Quatre nouveaux attentats ont eu lieu mardi soir en Irak.
La bilan officiel parle de lui-même : 250 morts et plus de 300 blessés. C'est l'attaque la plus meurtrière depuis le début de la guerre. Un carnage qui révèle encore un peu plus les conséquences catastrophiques du conflit. Visée cette fois-ci : la communauté yédizie. Une communauté religieuse, implantée là avant l'arrivée de l'Islam, et qui vit essentiellement dans la région de Mossoul, à majorité kurde, dans le Nord du pays.
Les quatre attentats ont eu lieu pratiquement en même temps. Le procédé, lui aussi, est similaire. Des indices, qui, selon la police locale, ne laissent pas de doute : les quatre attentats sont liés.
De nombreuses maisons se sont écroulées suite aux attentats et beaucoup de victimes ont été enfouies sous les décombres. Evidemment, ça n'a pas facilité les opérations de secours et le comptage des victimes. Faute de savoir combien de personnes sont encore ensevelies, et bien impossible de dire, pour l'instant, si le bilan va encore s'alourdir.
Cette journée sanglante a, en tout cas officiellement, surpris aussi bien les autorités américano-irakiennes que la communauté internationale.
Jalal Talabani, le président irakien, n'a pas tardé à réagir. La plus grande inquiétude, pour lui, c'est que le pays ne se divise. Et il a donc appelé mercredi les Irakiens à rester unis face à la violence.
Le gouvernement irakien, lui, plus concrètement, a imposé depuis aujourd'hui un couvre-feu dans tout le Nord-Ouest du pays. Tentative pour contrôler le pays et calmer la situation.
Du côté américain, on s'est contenté d'une déclaration, par la voix du porte-parole en Irak de l'armée américaine, Christopher Garver. Pour lui, même si l'identité des terroristes n'est pas connue, les soupçons se focalisent sur la branche irakienne d'Al Qaida.
« Aucun prétexte n'est recevable pour justifier le massacre de civils ». C'est ainsi qu'a réagit, au niveau international, le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon. Il condamne évidemment fermement les attentats.
L'Union européenne, par la voix du Portugal, qui assure la présidence tournante, a également réagit. Pour elle, les attentats ont un but, qui est clair : provoquer une escalade de la violence entre les différentes communautés religieuses d'Irak. Pour l'Union, la seule solution, c'est que les différentes groupes irakiens, je cite « s'engagent dans la voie de la paix et du développement en renonçant à tout acte de violence ».
Mais ces attentats ont aussi été l'occasion pour un certain nombre d'analystes de pointer une nouvelle fois du doigt les Etats-Unis. Pour eux, c'est Washington, en déclenchant la guerre sans l'accord des Nations unies, qui porte une lourde responsabilités dans les événements actuels.
Déjà, pensent-ils, la guerre a bouleversé le schéma politique de l'époque de Saddam Hussein. Le conflit a tendu les relations entre les groupes religieux ou ethniques, qui étaient déjà divisés.
Et surtout, après la chute de l'ex-raïs, la communauté sunnite, qui concentrait à l'époque de Saddam Hussein une grande partie du pouvoir politique en Irak, s'est retrouvée marginalisée par les Chiites et par les Kurdes. Une redistribution des cartes qui a exacerbé les tensions et qui a fait lentement se dégrader la sécurité dans le pays.
Et puis deuxième critique faite par les analystes : le gouvernement irakien n'a pas les moyens de sa politique. Inexpérimenté, le pouvoir n'a plus le contrôle de la situation : la guerre a mis en pièces la machine d'Etat et dissous les forces militaires et policières. Le chaos, pour eux, était inévitable. D'autant plus que le gouvernement actuel, certes élu, est le résultat d'un consensus entre différents groupes communautaires ou factions, rivales au sein même du gouvernement, ce qui affaiblit évidemment le pouvoir.
Pire encore : le gouvernement de Nouri Al-Maliki est actuellement en pleine crise de légitimité après le retrait des ministres sunnites.
Et puis dernier voile noir sur le conflit irakien : les soi-disantes preuves, américaines, qui ont été utilisées par l'administration Bush pour envoyer des soldats en Irak. On sait aujourd'hui qu'elles sont fausses et qu'elles n'étaient que des prétextes.
Une armée américaine qui, avant même les attentats, avait décidé de lancer des opérations de ratissage à travers l'Irak. Objectif : débusquer les éventuels terroristes. Si elles ont connu quelques résultats, ces opérations ont surtout encore accru le ressentiment de la population à l'encontre des troupes américaines.
Tellement que certains observateurs estiment que tant que les Américains ne se retireront pas d'Irak, le pays ne connaîtra pas un jour tranquille. |