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 La visite officielle de Nicolas Sarkozy aux Etats-Unis s'est terminée le 7 novembre. Une véritable opération séduction pour le président français, qui a tout fait pour tenter de réparer les relations franco-américaines, lesquelles s'étaient clairement refroidies autour de la question du conflit irakien. Force est de constater qu'une nouvelle unité de vue unit maintenant Paris et Washington, même si quelques divergences persistent.
C'est le 6 novembre que Nicolas Sarkozy a posé le pied sur le sol américain. Il l'avait bien sûr déjà fait cet été, puisque c'est là-bas qu'il avait passé ses vacances et partagé un mémorable hot-dog avec le couple présidentiel Bush? Il n'en aura pas fallu plus pour que le président français soit surnommé dans son pays « Sarko l'Américain », ce qui n'est pas vraiment un compliment pour une bonne partie de la presse et de la classe politique françaises. Mais c'est sa première visite officielle depuis son entrée à l'Elysée. Dans un discours mémorable prononcé lors du banquet d'accueil organisé à la Maison-Blanche, le président français a lancé un appel pathétique pour « reconquérir le c?ur des Américains ». Tout aussi vibrant, il a fait part devant le Congrès de sa fascination pour la culture états-unienne et le « rêve américain », de son respect pour les valeurs de l'Amérique et de sa gratitude, au nom de la France, pour la contribution des Etats-Unis à la victoire des alliés durant les deux Guerres mondiales. Décidément très en verve, et pas effrayé une seconde par le pathos, Nicolas Sarkozy a également lancé au terme de sa visite, lors d'une conférence de presse organisée avec George Bush à Mont Vernon, l'ancienne demeure du président George Washington, que « le peuple français aime le peuple américain ». Plus sérieusement, il a également souligné qu' « il est [selon lui] inadmissible que l'Iran possède des armes nucléaires », avant de se dire convaincu que « les sanctions imposées à l'Iran sont efficaces pour résoudre le problème nucléaire iranien ».
Premier enseignement de ces déclarations vibrantes : dans le domaine de la politique états-unienne de la France, c'est pour le coup une véritable rupture qu'a initiée le président Sarkozy ? rupture avec son prédécesseur, bien sûr, Jacques Chirac, dont on se souvient qu'il avait pris la tête de la croisade onusienne contre l'idée d'une intervention militaire des Etats-Unis contre l'Irak de Saddam Hussein. Et pas plus tard qu'au début de cette année, juste avant de quitter l'Elysée, il avait confirmé le retrait de 200 soldats des troupes spéciales françaises postées en Afghanistan. Cette fois, ce sont des renforts de troupes en Afghanistan qu'a annoncé Nicolas Sarkozy à Washington, avant d'assurer son homologue américain que la France continuera à s'associer aux Etats-Unis dans la solution de la question afghane. Il y a peu de temps, le président français avait déjà envoyé en Afghanistan des avions de combat français stationnés au Tadjikistan, afin d'y soutenir les actions militaires de l'OTAN.
Quoi qu'il en soit, si le président français espérait se mettre la classe politique américaine dans la poche, c'est apparemment réussi. Au moins dans les paroles. Le président Bush s'est ainsi félicité d'avoir, en Nicolas Sarkozy, « un partenaire pour la paix ». Et, au terme du discours lénifiant du président français devant le Congrès, plusieurs parlementaires prévoyaient « le redressement des relations franco-américaines ».
Mais tout n'est pas si rose? Et une série de divergences subsistent entre Paris et Washington. A commencer par le dossier irakien, évoqué avec des pincettes. Nicolas Sarkozy n'a certes pas critiqué la politique du président Bush comme a pu le faire Jacques Chirac? Mais il a justifié le bien-fondé de l'opposition de la France à la guerre en Irak, et s'est évidemment bien gardé d'annoncer le moindre envoi de troupes terrestres françaises dans le bourbier irakien.
En comparaison, sur la question du nucléaire iranien, le consensus franco-américain apparaît beaucoup plus ferme. Nicolas Sarkozy a bien répété son soutien aux sanctions américaines à l'encontre de l'Iran. Mais il a réitéré par la même son opposition résolue à l'éventualité d'attaques militaires dirigées contre Téhéran.
Autre point d'achoppement, la défense européenne. Là, le président français n'a pas cédé, et défendu un renforcement de l'Europe de la défense au nom du « pragmatisme », en tentant de convaincre Washington qu'elle serait complémentaire de l'OTAN, et non sa rivale. Et ce notamment pour mieux faire face à des crises régionales.
Autre dossier chaud, le réchauffement climatique? Dossier sur lequel Paris et Washington ne sont clairement pas en phase. Pour le président français, les Etats-Unis ne prennent tout simplement pas leurs responsabilités dans ce domaine. Ce qui l'a poussé à appeler Washington à prendre « la tête du combat contre le réchauffement climatique ». Pas sûr qu'il soit entendu par George W. Bush, qui n'a pas jugé nécessaire de répondre.
Enfin, c'est devant le Congrès que le président français a rappelé les Etats-Unis à certains de leurs « devoirs », en critiquant notamment la faiblesse du dollar par rapport à l'euro. Il a plaidé à cette occasion pour « une juste parité des changes » pour éviter une « guerre économique dont, de ses propres mots, nous serions tous les victimes ». |
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