La trêve entre Israël et les forces palestiniennes mise à mal
2008-06-25 17:23:40
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Lundi et mardi, des accrochages ont eu lieu entre l'armée israélienne et les organisations armées palestiniennes dans le Sud d'Israël et dans la bande de Gaza. Des accrochages qui ont mis à mal la trêve en vigueur entre les deux parties depuis le jeudi 19 juin. Un cessez-le-feu qui fait donc face aujourd'hui à une nouvelle épreuve.
Lundi 23 juin au soir, une roquette en provenance de la bande de Gaza avait atterri dans le Sud d'Israël, ce qui avait constitué la première violation du cessez-le-feu.
Et la réaction de l'armée israélienne n'a pas tardé. Mardi matin, à l'aube, une opération ciblée de l'armée israélienne a eu lieu à Naplouse, en Cisjordanie. Une opération au cours de laquelle deux membres du Jihad islamique ont trouvé la mort. Dont un des chefs de l'organisation. C'est la première fois que des Palestiniens sont tués par l'armée israélienne depuis le début de la trêve jeudi dernier. En réponse, le jour même, dans l'après-midi, trois roquettes ont été lancées vers le Sud d'Israël par le Jihad.
Cette série d'accrochages rend à nouveau tendues les relations entre Israël et les forces armées palestiniennes. Pour le Premier ministre israélien Ehud Olmert, « c'est une violation flagrante de la trêve » et Israël, promet-il, va « envisager différentes hypothèses ».
Du côté du Hamas, qui, on le rappelle, contrôle la bande de Gaza, l'accord de cessez-le-feu sera respecté, assure Sami Abu Zuhri, le porte-parole de l'organisation.
Le Jihad, lui, dont deux membres ont été tués on le rappelle, a fait savoir que son souhait restait que le peuple palestinien profite de la trêve. C'est pourquoi l'organisation a décidé d'arrêter ses opérations militaires, mais riposterait contre Israël si Israël entreprenait une nouvelle opération armée.
Selon des analystes, vu les termes de l'accord et les besoins des deux parties, maintenir le cessez-le-feu est bénéfique aussi bien à Israël qu'au Hamas.
Selon l'accord, Israël et les forces palestiniennes ont convenu de d'abord respecter le cessez-le-feu dans la Bande de Gaza. Si la situation évolue de manière satisfaisante, alors là seulement, quelques jours plus tard, Israël s'était engagé à ouvrir les principales voies d'accès à la bande de Gaza, pour rétablir les transports de marchandises.
Lors de son entretien avec le Premier ministre israélien, le président égyptien Hosni Moubarak a déclaré que son pays « faisait des efforts pour Galid Shalit », ce soldat israélien kidnappé le 25 juin 2006 par des militants palestiniens, mais qu'il ne souhaitait pas que les négociations sur sa libération interfèrent avec la trêve dans la bande de Gaza.
Dans le contexte actuel, on pourrait donc s'attendre au maintien de la trêve par les deux parties. Pourtant, le cessez-le-feu est fragile et dépend d'un certains nombre de facteurs. Tout d'abord, la souplesse dont feront preuve les deux parties dans la défense de leurs intérêts. Le Hamas, par exemple, est-il prêt à abandonner la contrebande d'armes, qui joue un grand rôle pour consolider ses forces armées ? Israël, de son côté, à la demande du Hamas, libérera-t-il des prisonniers palestiniens en échange de la libération de Gilad Shahit suite aux négociations ?
Bref, dans quelle mesure les deux parties pourront-elles arriver à trouver un accord ? D'autant qu'il reste également une autre question en suspens, sécuritaire celle-là, celle de l'ouverture du port de Rafah, au Sud de la bande de Gaza.
Il apparaît en tout cas clair que de nouveaux accrochages auront lieu si ces problèmes ne sont pas résolus dans une période acceptable.
Il existe ensuite des facteurs encore relativement peu clairs, que ce soit en Israël ou du côté des forces armées palestiniennes. Toute attaque lancée par n'importe quelle force armée contre Israël pourrait être considérée comme l'amorce d'un nouveau conflit entre les deux parties.
Et puis n'oublions pas non plus le contexte politique instable en Israël, qui rend la politique israélienne dans la Bande de Gaza relativement peu claire. Le 24 juin, on le rappelle, le Parti travailliste et le Meretz ont réaffirmé leur volonté de dissoudre la Knesset, le parlement israélien, et de voir Ehud Olmert démissionner.
Le parti de la droite nationaliste, Israel Beiteinu, estime quant à lui que le cessez-le-feu constitue une capitulation en lui-même, devant le Hamas et les autres forces armées palestiniennes.
Mercredi 25 juin, la Knesset organisera un pré vote sur la motion de dissolution lancée par le Likoud, dont le résultat affectera directement le destin de l'actuel gouvernement israélien.
La trêve dans la bande de Gaza est donc fragile, et la situation, sensible. Pour maintenir une situation stable, les diverses parties devront donc évidemment jouer la carte de la prudence et de la retenue.