 |
 |
 Pour le président afghan Hamid Karzai, la semaine passée a été particulièrement chargée. En effet, entre les 22 et 23 décembre ce ne sont pas moins de trois dirigeants de pays occidentaux qui se sont succédés sur le territoire afghan.
Le président français Nicolas Sarkozy, le Premier ministre australien Kevin Rudd et le Premier ministre italien Romano Prodi ont effectué des visites éclairs. Mais alors pourquoi cette succession de visites surprise ? On peut émettre plusieurs hypothèses pour répondre à cette question.
La date, tout d'abord. Les fêtes de Noël approchent, et c'est une manifestation importante dans les pays occidentaux. On peut penser que les trois dirigeants voulaient témoigner de leurs soutiens aux militaires déployés sur le territoire, et qui vont passer le réveillon loin de chez eux. Un soutien moral donc. Au cours de leur visite éclairs, les dirigeants n'ont pas manqué de saluer les troupes.
Deuxièmement, c'est un besoin de politique intérieure. Durant les deux dernières années, plus de 330 soldats étrangers ont perdu la vie en Afghanistan. Autant de pertes qui ont causé une profonde baisse de moral des troupes en poste. D'ailleurs, les demandes de retrait des troupes ne cessent de s'amplifier. Dans ces circonstances, les trois dirigeants de ces pays ont voulu montrer leur soutien au régime de Karzai et également montrer qu'ils sont attentifs au problème afghan.
Troisièmement, la question de la sécurité du pays préoccupe. Les trois dirigeants se sont inquiétés de l'instabilité dans laquelle se trouve le pays. Désireux de mieux connaître les problèmes, les dirigeants ont commandé des enquêtes afin de réajuste, au plus près, leurs politiques à l'égard de l'Afghanistan et dans le but de soutenir le pouvoir en place, le président Karzai. À l'heure actuelle, ce sont près de 50 000 troupes internationales qui sont déployées en Afghanistan, trois fois plus qu'il y a quatre ans. Pourtant, si important que soit ce contingent, le situation en Afghanistan est de plus en plus instable. Dans son rapport remis au Conseil de Sécurité de l'ONU, le 15 octobre dernier, l'envoyé spécial du secrétaire général des Nations-Unies sur le problème afghan, Tom Koenigs, a indiqué que, depuis le début de l'année, les cas de violence et d'attaque se sont accrus de 30% par rapport à l'an dernier. En tout, ce sont près de 6000 personnes qui ont perdu la vie. Lors de la conférence des ministres de la défense des 8, qui s'est tenue en Grande-Bretagne, le ministre australien de la Défense José Fizgibbon a lancé un avertissement : l'OTAN perdra cette guerre, si elle ne modifie pas sa tactique et ne revoit pas entièrement ses stratégies militaire et civile. Le président Hamid Karzai, a dit, de son côté, que son pays est littéralement dévasté et qu'il faudrait beaucoup plus de temps que prévu avant de le reconstruire entièrement. Le président a estimé, qu'il souhaiterait un soutien des pays occidentaux pendant au moins, dix ans. En conséquence de cela, les dirigeants des trois pays ont promis d'accorder au gouvernement afghan des soutiens politique, militaire et financier. Lors de sa rencontre avec son homologue afghan, le président Sarkozy a souligné que : « Jamais, le France n'a pensé à rappeler ses troupes en France». Au contraire, il a fait savoir que la France prendrait une décision, dans quelques semaines, concernant l'envoi de troupes supplémentaires en Afghanistan.
Le Premier ministre australien Kevin Rudd est dans le même registre. Il a indiqué que les troupes australiennes resteraient stationnées longtemps dans le pays et que d'autres dirigeants devraient apporter leurs soutiens au pouvoir afghan. Logiquement, il a annoncé une aide de 95 millions de dollars américain au gouvernement afghan, destinée à reconstruire la province d'Uruzgen. Le Premier minstre italien Prodi, quant à lui, a affirmé aussi que son pays poursuivrait de manière durable son implantation en Afghanistan.
Un geste diplomatique. Avec ces visites éclairs, les trois dirigeants avaient l'intention d'adresser un message aux Etats-Unis, pour leur témoigner de leur soutien. Lors d'un point presse, le 20 décembre, le président Bush a confié sa plus grande préoccupation sur le cas afghan. Le président américain avait peur que les pays alliés de l'OTAN, ne retirent leurs troupes du territoire. Il a souligné que les pays alliés devaient laisser du temps à l'Afghanistan pour que celui-ci mette en place efficacement son processus démocratique. Les Etats-Unis devaient mettre en ?uvre de nouvelles mesures pour décider ces pays à soutenir l'Afghanistan. Ce n'est que se tenant à cette politique que des résultats pourraient être obtenus. Avec ce déplacement en Afghanistan, les dirigeants occidentaux ont également voulu rassurer les USA . |
 |