 |
 |
L'information peut sembler anodine, mais c'est une première pour le président de l'Autorité nationale palestinienne Mahmoud Abbas et le Premier ministre israélien Ehud Olmert. Les deux dirigeants se sont rencontrés le 28 août à Jérusalem, pour y discuter du statut final de la Palestine? En abordant ? c'est là la première - les trois questions toujours délicates des frontières de l'éventuel Etat palestinien, le droit au retour des réfugiés palestiniens de 1947 et le statut final de Jérusalem. C'est aussi là une étape importante en vue de la Conférence internationale sur le Proche-Orient prévue cet autonome.
De source israélienne, l'entretien à huis-clos entre Ehud Olmert et Mahmoud Abbas a duré une heure et demie. Les deux dirigeants se seraient mis d'accord pour parvenir à un consensus avant la fin du mois d'octobre. L'objectif : faire en sorte que les trois problèmes abordés soient bien au c?ur du futur accord cadre qui sera censé assurer la réussite de cette prochaine Conférence internationale sur le Proche-Orient.
Plusieurs médias à travers le monde ont souligné l'avancée significative que représente cet entretien depuis ces derniers mois. Car de sérieuses divergences subsistaient avant cette entrevue, en particulier sur le statut de Jérusalem. Ehud Olmert avait plusieurs fois envoyé une fin de non-recevoir aux négociateurs palestiniens qui insistaient de leur côté sur la nécessité de discussions à ce sujet. D'où un véritable blocage sur cette question ô combien sensible. Bien sûr, l'heure et demie d'entrevue de mardi n'a pas débouché sur un accord détaillé concernant Jérusalem? Mais elle inaugure cependant des négociations effectives. Toujours selon une source israélienne, Ehud Olmert devrait avoir deux ou trois tête-à-tête avec Mahmoud Abbas durant les prochaines semaines, et les deux parties pourraient par la suite mettre en place un groupe de travail chargé de mener les négociations jusqu'à la conclusion d'un accord-cadre.
Cet entretien représente donc d'indéniables avancées en vue de la Conférence internationale sur le Proche-Orient. Mais ne nous voilons pas la face : un long, un très long chemin reste encore à parcourir pour assurer le succès de cette réunion au sommet. D'abord parce que, tout simplement, Palestiniens et Israéliens ne partagent pas les mêmes attentes concernant cette conférence. Les premiers aimeraient qu'elle débouche clairement sur un accord exhaustif ; les seconds aimeraient plutôt s'en tenir à une déclaration de principe. Or, le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a affirmé qu'une simple « déclaration de principe » sans formulations détaillées sur le statut final de la Palestine ne serait qu'un « gaspillage de temps ». Voilà qui est clair? Le négociateur palestinien en chef, Saeb Erekat, quant à lui plus diplomate, s'est contenté de déplorer que les deux parties en sont toujours à l'étape des propositions, et non des négociations concrètes. Autrement dit, on est encore bien loin d'un accord à part entière.
Il faut dire aussi que la situation intérieure dans les territoires palestiniens joue toujours contre le propre camp de l'Autorité palestinienne, dans le contexte de cette conférence. Car la rivalité ? sinon la guerre larvée - entre le Hamas, qui a fait de la bande de Gaza une sorte de fief, et le Fatah de Mahmoud Abbas, qui tient la Cisjordanie, marque toujours très fortement la vie politique palestinienne. Et on voit mal les deux partis se réconcilier dans un bref délai. Le porte-parole du Hamas, Sami Abu Zuhri, a ainsi critiqué la rencontre Abbas-Olmert de mardi comme étant une nouvelle tentative d'écarter le mouvement islamique. Avant d'affirmer que « ce type d'entrevue n'aboutira jamais tant qu'Israël occupera les territoires palestiniens ». De son côté, le gouvernement israélien est toujours fermement opposé à tout consensus du Fatah avec le Hamas. Pour l'Etat hébreu, l'inclusion du Hamas (dont les statuts parlent encore de la « destruction d'Israël ») dans le gouvernement palestinien signifierait l'interruption de tout dialogue.
On le voit, les défis sont énormes? Mais les enjeux aussi. Et c'est pourquoi les différentes parties appelées à participer à cette conférence mettent actuellement les bouchées doubles pour en assurer le succès. Les contacts entre Israéliens et Palestiniens se multiplient. Et les Etats-Unis, sous l'égide desquels est prévue cette conférence, ont également fait parvenir des messages clairs aux deux principales parties en présence. La secrétaire d'Etat Condoleeza Rice a ainsi averti séparément les dirigeants palestiniens et israéliens. Avant d'effectuer une nouvelle tournée dans la région dans les semaines à venir. |
 |