Le barrage de Marwi, situé dans le nord du Soudan, est le deuxième barrage sur le Nil après celui d'Assouan, en Egypte. C'est aussi la plus importante centrale hydroélectrique du Soudan, et l'une des plus grandes d'Afrique. Nous allons maintenant nous rendre sur place pour voir comment se passe la construction de ce mastodonte, qui pose un nouveau jalon dans l'histoire des relations entre la Chine et le Soudan.

C'est le 20 mai 2003 qu'un consortium composé du Groupe chinois de construction hydroélectrique et de la Société des travaux hydrauliques et électriques de Chine a remporté un appel d'offre pour la construction de ce barrage de Marwi. Le consortium chinois s'est en réalité chargé du gros ?uvre. Son président, Zhou Shangmin, nous en dit un peu plus sur les caractéristiques de ce barrage :

« Le barrage de Marwi s'étend sur 11 km. C'est le plus important barrage sur le plus long fleuve du monde. Outre son intérêt en termes de production d'énergie, il apporte d'autres bénéfices au Soudan. »

Les chiffres avancés par Zhou Shangmin sont à l'image de la situation de ce barrage. Une fois achevé, il servira de réservoir à 14 milliards de mètres cube d'eau, et bénéficiera à trois millions de personnes. Sa construction mobilise par ailleurs les travailleurs locaux, puisque près de 2500 postes de travail ont été créés au total. Aujourd'hui, lorsque l'on se rend sur place, le gigantesque barrage commence à prendre corps, ses flancs se déploient progressivement entre les rives du Nil? Et autour, les infrastructures apparaissent aussi : ici une autoroute, là des écoles, un hôpital, et même un aéroport. Des petits changements qui mine de rien viennent bouleverser la vie des autochtones? C'est un peu ce qu'a vécu en direct Halid Ahamed, un ingénieur soudanais qui travaille depuis deux ans sur le barrage :

« L'achèvement du barrage va sans aucun doute changer la physionomie de toute la région. Les difficultés que nous avons rencontrées en amont sont absolument inimaginables. Depuis le début des travaux, j'ai pu voir de mes propres yeux tous ces bouleversements. Aujourd'hui, ma famille vit mieux. La superficie de terres cultivables augmente de façon continue, les transports routiers sont facilités, et nous sommes maintenant reliés à un réseau électrique, autant de choses qui rendent la vie plus confortable. Ici, nous sommes convaincus que nous aurons un meilleur avenir. »

Sur le barrage de Marwi, environ 2400 ouvriers chinois et soudanais travaillent côte à côte malgré les hautes températures, les tempêtes de sable, les passages des insectes et, pour les Chinois, le dépaysement. Mais pour ces derniers, ça vaut la peine. C'est du moins ce que nous a raconté Ou Dan, qui vient de la province du Sichuan, en Chine du sud :

« Maintenant que nous somme là, au Soudan, notre tâche est d'accomplir correctement ces travaux de construction de centrale hydroélectrique, et ainsi de mettre fin à l'isolement de cette région par rapport à l'électricité. C'est ce qui nous motive à faire ce que nous faisons. »

Il faut dire que la construction du barrage de Marwi est portée à bout de bras tant à Khartoum qu'à Beijing. C'est une réalisation emblématique de la coopération entre les deux gouvernements, et le conseiller commercial de l'ambassade de Chine au Soudan, Hao Hongshe, prédit d'ailleurs qu'une fois achevé, il pourrait jouer un rôle majeur dans le développement du Soudan. On l'écoute :

« Dans le passé, le Soudan ne comptait que 800.000 KW d'électricité, dont 700 disponibles. Or, le barrage de Marwi sera capable de fournir 1,23 millions de KW. Et une fois les travaux achevés ? c'est prévu pour la fin de 2008 -, la puissance électrique se multipliera... De quoi permettre un vrai décollage du développement du Soudan. »

Un exemple retentissant de ce sur quoi peut déboucher la coopération entre les entreprises chinoises et soudanaises. Le marché d'un côté, le développement de l'autre, chacun trouve son compte. D'ailleurs, le porte-parole du gouvernement soudanais, Bakri Mulah, ne dit pas autre chose :

« Le Barrage de Marwi est le plus grand barrage sur le Nil, et l'un des plus grands en Afrique. Sans l'aide chinoise, le Soudan n'aurait pas été capable, à lui seul, d'accomplir ces travaux gigantesques. L'histoire retiendra la contribution de la Chine dans sa construction. L'énergie électrique qu'il produira profitera non seulement au développement économique du Soudan, mais aussi à celui de ses voisins. Depuis toujours, la Chine a apporté de sérieuses contributions aux différents chantiers du Soudan. La construction de ce barrage est un prolongement de l'amitié entre la Chine et le Soudan et illustre le soutien chinois au peuple soudanais. »