La sécurité en Irak : un défi de plus en plus sérieux
2007-04-19 18:24:03 cri

Le premier ministre irakien Nuri al-Maliki a annoncé mercredi, le 18 avril, que les forces de l'ordre irakiennes assureront elles-mêmes la sécurité sur l'ensemble du territoire à la fin de l'année.

Ce qui est inquiétant, c'est que quelques heures après cette annonce, quatre attentats se sont produits à Bagdad, causant la mort d'environ 200 personnes et faisant plus de 250 blessés. Il s'agit de la série d'attentats la plus meurtrière jamais enregistrée depuis la mise en oeuvre du nouveau plan de sécurité par l'armée américaine et les forces de l'ordre irakiennes en février.

Selon la presse irakienne, un attentat à la voiture piégée a eu lieu dans un marché à Al-Sadriya, un secteur à majorité chiite. 118 personnes ont trouvé la mort et 139 autres ont été blessées. Il est évident que ces actions ont été minutieusement préméditées et coordonnées, et que les auteurs ont bien choisi le moment, quelques heures seulement après l'annonce du premier ministre irakien.

Des témoins oculaires ont raconté des scènes macabres avec des cadavres gisant partout, et plusieurs personnes brûlées vives dans des minibus. Sur les lieux de l'explosion, un homme qui ne pouvait plus contenir son indignation criait : « Où est-il Maliki ? Qu'il vienne ici pour voir ce qui s'est passé ».

Depuis le mois de février, conformément au plan de l'administration Bush sur l'envoi de troupes supplémentaires en Irak, plusieurs milliers de soldats américains et des forces irakiennes avaient été déployés à Bagdad, en renforts, pour assurer la sécurité de la capitale, juguler les conflits communautaires et les actes de violences? Mais ces efforts apparaissent bien vains maintenant. Ces attentats illustrent à nouveau combien le gouvernement irakien de Nuri al-Maliki est confronté à un défi extrêmement sérieux en ce qui concerne la restauration de la paix et de la sécurité en Irak. Ceci est essentiellement dû aux raisons suivantes :

Primo : Les attentats et autres actes de violence exacerberont les tensions et entraîneront des actes de vengeance entre les différentes factions religieuses, ce qui privera le gouvernement Maliki de toute confiance. L'attentat du 18 avril visait évidemment la communauté chiite. Il est attribué à Al Quaeda. L'Armée Mahdi, le bras militaire des extrémistes chiites commandée par Moqtada al-Sadr, gardait profil bas depuis un certain temps, depuis notamment les opérations de frappe sévère, connues sous le nom de code « Loi et ordre », lancées par l'armée américaine et les troupes gouvernementales irakiennes en février dernier. Il est peu probable que l'armée Mahdi ne réagisse pas à cet attentat, et qu'elle ne déclenche pas très probablement une nouvelle série d'actes en représailles. Si ce cycle vicieux se poursuivait, la situation sécuritaire risquerait de déraper et deviendrait quasiment incontrôlable.

Aussi, le gouvernement Maliki serait-il discrédité si ses efforts en matière de lutte contre les violences intercommunautaires, de rapprochement des différentes factions et de garantie de l'ordre public restaient infructueux.

Secundo : Depuis la dissolution de l'armée de l'ancien régime de Saddam Hussein en 2003, les troupes de la coalition, essentiellement composées par les militaires américains, ont réarmé les forces irakiennes. Elles ont pris en charge leur entraînement, le commandement des opérations et la collecte des renseignements. Cependant, cette nouvelle série d'attentats prouve de nouveau que les forces irakiennes, qui dépendent dans une large mesure du soutien de l'armée américaine, ne sont pas encore en mesure d'assumer la responsabilité du maintien de la sécurité à l'intérieur du pays. Dans cette situation, le gouvernement Maliki se voit obligé de réexaminer les moyens de redresser cette situation.

Tertio : Le gouvernement Maliki court le risque de l'isolement au sein même de son pays en raison de sa position sur le retrait des troupes américaines, dans le sillage de l'administration Bush. Ces nouveaux attentats visant la communauté chiite accentueront le mécontentement des chiites contre le gouvernement. Et sans le soutien des chiites, le gouvernement perd toute crédibilité et tout pouvoir sur le pays.

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