La communauté internationale se réunit à Damas pour tenter à nouveau de sortir l'Irak du marasme
2007-08-09 17:47:14 cri

Une partie de la communauté internationale s'est réunie mercredi et jeudi à Damas, en Syrie, avec un ordre du jour pour le moins périlleux : la situation sécuritaire en Irak et les problèmes qu'elle posent en terme de sécurisation des frontières avec les pays limitrophes.

Logique donc que, outre l'Irak, les premiers intéressés par cette réunion soient la Syrie, bien sûr, pays hôte, mais aussi l'Iran, la Jordanie, le Koweït et la Turquie, ainsi que l'Egypte en proche voisin. A ces pays faut-il ajouter la présence de diplomates britanniques, chinois, états-uniens, français et russes, les représentants de la Ligue arabe et des Nations-Unies, ainsi que l'envoyé du Conseil de sécurité en Syrie. Et tout ce beau monde est réuni pour tenter, une nouvelle fois, de régler le problème de la sécurité en Irak.

Dans la mesure où la réunion s'est déroulée à huis-clos, on en ignore encore les résultats concrets. Mais les informations qui ont filtrées permettent d'échafauder les hypothèses suivantes.

Première question abordée : comment faire pour aider l'Irak à réprimer le terrorisme à l'intérieur du pays ? C'est un truisme d'affirmer qu'une majorité de la communauté internationale estime aujourd'hui que la guerre en Irak déclenchée par la coalition menée par Washington a eu pour effet une recrudescence des activités terroristes. D'où l'urgence d'un entraînement intensif des forces de sécurité et de la police militaire irakienne. Le chef de la délégation de la Ligue arabe, Hasham Yousouf, a par exemple souligné la responsabilité qu'ont les troupes étrangères stationnées en Irak dans la garantie de la sécurité, dans l'assurance des droits de l'homme pour les citoyens irakiens conformément au droit international, dans le formation et l'entraînement des forces de sécurité du pays. Mais à ce propos, l'autre élément qui sourd de cette réunion, c'est que les pays limitrophes de l'Irak en général ? et disons-le, l'Iran, la Syrie et l'Arabie saoudite en particulier - doivent aussi faire leur part du travail et empêcher l'infiltration d'éléments armés en Irak? Histoire de couper dans l'?uf toute velléité terroriste.

Les participants à cette réunion auraient également appelé à mettre un terme aux conflits inter-religieux ou interethniques à l'intérieur même de l'Irak, pour assurer la réconciliation nationale. Car depuis la fin de la guerre, il n'est pas un jour ou presque sans que le pays ne soit déchiré par un affrontement les différentes factions, qu'il s'agisse des Arabes sunnites, des Chiites, ou encore des Kurdes (qui au passage sont eux aussi essentiellement sunnites). Un véritable imbroglio lié naturellement au désordre apporté par l'intervention de la coalition américano-britannique, mais qui repose sans doute plus largement sur la frustration et la rancune des populations chiites et kurdes à l'égard des Sunnites léguée par le régime de Saddam Hussein. Et ces conflits entre factions ethniques ou religieuses reflètent dans un certain sens leurs différentes revendications politiques. Depuis le début de l'année, six ministres partisans du leader chiite Moqtada Al-Sadr, puis six autres issus du Front pour la concorde de la communauté sunnite, ainsi que cinq autres membres du gouvernement soutenant la Liste irakienne dirigée par l'ancien Premier ministre Ayad Allawi, ont tous annoncé les uns après les autres leur boycott du gouvernement ? de sorte qu'une moitié des membres du gouvernement irakien a suspendu ou carrément arrêté leurs activités au sein du cabinet. C'est dans ce contexte que les participants à la réunion de Damas ont invité les Irakiens à renoncer aux violence pour placer au dessus de tout l'intérêt global de l'Irak. Tout en appelant la communauté des pays arabes et musulmans à ?uvrer eux aussi à la réconciliation nationale en Irak, et non à soutenir tel ou tel parti, telle ou telle faction, tel ou tel leader politique proche de ses propres sensibilités.

Mais l'autre urgence, naturellement, c'est le terrain : il s'agit de trouver une solution assurant un minimum de stabilité à la situation politique irakienne tout en permettant l'évacuation le plus tôt des troupes étrangères. Car, comme l'ont souligné les participants à cette réunion, les deux questions sont très étroitement liées. Car les attentats qui visent l'armée américaine se multiplient sans cesse ? ils ont déjà causé la mort de 3670 militaires états-uniens. Mais il arrive aussi que des militaires américains blessent ou tuent par mégarde des civils irakiens. Des tragédies qui sont autant de facteurs d'instabilité dans le pays.

Voilà pour les déclarations d'intention. Mais la tâche s'avère tellement ardue, et la question de la sécurisation de l'Irak tellement compliquée qu'il serait bien présomptueux de croire que la situation pourrait être redressée du jour au lendemain. Une grande dose de pragmatisme est nécessaire, une large part de réalisme est indispensable.

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