La présidence française de l'UE : une lourde tâche en perspective
2008-07-02 17:48:42 cri

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Le 1er juillet dernier, la France a succédé à la Slovénie pour assurer la présidence tournante de l'Union européenne. Cela pour une durée de six mois. Le Premier ministre français, François Fillon, a réaffirmé le même jour qu'en dépit des obstacles durant les procédures de ratification du Traité de Lisbonne, la France restait déterminée à faire progresser l'intégration européenne. Le Traité de Lisbonne, on le rappelle, qui modifie les traités européens existants, et qui, en toute rigueur, ne donne pas une nouvelle Constitution à l'Union Européenne. Pour des analystes, la principale difficulté de la présidence française durant les six mois à venir sera de gérer ce Traité de Lisbonne. De faire en sorte que les Irlandais et les autres pays membres de l'UE acceptent de le ratifier?

Au cours de son entretien, mardi, avec le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, et les commissaires européens de 27 pays de l'Union, le Premier ministre français François Fillon a réaffirmé que durant son mandat, la France continuera à promouvoir la ratification du Traité de Lisbonne. Et d'ajouter que pour son pays, il est primordial de persuader les pays membres de l'Union où le traité est controversé, dont l'Irlande, que le texte est nécessaire. L'unique moyen pour les convaincre consistant à régler le problème du bien-être des populations et regagner ainsi leur confiance.

Malgré le non irlandais au traité, qui a placé la France dans une situation délicate, a souligné François Fillon, la France entend bien jouer un rôle « décisif » dans la construction européenne, tout en entamant la présidence française avec « modestie ». Pour la presse française, ces propos de François Fillon montrent que la France a pris conscience des causes profondes pour lesquelles le Traité de Lisbonne n'a pas été bien accueilli et des erreurs que l'Union européenne a commises durant le processus d'intégration.

Dans une interview télévisée accordée le 30 juin sur le plateau de la télévision publique -ce qui est, au passage, très rare pour un président français en exercice-, le président français Nicolas Sarkozy a reconnu les faux pas commis dans l'actuel processus de construction européenne. Le faux pas, pour lui, c'est de ne pas avoir tenu suffisamment compte de la sauvegarde des intérêts des populations européennes en pleine mondialisation. Dans son interview, il a insisté sur la nécessité d' « opérer de profonds changements » en matière de construction européenne. Pour, dit-il, réagir au mieux aux préoccupations des citoyens européens au cours de la construction européenne.

La tâche qui s'impose à la France durant ces six prochains mois consiste donc à persuader le peuple irlandais d'accepter le Traité de Lisbonne. Et cela, avant le sommet du Conseil de l'Union européenne, prévu pour octobre prochain et au cours duquel le Traité sera réexaminé.

Alors une question : pourquoi les Irlandais ont-ils, pour leur majorité, rejeté le traité ? L'intégration européenne ne correspond-elle pas aux intérêts de l'Irlande ? La réponse est évidemment négative. L'Irlande est en effet un des plus grands bénéficiaires de la politique commune de l'Union européenne. Les statistiques montrent que durant les dix années passées, l'Irlande s'est vu octroyer plus de 60 milliards de dollars - quelques 38 milliards d'euros - d'aide de la part de l'Union européenne. Une somme qui a permis de profondément changer l'aspect du pays, traditionnellement agricole dans le passé. Malgré cela, l'Irlande, sceptique, nourrit une profonde inquiétude sur les questions d'immigration. Une question qui s'est imposée au fur et à mesure de l'élargissement de l'Union européenne. Le taux de chômage a déjà atteint les 5,4% dans le pays. Le niveau le plus élevé depuis dix ans.

Qui plus est, l'Irlande, qui avait beaucoup souffert dans le passé de la domination coloniale anglaise, attache une importance toute particulière à son indépendance politique et diplomatique et aussi à sa neutralité sur le plan militaire. Nicolas Sarkozy a décidé de se rendre très prochainement en Irlande pour essayer de désamorcer la crise. Mais la tâche apparaît aujourd'hui comme relativement difficile.

Par ailleurs, le jour même où la France accédait à la présidence tournante de l'Union européenne, l'Allemagne et la Pologne ont contesté, chacune à leur manière, le Traité de Lisbonne.

Le président allemand, Horst Köhler, a refusé de ratifier le Traité avant que la Cour constitutionnelle du pays n'ait jugé le texte. Ainsi le Traité a été mis provisoirement et pour la première fois au placard en Allemagne.

Dans le même temps, le président polonais, Lech Kaczynski, quant à lui, a déclaré explicitement qu'il ne signerait pas le Traité de Lisbonne. Raison invoquée : après le rejet du Traité par les Irlandais, ce document est désormais vide de sens.

Avant cela, le président de la République tchèque, Vaclav Klaus, s'était déjà prononcé sur le non irlandais au Traité, le qualifiant de « victoire remportée par la liberté et la raison sur les projets élitistes et artificiels et sur la bureaucratie européenne ».

Selon les observateurs, le statut international de la France et ses intérêts économiques et stratégiques sont tributaires dans une large mesure de l'influence qu'elle peut exercer sur la construction européenne et le futur développement de l'Europe. Dans ce contexte, sans aucun doute, durant son mandat, la France va mettre tout en ?uvre pour continuer à assurer la construction et l'intégration européenne.

Mais plus qu'aux élites politiques et aux réformes politiques, les citoyens des pays membres de l'Union européenne s'intéressent avant tout à des problèmes de bien-être et d'économie, en particulier. Aussi pour la France, promouvoir la construction européenne dans ce contexte, risque d'être une tâche relativement compliquée.

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