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C'est le 4 juin, soit lundi, que le président américain George W. Bush devait quitter Washington pour une tournée de 8 jours en Europe. Au menu, des visites officielles en République tchèque, en Pologne, en Italie - avec une étape au Vatican pour sa première rencontre avec Benoît XVI -, en Albanie et en Bulgarie. Et avec comme plat de résistance, le sommet du G8 qui se tiendra à Heiligendam, en Allemagne, sur la côte baltique.
Devant une assemblée de journalistes européens en poste aux Etats-Unis, à la veille de son départ, George Bush a insisté sur les préoccupations humanitaires des Etats-Unis, dont il présente les relations avec l'Europe comme « cordiales et sympathiques ». Ce à quoi certains éditorialistes du Vieux continent ont répondu en précisant les contours d'une nouvelle « souplesse » états-unienne en Europe qui devrait s'exprimer durant ce séjour. Car le but de cette tournée apparaît clair : se mettre les pays européens dans la poche et gagner leur soutien pour renforcer la position de leadership des Etats-Unis concernant les grands sujets du globe. Et pour réaliser cet objectif, George Bush a du, en quelque sorte, montrer patte blanche. Ainsi, juste avant son départ, et pour faire taire les critiques qui s'insurgent contre la non-signature par Washington des accords de Kyoto, le président américain a lancé l'idée d'un plan à long terme de lutte contre le réchauffement climatique, avec l'établissement, par les 15 pays les plus pollueurs de la planète, d'objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Sur le front humanitaire, il a demandé au Sénat américain de renouveler en 2008 un plan quinquennal de soutien à la lutte contre le Sida en Afrique et de doubler le fonds alloué à ce programme, qui passe ainsi de 15 à 30 milliards de dollars.
Pour beaucoup d'observateurs, cette tournée devrait se passer sans véritable accroc pour le président Bush. D'abord parce que le nouveau visage qu'offre l'Europe lui est plutôt favorable. C'est notamment vrai en Allemagne et en France, dont le couple a longtemps été le moteur de l'Union européenne. Deux pays dont les nouveaux dirigeants, la chancelière Angela Merkel et le président Nicolas Sarkozy, diffèrent de leur prédécesseur, lesquels s'étaient opposés avec virulence à la guerre en Irak. Cette fois, rien de cela : à Berlin comme à Paris, les nouvelles équipes dirigeantes sont considérées comme atlantistes, et clairement favorables à un rapprochement entre Europe et Etats-Unis. D'ailleurs, cette question irakienne, qui avait empoisonné les relations entre Washington et ses partenaires européens, n'est comme par enchantement pas à l'ordre du jour des grands sujets de discussion de ce nouveau sommet du G8.
Ce qui n'empêche pas les opinions publiques européenne, dans leur globalité, de tenir l'administration Bush responsable de l'actuelle situation au Moyen-Orient, a fortiori si le problème irakien s'enlise encore plus.
Un autre point d'achoppement très probable, c'est la question du déploiement d'un bouclier anti-missile en Europe. Une question sur laquelle la Russie a exposé une position ferme : depuis Moscou, ce dispositif est perçu comme une menace directe pour la sécurité russe. D'où la réaction forte du président Vladimir Poutine, qui a annoncé dans la foulée le déploiement de forces militaires russes pour faire contrepoids. Une nouvelle rivalité par ailleurs excitée par la question du Kosovo, à propos de laquelle l'opposition entre les positions de Moscou et Washington est très tranchée. Ce qui n'est pas sans inquiéter les pays européens, inquiets de ces relents de Guerre froide qui semblent déjà déboucher sur une nouvelle course aux armements. C'est d'ailleurs pourquoi certaines capitales européennes ont exprimé leurs réticences à voir se déployer en Europe de l'est un arsenal anti-missile américain. C'est là l'un des enjeux de cette tournée de George Bush : apaiser la colère de Vladimir Poutine, et regagner le soutien de l'Union européenne.
Quant au réchauffement climatique, même s'il a lancé cette idée d'un plan de réduction des gaz à effets de serre, le chef de la Maison-Blanche s'en tient au principe du droit reconnu à chaque pays de déterminer le poucentage d'émissions. Ce qui lui vaut cette critique du président de la commission européenne, José Manuel Barroso, lequel estime qu'« en tant que principal émetteur du gaz à effet de serre, il est naturel que les Etats-Unis assument une responsabilité spéciale », et qu'« ils doivent donc adopter une position plus ambitieuse ». L'Allemagne, pays hôte du sommet du G8, a elle-même critiqué le manque d'ambition du plan avancé par Bush. De quoi ajouter un peu de piment à cette tournée du président américain, qui ne saurait donc combler totalement le fossé transatlantique. |
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