La visite de Bernard Kouchner en Irak, symbole du réchauffement franco-américain
2007-08-21 17:52:28 cri

C'était hier, le 20 août, le deuxième jour de la visite en Irak de Bernard Kouchner, le ministre français des Affaires étrangères. La première d'un haut responsable français dans le pays depuis l'éclatement de la guerre irakienne en 2003.

La presse française a souligné que cette visite marquait là la préoccupation croissante des autorités françaises à l'égard de l'Irak. Cette visite, toujours selon la presse française, n'est pas non plus sans rapport avec le réchauffement des relations franco-américaines, initié par Nicolas Sarkozy, le président français, depuis son élection en mai dernier.

Bernard Kouchner est donc arrivé dimanche dernier à Bagdad pour une visite, qui, si elle était « surprise », n'est en pas moins officielle.

Un porte-parole du ministère français des Affaires étrangères l'a en tout cas déclaré : c'est sur invitation du président irakien Jalal Talabani que le ministre Kouchner est venu en Irak. Un Bernard Kouchner qui a venu là pour délivrer un message : la France est solidaire de l'Irak et la France va écouter toutes les communautés qui vivent en Irak. Mais la date de la visite du ministre français n'a pas été choisie au hasard. Cela faisait quatre ans dimanche que Sergio de Mello, l'ancien envoyé spécial brésilien de l'Onu en charge du problème irakien et « ami » de Bernard Kouchner, a été tué lors d'un attentat à la bombe à Bagdad. Aucun rapport, selon le gouvernement, avec le récent retour de Nicolas Sarkozy de ses vacances aux Etats-Unis.

Mais tous les analystes ne partagent pas l'avis du gouvernement français. Certains estiment que la visite de Bernard Kouchner n'est finalement que la « suite », en quelque sorte, des « vacances étatsuniennes » de Nicolas Sarkozy. Car pour effectuer une visite officielle à l'étranger, le soutien du président est évidemment indispensable. Et c'est justement lors de son séjour aux Etats-Unis que Nicolas Sarkozy a tenté d'atténuer les tensions au sujet de l'Irak, vieilles de quatre ans, entre la France et les Etats-Unis.

Le président français a pavé la voie. A Kouchner, ensuite, d'effectuer sa visite sur le terrain. Au cours d'un entretien qu'il a eu le jour même de son arrivée avec le président irakien, le chef de la diplomatie française a assuré que la France était disposée à aider l'Irak à stabiliser sa situation.

Nicolas Sarkozy, dès son élection, n'a eu de cesse d'essayer d'améliorer les relations franco-américaines. Un président français qui pense en tout cas que la mésentente entre les deux pays a quelque peu lésé la France, et que, le commerce aidant, il est d'autant plus nécessaire de réchauffer les relations bilatérales entre deux importants partenaires économiques.

Au cours de sa campagne électorale, Nicolas Sarkozy avait déjà exprimé sa volonté de définir une nouvelle ligne en matière de politique étrangère. Et le lendemain de son élection, il était déjà au téléphone avec George Bush, auquel il assurait que « l'amitié signifiait aussi qu'on puisse avoir des opinions différentes » mais que « les Etats-Unis peuvent croire en l'amitié de la France ». Des propos qui avaient émis sans ambages le désir de la France de se réconcilier avec les Etats-Unis. La visite du ministre français des Affaires étrangères en Irak est donc, en quelque sorte, l'aboutissement de tous ces efforts de rapprochement.

D'après des analystes français, si la France veut, clairement, améliorer ses relations avec les Etats-Unis, celà ne signifie pas pour autant qu'elle s'apprête à emboîter le pas des Américains. Nicolas Sarkozy l'a d'ailleurs affirmé peu après son élection : il est contre une expansion massive de l'Otan au détriment de l'Onu. Il n'a pas manqué, également, de demander aux Etats-Unis d'assumer leurs responsabilités en matière de réchauffement climatique et de s'opposer à l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne, une hypothèse pourtant défendue par Washington. Sur le dossier iranien, il a jugé le programme nucléaire de Téhéran « inacceptable » et à demandé à la communauté internationale de renforcer sans hésiter ses sanctions, tout en s'opposant néanmoins au recours à la force. Mais dans le même temps, le président Sarkozy n'a pas exclu la possibilité d'une coopération avec l'Iran sur le nucléaire civil. Tout cela démontre, finalement, que le réajustement de la politique française à l'égard des Etats-Unis n'est que léger. Au fond, la politique étrangère sarkozyenne, sur les sujets d'importance majeure, ne s'éloigne pas trop de celle de son prédécesseur à l'Elysée. Donc, et bien, il faudra certainement du temps pour savoir dans quelle mesure les relations franco-américaines pourront vraiment être améliorées.

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