Les pourparlers américano-iraniens pourront-ils aboutir à des résultats significatifs ?
2008-04-09 16:06:38
cri
Les Etats-Unis vont entamer prochainement des négociations avec l'Iran sur la question de sécurité en Irak. Les deux parties ont confirmé l'une comme l'autre cette nouvelle. Ce sera le 4ème round de négociations entre les deux pays mais pourra-t-il aboutir à des résultats significatifs.
Washington et Téhéran ont tenu en mai et juillet 2007 des négociations au niveau d'ambassadeur à Bagdad. Au mois d'août de la même année, des experts américains, iraniens et irakiens se sont réunis de nouveau pour discuter du problème sécuritaire en Irak mais toutes ces rencontres ont été improductives.
De graves divergences existent entre les Etats-Unis et l'Iran à ce sujet. Washington accuse toujours l'Iran d'avoir fourni des armes et munitions aux forces militaires de la communauté chiite irakienne. Réfutant du tac au tac, l'Iran impute l'état de sécurité déplorable en Irak à l'occupation américaine. Des analystes ont indiqué que dans un délai prévisible, les pourparlers entre les deux pays ne sauraient atténuer la question sécuritaire en Irak.
Le fait que les représentants des deux pays se réunissent de nouveau s'explique en effet par les intérêts communs qu'ils partagent sur la question sécuritaire en Irak.
Du côté américain, le bilan des morts américains en Irak s'avère de plus en plus lourd pour dépasser 4000 au total jusqu'ici. Au lieu de s'améliorer, la situation sécuritaire dans ce pays ne cesse de se dégrader, si bien que l'assertion selon laquelle l'occupation américaine visait à y instaurer un régime démocratique ne peut pas se justifier. De surcroît, des vagues anti-guerre se renouvellent incessamment à l'intérieur du pays et la guerre irakienne est maintenant bel et bien une cible pour le Parti démocrate dans ses attaques contre l'administration Bush. Par conséquent, Washington a expressément besoin de rétablir la sécurité et la stabilité en Irak afin d'apaiser le mécontentement à l'intérieur du pays.
Du côté iranien, Téhéran nourrit l'intention de façonner son image d'une puissance régionale par la solution de la question sécuritaire en Irak et de briser ainsi son isolement qu'ont imposé les Etats-Unis dans cette partie du monde.
Depuis la chute du régime de Saddam Hussein en 2003, l'influence iranienne en Irak s'est considérablement accrue du fait d'une part que la majorité des Irakiens sont des musulmans chiites et de l'autre, des nombreux officiels s'étaient exilés en Iran à l'époque du régime de Saddam et ont ainsi des « liens étroits » avec la couche supérieure iranienne.
Sur une instruction du Premier ministre irakien, Nuri Al-Maliki, des opérations de répression ont été déclenchées le mois dernier contre l'armée Mahdi antigouvernementale à Basra ce qui a débouché sur des conflits de violence entre Bagdad et la communauté chiite peuplant le sud du pays. L'Iran a offert des médiations apaisant pendant un certain temps les conflits témoignant encore une fois son influence sur la situation sécuritaire en Irak.
Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Ali Hosseini, tout en exprimant son soutien le 8 avril aux opérations militaires du gouvernement irakien à Basra a condamné les attaques contre les zones vertes de Bagdad par l'armée Mahdi du dirigeant chiite Moqtada Sadr et contrôlées par les troupes américaines. Selon le porte-parole Ali Huosseini, l'Iran souhaite que les différentes factions irakienne fassent preuve du sang-froid et de retenue afin de préserver la sécurité et la stabilité régionales.
C'est la première fois que Téhéran condamne les actions des forces armées anti-américaines en Irak et ce geste est censé être un signe positif que le gouvernement iranien a adressé aux Américains avant les négociations. L'Iran, si l'on en croit des analyses de la presse locale, s'efforce actuellement de se soustraire aux accusations de se tenir du côté des forces armées chiites et a manifesté une prise de position en faveur du gouvernement irakien. Le porte-parole iranien, Ali Hosseini, n'a pas oublié, bien entendu, de s'en prendre aux actions de l'armée américaine contre la Cité Sadr exigeant des « occupants » de rendre le plus rôt possible le pouvoir de gestion au gouvernement légitime irakien afin d'atténuer l'actuelle crise sécuritaire dans la région.
Selon la presse iranienne, comme les vues de Washington et de Téhéran diffèrent foncièrement sur de nombreux problèmes et les deux pays s'habituent déjà à s'accuser mutuellement, il est peu probable que des concessions réciproques s'en dégagent et leur rivalité se poursuivra au cours de ce 4ème round de négociations.