europe doivent créer une synergie de coopération, raffermir leur confiance dans le fait qu'elles en sortiront vainqueurs et contribuer ainsi au développement harmonieux et durable du monde. »

Durant sa visite, Wen Jiabao a en outre présenté aux pays européens la valeur morale essentielle de la Chine et la quintessence de la culture chinoise, caractérisée par la primauté de l'homme, la bonne entente, l'avantage mutuel, la coopération gagnant-gagnant et la prise en compte des intérêts d'autrui. Il a notamment souligné ceci :

« L'assertion selon laquelle un pays qui gagne en puissance prétend inéluctablement à l'hégémonie ne convient pas à la Chine. La prétention à l'hégémonie va à l'encontre de notre tradition culturelle et aussi de la volonté du peuple chinois. Le développement de la Chine ne portera atteinte à qui que ce soit, ni menacera qui que ce soit. La Chine agira en tant que puissance pacifique, puissance prête à apprendre auprès des autres, puissance coopérative et elle s'attelle à construire un monde harmonieux. »

Pendant cette tournée, les dirigeants des pays visités et de l'Union européenne se sont tous déclarés favorables au développement de la Chine, estimant que sa croissance était une « locomotive » pour l'économie mondiale. Ils se sont en outre engagés à lutter ensemble contre le protectionnisme commercial. La sincérité et le style d'un représentant d'un grand pays dont faisaient preuve le Premier ministre chinois a fait l'objet d'éloges de personnalités de divers milieux. Le Premier ministre britannique Gordon Brown l'a comparé à Adam Smith, en le qualifiant d'expert en économie et de moralisateur éthique plus remarquable que ce dernier.