Pourquoi l'entrevue israélo-palestinienne à Jérusalem n'a-t-elle pas abordé les problèmes essentiels ?
2007-04-16 19:24:42 cri
Le premier ministre israélien Ehud Olmert et le président de l'Autorité nationale palestinienne Mahmoud Abbas se sont rencontrés le 15 avril à Jérusalem pour la première fois depuis l'établissement officiel du mécanisme de rencontres régulières. Durant cette entrevue, les deux parties ont principalement discuté de problèmes de sécurité et de l'assouplissement des restrictions pesant sur la vie quotidienne des Palestiniens. Mais, les problèmes essentiels comme les frontières du futur Etat Palestinien et le cas de Jérusalem, le retour des réfugiés, n'ont pas été abordés.

Cela est dû en grande partie au fait que Ehud Olmert ne voulait pas le faire. Il avait déclaré avant même l'entrevue qu'il ne discuterait pas de ces problèmes avec Mahmoud Abbas. Des analystes ont estimé que Ehud Olmert a agi de la sorte pour les raisons suivantes :

Premièrement, Israël a toujours souligné que les discussions sur les problèmes clefs que sont les frontières définitives, le statut de Jérusalem et le retour des réfugiés ne seraient possibles que quand les Palestiniens accepteront les trois conditions avancées par le quartet du problème du Moyen-Orient à savoir la reconnaissance d'Israël, l'abandon de la violence, l'acceptation des accords déjà signés.

Or, le gouvernement d'union nationale créé le mois dernier persiste, dans son programme politique, à ne pas reconnaître Israël et à continuer à considérer la résistance violente à Israël comme légitime pour la population palestinienne. Dans une telle situation, si Ehud Olmert abordait avec M. Abbas les problèmes clefs, nul doute qu'il serait vivement attaqué par ses adversaires politiques.

Deuxièmement, cette absence de discussion sur ces sujets est aussi due à l' « initiative de paix arabe » à laquelle les différentes parties accordent une grande attention. Le Sommet de Riyad de la Ligue arabe du 28 mars dernier a avancé l'idée de relancer l'« initiative de paix arabe ».

Après le sommet, les différentes parties concernées ont émis, à l'issue des contacts préliminaires, une autre idée selon laquelle lors de la réunion ministérielle de la Ligue arabe qui se tiendra le 18 avril en Egypte, un groupe de travail chargé de soutenir cette initiative serait nommé. Ce groupe de travail engagerait alors un dialogue avec Israël pour parvenir, par des contacts et des consultations à l'objectif de l'« échange terre contre la paix ». Le gouvernement israélien estime l'idée honorable et a affirmé qu'il y réfléchira parce que ce dialogue ne touche pas seulement aux intérêts palestiniens. Mais cela va demander du temps. A la fois pour accepter cette idée, puis pour prendre la décision d'engager un dialogue plus ou moins approfondi avec les Palestiniens.

Bien sûr, le fait que les deux hommes n'aient pas abordé le problème de Jérusalem est aussi dû à l'attitude de Mahmoud Abbas. Avant le voyage du président de l'Autorité palestinienne à Jérusalem, un membre de sa suite avait révélé que ce voyage visait principalement à résoudre des problèmes de sécurité et d'aide économique, deux sujets auxquels les Palestiniens accordent pour le moment une grande attention. Il faut savoir que, depuis sa création, le gouvernement d'union nationale palestinien n'a pas accédé aux principales exigences formulées par le quartet du problème de Moyen-Orient. Du coup les pays occidentaux n'ont pas rétabli leurs aides directes au gouvernement palestinien. Les conditions de vie des Palestiniens se détériorent et des grêves éclatent régulièrement en raison du non versement des salaires. En outre, même si les violences en Palestine ont diminué depuis la création du gouvernement d'union nationale, ils n'ont pas disparu. Dans cette situation, Mahmoud Abbas a besoin d'urgence de la coopération d'Israël pour atténuer la crise actuelle.

C'est sans doute pour cela que les deux hommes ont préféré discuter de problèmes concrets plutôt que de perdre leur temps dans des discussions sur des problèmes dont on ne voit pas encore la fin.

Mahmoud Abbas a affirmé lors de cette entrevue qu'il déploiera les troupes de sécurité palestiniennes dans la bande de Gaza et dans la région frontalière entre Gaza et l'Egypte pour empêcher des éléments armés palestiniens de faire le trafic d'armes à partir de l'Egypte vers la bande de Gaza, et de lancer des roquettes sur Israël. Ehud Olmert pour sa part s'est engagé à fermer davantage de check point israéliens en Cisjordanie et à élargir les horaires du terminal portuaire de Karni sur la bande de Gaza afin de faciliter la circulation des marchandises palestiniennes et le transport de l'aide humanitaire.

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