La tournée de Sarkozy au Proche-Orient laisse sceptique
2009-01-05 17:29:41
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En pleine escalade de la violence dans la Bande de Gaza, la République tchèque a commencé à assumer le 1er janvier la présidence tournante de l'Union européenne, en remplacement de la France. Paris, qui n'est désormais plus à la barre de l'Europe, aurait pu laisser ce dossier, brûlant, à la République tchèque. Mais Nicolas Sarkozy, le président français, a tout de même tenu à se rendre au Moyen-Orient, dans l'espoir d'y accroître l'influence de la France.
La présidence française avait annoncé le 2 janvier que Nicolas Sarkozy effectuerait les 5 et 6 janvier une tournée au Proche-Orient. Tournée au cours de laquelle il devrait rencontrer le président égyptien, Hosni Moubarak, le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, le Premier ministe israélien Ehud Olmert et le président syrien Bachar el-Assad. Certains des interlocuteurs seront d'ailleurs les mêmes que ceux que rencontrera une délégation de l'Union européenne conduite par le ministre des Affaires étrangères tchèque.
S'adressant à la presse, le ministre français du Budget, Eric Woerth, a reconnu que le voyage de Nicolas Sarkozy au Proche-Orient sera, je cite, « extrêmement difficile » à cause de l'opération terrestre entamée par l'armée israélienne dans la Bande de Gaza. Pour le ministre français du Budget, ce voyage de Nicolas Sarkozy, même sans « plan préconçu », est indispensable. Eric Woerth a également réaffirmé la position française sur le conflit israélo-palestinien, qui est que, je cite, « la France condamne les tirs de roquettes du Hamas contre le territoire israélien, tout en s'opposant à l'opération terrestre lancée le 3 janvier par Israël contre la Bande de Gaza ».
Selon des analystes, Sarkozy est tout à fait conscient des limites de sa visite, mais il tient malgré tout à la faire, car il estime que la France doit s'engager dans la région et étendre son influence au Proche-Orient. Pour Eric Woerth, la vacance du pouvoir américain fait de Sarkozy le seul médiateur capable de débloquer la situation. Les Etats-Unis restent cependant le plus important médiateur au Proche-Orient, et un ferme soutien d'Israël. Et cela, en dépit du fait que lors de son mandat, George Bush n'aura obtenu que peu de résultat dans le processus de paix israélo-palestinien. En pleine période de transfert du pouvoir aux Etats-Unis, la position de Barack Obama sur le sujet, n'est, de plus, pas encore très claire. Une absence américaine qui offre une opportunité à la France de se mettre en avant. Mais une opportunité néanmoins difficile à saisir.
Car si Nicolas Sarkozy se donne de la peine, les objectifs de sa tournée au Proche-Orient restent encore flous. La République tchèque, on l'a dit, assume actuellement la présidence tournante de l'Union européenne. Des officiels tchèques et des représentants de l'Union européenne ont ainsi entamé une visite de médiation au Proche-Orient.
En qualité de président français, Nicolas Sarkozy verra, on l'a dit, pratiquement les mêmes interlocuteurs que la délégation de l'UE, notamment en Egypte et en Israël. L'Europe s'interroge donc : mais qui représente, véritablement, l'Union européenne ?
Le conflit israélo-palestinien est également particulièrement sensible à l'intérieur des frontières françaises. Le 3 janvier, des manifestations de soutien au peuple palestinien ont ainsi été organisées dans plusieurs villes françaises. La manifestation parisienne a ainsi réuni quelques 25 000 personnes. Le lendemain, le 4 janvier, des organisations juives ont, elles, organisé une manifestation de soutien à la politique israélienne devant les locaux de l'ambassade d'Israël en France. Les participants tenaient à condamner publiquement le Hamas. Il existe donc, en France, deux opinions publiques profondément différentes.
Si Sarkozy agit de manière inappropriée, ses efforts ne seront probablement pas récompensés. Il lui sera également difficile de plaire à l'ensemble de l'opinion publique française, tout en n'offensant pas certains pays membres de l'Union européenne.
Washington reste dans ce contexte le principal médiateur sur le dossier israélo-palestinien. On l'a encore vu lors des consultations qu'a menées le Conseil de sécurité de l'Onu, samedi dernier. La réunion avait pour but de parvenir à un accord sur un texte appelant à un arrêt des hostilités. Des consultations qui n'ont pas abouti à cause de l'opposition, déterminante, des Etats-Unis.
Dans ce contexte, difficile d'entrevoir pour Nicolas Sarkozy autre chose que des résultats limités lors son voyage de médiation. Son souhait d'accroître l'influence de la France au Proche-Orient restera certainement du domaine de la déclaration d'intention.