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  Sa vision est optimiste. Dimanche 11 novembre, le Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki, a donné son point de vue sur l'actuelle situation sécuritaire en Irak. Un point de vue plutôt positif qu'il a développé en précisant que les actes de violence, comme les explosions par obus ou les attaques suicidaires, ont nettement diminué. Et que les conflits entre les différentes tribus ont pris fin.
Ce point de vue est partagé par les forces américaines en Irak. La semaine dernière, le commandant des factions sur place, Joseph Fil, avait indiqué que depuis juin dernier, la violence se réduit un peu plus chaque mois et que la situation évolue vers la stabilisation.
Pourtant, l'opinion publique n'est pas aussi optimiste que les autorités américaines et irakiennes. Selon elle, bien que les actes de violence aient diminué, l'origine tout comme les raisons amenant à ces incidents sont encore bien présentes. La confrontation entre les différentes tribus a, en effet, entraîné une violence continue et existe toujours. En Irak, le nombre de chiites est prépondérant mais, sous la domination de Saddam Hussein, c'était les sunnites, minoritaires, qui étaient au pouvoir. Et un grand nombre de dirigeants chiites et kurdes ont fait l'objet de persécutions. Par ailleurs, la guerre irakienne, déclenchée par les Etats- Unis, a brisé la structure politique mise en place sous Saddam. Et, les sunnites, jusqu'alors au pouvoir, ont perdu leur statut, leur pouvoir et leur fortune. En revanche, chiites et kurdes, dominés dans le passé, détiennent aujourd'hui le pouvoir. Ce changement a renversé les intérêts, aggravé les conflits entre les différentes fractions et augmenté les divergences nationales.
Depuis le début de l'année, un nouveau défi est apparu : le gouvernement doit faire face à un réel mécontentement, notamment de la part des ministres. En effet, six ministres du parti au pouvoir, qui soutiennent le dirigeant chiite Moqtada al-Sadr, six du Front d'accordance d'Irak et cinq de la « Liste d'Irak », dirigée par l'ancien Premier ministre Ayad Allawi, ont successivement boycotté le gouvernement. Résultat, la moitié des 40 membres du cabinet ont cessé leurs activités. C'est peut- être bien la preuve que les conflits entre factions irakiennes se sont aggravés et non apaisés.
Par ailleurs, les organisations terroristes, à l'origine des violences, sont toujours présentes dans le pays. Malgré les opérations, menées par l'armée irakienne et les forces d'occupation américaines, pour lutter contre elles, le réseau d'activités terroristes résiste. Soutenus par des organisations armées comme Al Quaida, ces éléments armés ont pris la fuite et se sont installés à l'étranger. Mais, d'autres continuent à déclencher des attaques dans différentes régions irakiennes. Selon certaines informations, parmi les explosions du mois dernier, nombreuses sont celles qui ont été perpétrées par cette organisation terroriste. Des média occidentaux ont même révélé que des membres de cette organisation cherchent à revenir sur le devant de la scène.
En outre, la présence militaire étrangère est une autre cause des violences en Irak. Les forces multinationales, avec à leur tête l'armée américaine, ont déclenché, en mars 2003, la guerre irakienne sans l'autorisation onusienne. Une initiative qui a eu pour conséquence de nombreux morts et de blessés, tant chez les militaires que chez les civils irakiens. Et qui a suscité la haine du peuple irakien. Il n'est donc pas difficile de comprendre que les forces multinationales, l'armée américaine en particulier, font l'objet d'attaques fréquentes. Tant que les forces étrangères ne se retireront pas d'Irak, la haine des Irakiens ne disparaîtra pas. Tout comme les actes de violence.
De plus, l'Irak doit faire face actuellement à un nouveau problème : le Parti des travailleurs kurdes (PKK). Un problème qui risque de compromettre la sécurité du pays. La Turquie s'étant ouvertement positionnée contre les membres du PKK. D'ailleurs, depuis quelques semaines, les troupes turques, fortes de 100 000 hommes, stationnent à la frontière entre la Turquie et l'Irak. Si le gouvernement turc leur donne l'ordre de franchir la frontière pour attaquer les forces du PPK, basées en Irak, la situation sera incontrôlable dans le nord du pays. Les conséquences d'un tel acte seraient encore plus fâcheuses que dans les autres régions irakiennes. Et pourrait bien remettre en cause la situation sécuritaire. La vision optimiste de Nouri al-Maliki ne serait alors plus qu'un beau rêve. |
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