Quel sont les objectifs de la tournée européenne de Pervez Musharraf ?
2008-01-18 17:38:58 cri
Belgique, France, Suisse et Royaume-Uni? C'est le programme qui attend le président pakistanais Pervez Musharraf pour la tournée européenne qu'il effectuera à partir du 20 janvier. Il s'agira de la première visite de Pervez Musharraf à l'étranger en tant que président civil ? on se souvient en effet qu'il avait démissionné de son poste de chef d'état-major qu'il cumulait avec celui de président de la République, avant d'être réélu. Sa visite en Europe est supposée permettre de renforcer les relations du Pakistan avec les pays qu'il visitera et, plus prosaïquement, c'est une confiance et un soutien diplomatique que vient rechercher Pervez Musharraf en Europe.

Le porte-parole du ministère pakistanais des Affaires étrangères, Muhammad Sadiq, a annoncé que c'est par la Belgique que le président Musharraf débutera sa tournée européenne. La Belgique, parce que Bruxelles abrite le siège de la Commission européenne. Le président pakistanais doit donc rencontrer ses membres, avant de prononcer un discours devant la commission des affaires étrangères du Parlement européen. Mais Pervez Musharraf doit aussi s'entretenir avec le nouveau Premier ministre belge Guy Verhofstadt.

Ensuite, direction Paris? Le président pakistanais sera présent dans la capitale française les 21 et 22 janvier, notamment pour s'entretenir avec son homologue Nicolas Sarkozy. Ensuite, Pervez Musharraf va prendre de la hauteur, à l'occasion du Forum économique mondial de Davos, en Suisse, qui se tiendra du 23 au 25 ? l'occasion pour lui de rencontrer les nombreux dirigeants présents. Enfin, il s'envolera pour Londres, où il doit clore sa tournée du 26 au 28 et, entre autres, s'entretenir avec le Premier ministre britannique Gordon Brown.

Alors que laisse présager cette tournée européenne du président pakistanais ?... La recherche de coopérations, d'abord. C'est manifestement un point important, a fortiori dans le domaine économique et commercial. L'UE est en effet le premier partenaire commercial du Pakistan, avec des échanges évalués à 9 milliards de dollars l'année dernière. Les Européens sont par ailleurs les premiers investisseurs étrangers au Pakistan. C'est du reste pourquoi, en plus des chefs d'Etat ou de gouvernement, Pervez Musharraf consacrera une large partie de sa tournée à des rencontres avec les dirigeants des milieux industriels et commerciaux européens.

Mais l'autre point chaud de l'agenda européen du président Musharraf, c'est la question de la lutte contre le terrorisme en général et de la situation en Afghanistan en particulier. Le Pakistan est en effet en première ligne et, vieil allié des Etats-Unis, on a voulu le présenter comme un pivot anti-terroriste après les attentats du 11-Septembre. Or, aujourd'hui, la situation sur le terrain afghan est toujours particulièrement critique. Echauffourées, affrontements, attentats, la violence fait partie du quotidien. En début de semaine, le seul restaurant cinq étoiles de Kaboul a par exemple été attaqué à l'arme lourde par des militants proches des talibans. Avec, à la clé, sept morts et six blessés graves. Une attaque qui a eu lieu au moment où le ministre norvégien des Affaires étrangères, Jonas Gahr Stoere, en visite dans le pays, rencontrait plusieurs diplomates afghans. Il n'en fallait pas plus pour faire de cet attentat l'action armée des talibans la plus directement dirigée contre des éléments étrangers non armés depuis 2001. Et en Occident, certaines chancelleries émettent toujours des doutes quant à l'éventuel double jeu que pourrait jouer Islamabad dans le domaine de la lutte contre le terrorisme. La visite de Pervez Musharraf en Europe sera donc aussi un moyen pour lui d'essayer de faire taire ces doutes une bonne fois pour toute et de montrer patte blanche.

Car au Pakistan, certains milieux déplorent les signes d'une crise de confiance entre Islamabad et les pays occidentaux. D'où le besoin de redorer le blason national, terni ces derniers mois par une série d'événements, des querelles entre Pervez Musharraf et l'ancien Premier ministre Chaudhry Shujaat Hussain à l'incident de la « mosquée rouge », en passant par l'état d'urgence proclamé en novembre décembre et, bien sûr, l'assassinat de Benazir Bhutto au début du mois. Des événements suivis de très près par des pays occidentaux très attentifs au processus démocratique au Pakistan, comme a pu le montrer le Commonwealth britannique en suspendant Islamabad de sa qualité de membre. La tâche est donc réelle pour le président Musharraf.

Et c'est d'autant plus vrai qu'à l'intérieur du pays se profile la tenue des élections législatives reportées au 18 février après l'assassinat de Benazir Bhutto. Inutile de préciser que les Européens surveilleront de près la régularité de ce scrutin - l'UE a déjà fait savoir que des observateurs seront envoyés sur place. Pervez Musharraf a pour sa part promis des élections « libres, équitables et transparentes », et se dit tout à fait disposé à accueillir ces observateurs. Et cette bonne volonté affichée, il compte bien en faire la preuve devant ses hôtes européens au cours de cette tournée qui débute la semaine prochaine

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